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Pourquoi tant de répondants – au nombre de 7300 – de cette étude commencée en 2019 voient-ils l’herbe plus verte ailleurs que dans leur domaine?
«Ce qui est le plus préoccupant à mon sens, c'est vraiment ce qu'on a vu au niveau de la capacité à aller chercher de l'aide chez les professionnels du droit», a commenté Mme Cadieux en entrevue avec Noovo Info. «On a observé malheureusement une proportion très importante de personnes qui, malgré le fait qu'elles ont ressenti le besoin d'aller chercher de l'aide, n’y sont pas allé.»
Selon la professeure Cadieux, les praticiens en droit sont exposés à «cocktail explosif» de conditions de travail: «une charge de travail oppressante, des longues heures de travail» et «un climat de compétition dans le secteur privé» avec «des objectifs facturables très, très difficiles à atteindre dans certains cas».
Le Barreau du Québec a participé à la recherche de la professeure Cadieux et n'est pas étonnée des résultats.
«Malheureusement, on n'est pas surpris, mais c'est un constat qui est triste à voir parce qu’on se rend compte qu'il y a une lourdeur, une charge mentale énorme qui semble ne pas quitter la majorité de nos membres, même une fois qu'ils sont avec leur famille, leurs enfants», constate Me Catherine Claveau, bâtonnière du Québec.
Pas facile de convaincre tout le monde, en effet, «surtout ceux qui sont dans des cabinets privés», déplore Me Claveau.
La détresse psychologique est aussi bien présente chez les jeunes diplômés: 30 % des juristes ayant moins de dix années d'expérience ont dit regretter leur choix de carrière. Ces données ont «alarmé» le Jeune Barreau de Montréal, dont Marie Flambard est la présidente.
«C'est pas joli, joli», a lâché Me Flambard en entrevue avec Noovo Info. «On parle beaucoup donc de détresse psychologique; on parle beaucoup de malades de tentatives de suicide – on va dire les choses telles qu’elles sont.»
Selon Me Flambard, il faut mettre un frein à la «stigmatisation», ce qui pourrait éliminer ce qui est perçu comme des «tabous» dans le milieu. «C’est un de nos objectifs», dit la présidente du Jeune Barreau de Montréal.
L’auteure de la recherche, la professeure Cadieux, se dit «très encouragée» d’une centaine de mesures répertoriées pour la santé psychologique en droit au Canada, mais les intervenants du milieu s'entendent pour dire qu'il reste beaucoup de travail à faire.