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Voilà la grosse tendance actuellement chez nos designers québécois.
«On revient à cette conscience que nos ressources valent quelque chose. Ce qui est déjà un produit existant, on doit le réemployer au maximum de sa vie possible, donc un vieux concept, un nouveau mot».
Les créateurs n’ont toutefois pas la tâche facile. Récupérer les vêtements implique aussi de leur enlever les boutons, les fermetures éclair, les velcros et ensuite de nettoyer le tissu. Pourquoi est-ce si compliqué? Parce qu’il n’existe pas de filière de recyclage et de surcyclage des vêtements au Québec, disent les experts.
Dans l’atelier mis en place par Concertation Montréal en marge de la Semaine de la mode, nous retrouvons Anaelle Nedelec, designer chez Unel, qui est passionnée par la cause. Avec ses doigts de fée, elle a transformé une vieille écharpe trouée en une jolie tuque tendance pour l’hiver.
«On sent qu’elle a eu beaucoup d’histoires cette écharpe, la personne a essayé de la réparer, mais une fois qu’elle l’a donnée en friperie forcément eux n’ont pas pu la revendre à quelqu’un donc ils sont obligés de la mettre à la poubelle au final parce qu’elle a quand même des trous» explique-t-elle.
Cette écharpe usée est loin seule à être abandonnée aux déchets ou à l’exportation aux pays plus pauvres à travers le monde. Près de 133 000 tonnes de vêtements sont revendues en friperies chaque année au Québec, selon Marianne Coquelicot, qui a mené l’étude MUTREC sur le sujet. 133 000 tonnes est l’équivalent d’un troupeau de 25 000 éléphants.
«La portion de vêtements recyclés pour refaire un vêtement, c’est seulement 1%. On utilise des matériaux neufs et quand ou si on utilise des matières recyclées on les importe», élabore-t-elle.
Elle précise qu’il manque deux morceaux importants du casse-tête au Québec pour qu’une réelle filière recyclage et surcyclage soit mise de l’avant.
«Il manque les manufactures qui décident de faire le recyclage elles-mêmes et qui font ce qu’on appelle le défibrage qui permet de prendre un tissu et de le retourner à l’état de fibre.»
Mais avant cette étape, les vêtements doivent aussi être «conditionnés». Autrement dit, on doit leur retirer tous les éléments non-textiles comme les fermetures-éclair, les boutons, les velcros, etc.
Depuis le début de l’année, la France applique une loi anti-gaspillage sur les vêtements. À compter du 1er octobre, les Français recevront des bonus s’ils font réparer leurs vêtements et leurs chaussures.
«On n’est pas rendus là» pense l’experte qui croit qu’on devrait prendre exemple sur la France.
En attendant, le designer surcycleur Julien Arphi de l’atelier DNHN continue de travailler fort pour créer à la hauteur de ses attentes et de celles de ses clients. Il peut se servir de votre vieille doudou pour vous confectionner un manteau réversible sur mesure.
La pièce qu’il nous fait essayer a été fabriquée à partir d’une couverture de laine tissée et de tissu qu’il a déniché dans un Surplus de l’armée. Il a consacré des heures, entre autres pour s’assurer de bien nettoyer la couverture. Il vend le fabuleux manteau 750 dollars.
«Quand on voir des créateurs japonais c’est deux à trois fois le prix pour un produit similaire. Après il faut aussi éduquer avec le côté responsable et dire voilà cette pièce est unique ou tu peux faire ton produit propre à toi avec ton identité, mais ça va coûter tant.»