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Les résidents du secteur n’apprécient pas cette situation et avaient déjà fait savoir leur mécontentement lors du démarrage du projet en 2023. Lionel Carmant blâme la Maison Benoît-Labre, qui a ouvert trop tôt selon lui, ce qui fait sourciller la direction du centre, qui affirme avoir justement subi de la pression pour ouvrir plus vite.
«On a eu des enjeux avec l'ouverture sur [l'avenue] Atwater, ce qui fait que les gens passent par en arrière et les gens ont tendance à s'accumuler dans le petit parc qui est là», a dit le ministre responsable des Services sociaux à Noovo Info en entrevue à l’Assemblée nationale, jeudi.
«Je trouve ça dommage parce que c'est loin de la réalité», rétorque Andréane Désilets, directrice générale de la Maison Benoît-Labre.
«On a eu énormément de pression. J’invite M. Carmant à avoir ces discussions-là au sein de ces équipes qui font la gestion des fonds pour peut-être changer de ton.»
«On est en train de faire les vérifications», affirme pourtant M. Carmant. «Moi, je n’ai jamais demandé d'ouvrir de façon précipitée. Jamais. »
L'organisme a assuré à Noovo Info que, dès vendredi, l'entrée du centre allait être située sur Atwater.
Mais, peut-être faut-il en savoir plus sur les activités de ce centre avant d’entretenir une perception négative à ce sujet? L'organisme communautaire a ouvert ses portes à Noovo Info de façon exclusive pour montrer quels sont réellement les services offerts.
À la base, la Maison Benoit-Labre est destinée aux sans-abri. Sa mission est donc différente d’autres centres comme le Cactus, souligne le membre du personnel John Wishart. «Si on peut activement les sauver, c'est ici. C'est fait pour ça», dit-il.
Le projet de la Maison Benoît-Labre propose un concept qu’on dit novateur, car il intègre un ensemble de services communautaires et de proximité pour les populations vulnérables du secteur, dont un centre de jour ouvert en tout temps, des logements transitoires et deux cubicules de consommation supervisée. Les usagers peuvent consommer par injection, inhalation ou ingestion selon leur besoin. Il s'agit d'un premier centre de consommation supervisée dans ce secteur de la métropole, mais surtout d'une première ressource offrant l'inhalation supervisée à Montréal.
«Si quelqu'un qui veut venir consommer à ce centre de consommation supervisée de Montréal, il arrive avec sa propre drogue», affirme Chloé Lavarenne-Nantelle, collègue de John Wishart.
«Ce n’est pas juste pour des consommateurs de drogues», insiste Chloé Lavarenne-Nantelle.
«Il y a des personnes ici qui ont eu des appartements toute leur vie. Là, avec la crise du logement, ils se retrouvent dans la rue.»
«Ils m’ont sauvé la vie», affirme un usager du centre à Noovo Info sur place. Mike McInnis y trouve un endroit où il peut enfin avoir de l’aide.
«Ce n’est pas normal, mais c’est normal», dit-il, pince-sans-rire. «J’ai mes médications, tout ce dont j’ai besoin, du manger. Je peux aller aux toilettes quand je veux.»
Mais, quand Mike tourne son regard à travers la fenêtre, il aperçoit une affiche sur une rampe. «C’est non au centre d’inhalation et d’injection de la Maison Benoît-Labre», lit-on sur cette affiche. «Pas dans ma cour d’école, pas de crack, de fentanyl et de crystal meth à quelques pieds de nos enfants.»
«Ils ne savent pas, c’est ça l’affaire», déplore Mike. «Quand les médias viennent ici, c’est toujours contre nous. Jamais personne ne vient ici pour nous aider. La plupart du monde ne veut rien savoir.»
Pourtant, Mike est là pour le prouver, le centre sauve des vies. «Même s’ils ne sauvent qu’une vie, ça compte», pense-t-il.
«Il n’y a personne qui est couché à terre, tout sale. Des personnes comme nous, on a besoin d’aide, c’est toute.»