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Situé dans un quartier résidentiel, le Refuge le Château réhabilite des centaines d’animaux orphelins chaque année, et fait tout son possible pour rester des plus discrets. Or, la semaine dernière, un huissier a remis au propriétaire une mise en demeure de la municipalité à la suite d’une plainte reçue du public pour «nuisance».
Claudie Daniel est bénévole au Refuge depuis quelques années et s’indigne de la lettre envoyée par la Ville de Sherbrooke.
Voyez le reportage de Dominique Côté dans la vidéo.
«La première chose, c'était que nos bébés ratons laveurs faisaient trop de bruit quand venait le temps de biberonner, donc que ça dérangeait le voisinage», explique-t-elle.
De plus, pour que le refuge soit considéré comme légal, il faudrait qu’il se trouve dans une zone industrielle. Or, il est le seul refuge à Sherbrooke à détenir un permis émis par le ministère de la Faune, et qui prend à charge les animaux sauvages dans le besoin.
«Ça fait plusieurs années qu'on fait ça et personne ne s'en est rendu compte. Nous, ce qu'on demande à la Ville, c'est un amendement ou une dérogation à cette loi-là. Ça s'est déjà fait dans d'autres municipalités pour d'autres refuges.»
Le propriétaire Martin Provost ne s’explique pas la sévérité de la Ville après une seule plainte. Après avoir reçu la visite d’un inspecteur en bâtiment, on lui a signifié qu’il devait retirer les cages à l’extérieur et les bols de nourriture se trouvant sur le balcon dans un délai de cinq jours, sous peine de devoir payer 2000 dollars d’amende par jour.
«On n'a pas le choix de sauver les animaux. Qui va les sauver si on n’est pas là? Il n'y a personne d'autre à Sherbrooke qui a un permis légal de la Faune pour faire ce genre de sauvetage-là», martèle M. Provost.
Pour démontrer aux élus que le bruit émis par les bébés ratons laveurs ne dérangeait pas le voisinage, des bénévoles du refuge ont fait du porte-à-porte dans plusieurs rues avoisinantes pour recueillir des signatures.
«On a fait signer une pétition pour prouver qu'on n'avait pas de nuisance sonore ou visuelle. Environ 99% des gens ne savaient même pas qu'on avait un petit refuge ici», indique Mme Daniel.
Le Refuge le Château a obtenu l’autorisation du ministère de la Faune il y a environ quatre ans. Seule une plainte citoyenne aura toutefois suffi pour que la Ville émette cette mise en demeure.
«C'est deux juridictions différentes. Il y a le provincial et le municipal. Le ministère provincial nous amène des animaux pour les réhabiliter, mais la Ville ne l'autorise pas.»
En effet, il arrive que des agents de la Faune prennent en charge des animaux et les remettent au Refuge pour qu’il en prenne soin temporairement.
La conseillère municipale du district de Desranleau, Danielle Berthold, n’a pas souhaité commenter le dossier puisqu’il est judiciarisé. Elle a tout de même déclaré par écrit que «le règlement municipal interdit ce genre d’activité en zone résidentielle.»
Malgré cela, le Refuge le Château continue à demander à la Ville de lui accorder une dérogation afin d’éviter que les animaux se retrouvent en situation de détresse.