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En entrevue avec Noovo Info, le ministre de l’Environnement justifie pourquoi le fédéral ne conduira pas d'évaluation environnementale.
Alors que de nombreux écologistes craignent l’impact de la construction de la giga-usine de composantes de batteries électriques Northvolt, le ministre fédéral de l’Environnement affirme qu’il faut relativiser les choses.
Dans une entrevue avec Noovo Info, Steven Guilbeault affirme que peu importe le projet, il y aura un impact sur la biodiversité, puis justifie pourquoi son gouvernement ne lance pas d’évaluation environnementale du projet.
«En tant qu’humain, il n’y a à peu près rien qu’on peut faire qui n’a pas d’impact sur l’environnement. Tout ce qu’on fait a un impact sur l’environnement en tant qu’espèce», a-t-il confié au journaliste Étienne Fortin-Gauthier dans un bilan de fin d'année 2023.
«Faire des éoliennes a des impacts sur l’environnement, faire du transport en commun a des impacts, faire des vélos a des impacts. Mais si on prend un vélo plutôt qu’une voiture, il y a des gains importants», a-t-il soutenu. «Notre rôle, c’est de travailler le plus fort possible à réduire au maximum les impacts des gestes qu’on pose», dit-il.
Le site naturel qui sera détruit pour construire Northvolt compte 74 milieux humides, dont huit étang, 19 marais et 47 marécages arborescents, révélait Le Devoir, qui a pu consulter un rapport d’inventaire réalisé par la firme CIMA+.
Un autre site aurait-il pu être choisi? «C’est difficile, car de vastes terrains où on peut construire ce genre d’usine-là et où on retrouve aucune biodiversité [il n’y en a pas], même dans le désert il y a de la biodiversité», réplique Steven Guilbeault.
À la mi-novembre, des écologistes ont publié une lettre ouverte disant s'inquiéter pour la faune et la flore du site de Northvolt. «Nous, scientifiques, spécialistes et parties prenantes du secteur de la recherche en biodiversité, appuyés par des experts du climat, nous inquiétons du manque d’informations, de transparence et de rigueur scientifique qui entoure le projet Northvolt. Le site ciblé pour la construction de la giga-usine de Northvolt est un refuge pour la biodiversité, exempt d’occupation humaine.»
Pour les 130 signataires, il n'y a pas de doute: le site de Northvolt regroupe un tas d'espèces vivantes qui doivent être protégées. «On y trouve l’un des derniers milieux humides de la région, qui abrite de nombreuses espèces fauniques, dont huit sont menacées et légalement protégées, comme les hirondelles de rivage dont la population a chuté de 99% entre 1970 et 2019. Pourquoi le développement économique et la lutte contre la crise climatique impliquent-ils de sacrifier, sans explication, la biodiversité?»
Dans La Presse, Richard Desjardins en a rajouté le 20 décembre. Il dénonce également la timidité des groupes environnementaux à combattre le projet, l'expliquant par l'apparence écologique des projets de batteries électriques. «Ce qui nous inquiète particulièrement, c’est la réaction plus que timide des ténors de la conservation au Québec établis à Montréal, qui font généralement les manchettes quand on touche à une grenouille à Laval. Sur les sites officiels de Greenpeace, d’Équiterre, de la SNAP, de Nature Conservacy, de la Fondation privée Suzuki, du Front commun sur la transition énergétique – qui totalisent des centaines de milliers d’adhérents – on ne fait encore aucune mention du projet Northvolt… et encore moins d’un appel à la résistance.»
Le gouvernement du Québec imposera à Northvolt un Bureau d'audiences publiques sur l'environnement (BAPE) au projet Northvolt, mais seulement sur une petite portion du projet qui concerne la récupération des batteries et non leur production.
De son côté, le ministre Guilbeault a confirmé à Noovo Info que le fédéral ne lancera pas d’évaluation environnementale pour le projet Northvolt, même si ce mécanisme existe.
«Au niveau de l’évaluation d’impact fédéral il y a des critères très précis pour que l’évaluation soit déclenchée et pour le projet Northvolt ces critères ne sont pas déclenchés. C’est au gouvernement du Québec à ce moment-là de décider comment il veut faire ça et je vais pas commencer à dire au gouvernement du Québec comment faire les choses», a-t-il soutenu.
Le ministre Guilbeault n’est cependant pas fermé à exiger des compensations à Northvolt pour les dommages environnementaux liés au développement du projet. «Ce qu’il faut faire et c’est ce qu’on fait de plus en plus. On va exiger des compagnies qu’il y a ait des compensations si vous avez un impact sur la biodiversité locale», explique-t-il.
Voyez l’entrevue complète dans la vidéo.