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Éric Goupil fait face à deux chefs d’accusation de conduite dangereuse causant des lésions, sur le bébé et le père de famille qui conduisait la poussette.
L’accident est survenu au passage pour piétons qui permet de traverser le boulevard de Portland, à l’angle de la rue Wilson.
Le poupon était âgé de cinq mois au moment de l'accident.
Les détails dans le reportage de Guillaume Cotnoir-Lacroix dans la vidéo ci-contre.
La procureure de la Couronne au dossier, Me Stéphanie Landry, a indiqué qu’elle compte faire entendre 12 témoins au cours des cinq journées de procès. Certains de ces témoins ont vu la scène se dérouler. La procureure a également confirmé que le bébé qui se trouvait dans la poussette présente des séquelles de l’accident, comme le rapportait un reportage de Radio-Canada, en février 2023.
Le père de famille et victime de l’accident a été le premier à se présenter à la barre. Il a expliqué que sa conjointe et lui étaient installés à Sherbrooke depuis environ deux ans, au moment de l’événement. Avec sa conjointe et sa fille, ils se rendaient à l’église et avaient installé leur enfant dans la poussette, avec la ceinture de sécurité.
Les noms du père et de la mère ne peuvent être dévoilés en raison d'une ordonnance de non-publication protégeant l'identité de l'enfant blessée.
En arrivant à la traverse piétonne de la rue Portland, le père de famille raconte avoir appuyé sur le bouton qui permet d’activer les «flashs» qui avertissent les automobilistes que des piétons s’apprêtent à traverser. Un premier véhicule, qui se déplace en direction du Carrefour de l’Estrie, s’immobilise dans la voie de droite. Les piétons auraient donc entamé leur traversée.
La suite a chamboulé la vie de cette jeune famille. Un autre véhicule aurait continué sa route dans la voie de gauche avant de happer de plein fouet la poussette et le père de famille. «J’ai commencé à perdre la réalité. Je me suis précipité vers l’enfant. Je sentais que je perdais mon équilibre», a-t-il témoigné, retenant des larmes.
L’enfant a été transportée en ambulance, puis transférée dans un hôpital de Montréal par la suite. Elle y a passé 3 semaines. «À son retour, elle était déjà revampée, elle était consciente», a expliqué le père. «Elle ne pouvait pas marcher ni se tenir debout. Elle a perdu beaucoup», a-t-il toutefois ajouté.
L’avocat de la défense, Me Christian Raymond, a posé des questions au témoin, notamment sur son trajet avant d’arriver à la traverse piétonne. Des images de la scène lui ont été présentées. Il a aussi expliqué n’avoir jamais vu le véhicule responsable de la collision arriver vers lui.
Un témoin civil qui a croisé et suivi le véhicule d’Éric Goupil lors de ce matin d’août 2022 a pris la barre avec une grande assurance, lundi matin. Marc-André Lacasse a qualifié la conduite d’Éric Goupil «d'erratique, ou d'agressive». Le premier contact entre les deux véhicules est survenu au coin de la rue Papineau et la 10e Avenue, dans l’Est de Sherbrooke.
«La première chose que je vois, c’est une auto derrière moi. Je ne vois pas les phares. Je ressens tout de suite une certaine pression d’aller plus vite», a-t-il décrit. En poursuivant sa route, le témoin, accompagné de sa conjointe, tourne sur la rue Saint-Michel, suivis par le Suzuki SX4 gris. «Encore une fois, je ne voyais aucunement les phares du char en arrière. Donc il était collé sur moi. J’ai donné un coup de break. La pression était rendue forte, je le sentais», a-t-il décrit.
Selon M. Lacasse, le véhicule Suzuki l’aurait ensuite dépassé, puis il l’aurait perdu de vue. Les deux véhicules se sont toutefois retrouvés sur le pont Terrill quelques instants plus tard, cette fois avec le véhicule du témoin à l’arrière. À un certain moment, alors que la rue devient le boulevard Portland, le Suzuki aurait débuté des manœuvres avec un autre véhicule de marque Audi. «C’était une conduite… le seul mot que je trouve c’est, on dirait, combat de coqs», a décrit le témoin.
Pour lui, ces deux véhicules ont atteint des vitesses «aux alentours de 70, potentiellement 80km/h», a-t-il estimé. Qu’en était-il alors du véhicule Suzuki ?
«Beaucoup d’agressivité. Aussitôt qu’il y avait une auto en avant de lui, il cherchait à aller au devant de file», a décrit M. Lacasse.
Plusieurs feux rouges se trouvent aux abords de l’école Montcalm. À un certain moment, l’un de ces feux passe du rouge au vert. À ce moment, «il y a une bonne accélération qui a été faite», a estimé le témoin.
Le véhicule du témoin a ensuite perdu de vue le véhicule Suzuki, présumément conduit par Éric Goupil. À leur arrivée à la traverse piétonne, la collision avait déjà eu lieu.
«Les lumières de piéton étaient déjà en fonction et j’ai remarqué tout de suite la poussette au loin», a raconté M. Lacasse. Furieuse, sa conjointe serait immédiatement sortie de son véhicule pour enguirlander le conducteur du véhicule Suzuki.
«Ma conjointe, c’était inacceptable pour elle. Elle s’est levée et a tout de suite été confronter le conducteur pour lui dire des mots pas très gentils», a poursuivi M. Lacasse.
Sa conjointe, Corinne Morin, qui se trouvait avec lui, a aussi raconté sa version des faits, en présentant un récit quasi identique à celui de son conjoint. Elle a souvenir de son regard qui croise le Suzuki près du Domaine Howard. «Il faisait du gauche, droite, gauche, droite. Dans ma tête c’était pour gagner de la distance le plus vite qu’il pouvait», a-t-elle souligné.
Elle a confirmé la discussion qu’elle a eue avec son conjoint, quelques instants avant la collision.
«Je souhaitais un ticket, mais je ne souhaitais pas un accident à personne. Je suis émotive parce que j’ai un enfant moi aussi», a-t-elle indiqué au juge Gagnon, retenant des sanglots.
Visiblement encore secouée par les événements, Mme Morin a affirmé son conjoint a aperçu l’accident en premier, alors qu’ils se trouvaient en haut de la côte, sur Portland.
«J’ai débarqué du char. Quand je suis arrivée, je l’ai tout de suite vu sur le terre-plein. Il se prenait la tête. Je l’ai engueulé», a-t-elle raconté. Il ne me reconnaissait pas. J’ai probablement été une banalité dans son trajet», a poursuivi Mme Morin. Elle aurait finalement été contenue par son conjoint et par une policière.
Un reconstitutionniste et un mécanicien doivent aussi être appelés à la barre.