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La démission d’Horacio Arruda à la direction de la santé publique nationale, lundi soir, ne semble avoir surpris personne.
«Dans les dernières semaines, on a très bien senti qu’il y avait un effritement de la confiance entre le public et le Dr Arruda. Oui, je pense que ce départ était inévitable», a commenté Victor Henriquez, spécialiste en relations publiques, mardi au bulletin Le Fil 17h sur les ondes de Noovo Info.
Pour le premier ministre François Legault, il y avait plus d’avantages à laisser aller le Dr Arruda qu’à le garder à la tête de la santé publique, pense notre analyste. Quant à savoir la raison principale de ce départ, il estime que c’est plutôt un «cumul de choses» : l’utilisation des masques par la population en général, les masques N95 par les professionnels de la santé, le retard dans l’administration de la troisième dose, notamment.
«Lorsqu’on est traité par un médecin et qu’on n’a plus confiance, on a besoin d’un deuxième avis, c’est ce que François Legault est allé chercher», a expliqué Victor Henriquez.
Habitué à vulgariser l’actualité scientifique et médicale dans son quotidien, le Dr Alain Vadeboncoeur trouvait que les messages du Dr Arruda étaient de plus en plus difficiles à faire passer, parce que «plus complexes».
«Il faut comprendre que c’était probablement l’une des jobs les plus difficiles d’être dans une crise qui s’éternise, d’être au front, a rappelé le Dr Vadeboncoeur. Ce n’est pas un élu, le Dr Arruda, il n’était pas là pour être à la télévision à tous les jours et à être pris entre la volonté politique et la volonté de la santé publique. Ce n’était pas facile, mais je pense que le message perdait de sa clarté, ce qui entraine une perte de confiance.»
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Paru mardi matin, un sondage Léger mesurant la satisfaction du public face aux mesures sanitaires en dit long sur cette perte de confiance. Le 2 août, 81 % des répondants disaient appuyer les mesures décrétées par Québec. Le 8 novembre, ce nombre a baissé à 79 %, pour finalement chuter à 65 % lundi, le 10 janvier.
«Ce que le sondage nous dit, c’est qu’aujourd’hui, un changement de ton est nécessaire [à la santé publique], de même qu’un changement dans le paradigme de la relation. Les Québécois ont suivi les mesures sanitaires et se demandent comment ça se fait qu’encore aujourd’hui, on est obligé d’avoir un couvre-feu, par exemple. Alors c’est ça qui nous amène à un pourcentage qui est plus bas, mais qui est encore au-dessus de 60 % quand même».
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Le nouveau directeur national de la santé publique, le Dr Luc Boileau, contraste avec le Dr Arruda de par sa personnalité «plus posée et plus calme». Il n’a même pas hésité à avouer publiquement ne pas posséder la réponse à une question d’un journaliste, relève Alain Vadebonceoeur. Reste à savoir s’il réussira à démontrer une indépendance de la santé publique vis-à-vis du gouvernement.
Victor Henriquez souligne que le Dr Boileau est plus cartésien que son prédécesseur, ce qui permettra de «franchir une nouvelle étape avec quelqu’un de différent.»
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L’idée d’imposer une «contribution» financière aux personnes non vaccinées en guise de compensation des frais qu’elles font encourir au système de santé ressemble davantage au fonctionnement d’une assurance privée, soutient le Dr Vadeboncoeur.
«J’admets que j’ai été étonné par l’annonce et j’y ai réfléchi tout l’après-midi. Je pense qu’il y a un risque dans une mesure comme celle-là, un risque d’associer une mesure individuelle qui est la non vaccination à une contribution pour le système de santé et ça c’est un précédent - un précédent à mon avis qui peut être dangereux, parce qu’on pourrait associer d’autres risques à ce type de contribution. […] On ouvre une porte dont on ne mesure pas toutes les conséquences.»
Pour Victor Henriquez, cette mesure est un message sans équivoque : on amène une «mesure forte» pour marquer le changement de ton autour de la table.