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Certains membres de ce groupe souverainiste identitaire – qui affirme sans détour mener un «séparatisme de combat» – sont aussi actifs au cœur même de ces formations politiques.
Joint par Noovo Info, le Bloc québécois a confirmé qu'Émile Coderre est membre de l'exécutif de Drummond du parti.
«Selon nos informations, il n’y a pas d’autres membres de ce groupe au sein des autres exécutifs du Bloc», affirme par écrit un porte-parole du parti.
En entrevue, Émile Coderre s'est d'ailleurs porté à la défense de Nouvelle Alliance, affirmant, comme les autres militants, que le groupe n'est pas extrémiste. «Les souverainistes qui nous accusent d’être fascistes ne nous ont jamais parlé et ne nous ont même jamais lus», croit-il.
Si des gens pouvant être associés à un mouvement d’extrême droite assistent aux événements de Nouvelle Alliance, le groupe s’en dissocie. Il nie d'ailleurs s’inspirer du Rassemblement national en France ou de tout mouvement d’extrême droite.
«Quand on fait des événements publics, on s’attend à ce que toutes sortes de gens y viennent. Maintenant, nous, on ne se retrouve pas dans cette mouvance», explique François Gervais, président de Nouvelle Alliance.
Malgré tout, dans les cercles souverainistes, la simple mention de Nouvelle Alliance crée le malaise.
Louis-Philippe Sauvé, député bloquiste de LaSalle-Émard-Verdun, affirme avoir déjà eu affaire avec Nouvelle Alliance et ne pas avoir apprécié son expérience. Il considère que le groupe identitaire est nuisible aux partis souverainistes.
«[Ils sont] très à droite, pour ne pas dire d’extrême droite. Il [le groupe Nouvelle Alliance] n’a pas sa place dans le mouvement indépendantiste, [ses membres] ont une tendance à radicaliser les jeunes et à ramener le mouvement indépendantiste vers une forme de nationalisme qui est dépassé […] », a-t-il partagé.
À voir aussi : Nouvelle Alliance: quand le mouvement souverainiste flirte avec l’«extrême droite»
Différentes photos montrent aussi des membres de Nouvelle Alliance dans des activités du Parti québécois.
David Morin, cotitulaire de la Chaire UNESCO en prévention de la radicalisation et de l'extrémisme violents explique que Nouvelle Alliance base l'une de ses stratégies sur l'entrisme. Cette technique d'influence vise à«essayer d’entrer dans des mouvements ou des partis indépendantistes en essayant dans une certaine mesure de rendre leurs propos un peu plus acceptables», explique-t-il.
Interrogé au sujet du fait que certains membres du PQ étaient possiblement membres de Nouvelle Alliance, le chef péquiste, Paul St-Pierre Plamondon, affirme qu'il y a une ligne à ne pas franchir.
«Je n’ai pas de FBI ou de CIA pour faire une enquête sur chaque personne qui prend sa carte de membre [du PQ ] et qui participe, mais ce qu’on a c’est un code d’éthique qui notamment rend impossible le discours haineux dans nos instances, sinon il y a des sanctions. Mais d’accueillir des gens très, très à gauche ou très, très à droite, s’ils respectent le code d’éthique que nous on s’est fixé, nous on contrôle notre organisation», a-t-il affirmé, soulignant aussi que «la démocratie se fait avec tous les gens».
Cette position du Parti québécois soulève toutefois certaines interrogations.
«Si le Parti québécois veut par exemple dénoncer Québec solidaire comme étant trop radical et étant une bande de wokes, il faudrait qu’il explique pourquoi dans ses organisations, dans ses congrès jeunesse, dans des comités du Parti québécois vous avez des membres de Nouvelle Alliance qui ont des positions si intransigeantes, si intolérantes et si radicales», a souligné Francis Dupuis-Déri, professeur au département des sciences politiques de l’UQAM.
La vision et les méthodes de Nouvelle Alliance déplaisent aussi à certains militants souverainistes. L’été dernier un jeune a pris la parole lors d’un événement de la Société Saint-Jean-Baptiste pour mettre le mouvement souverainiste en garde contre Nouvelle Alliance.
«Vous n’êtes pas les bienvenus. Vous n’êtes pas nos alliés et nous ne marcherons jamais à vos côtés», avait-il alors lancé à la foule.
«Pourquoi jouer à l’aveugle comme ils voudraient qu’on le fasse? Il ne faut pas écouter la façon dont eux ils se présentent, il faut voir derrière ça, qu’est-ce qu'ils promettent vraiment comme projets? Il y avait aussi toute l’idée qu’ils utilisaient le souverainiste pour cacher des idées vieilles comme le monde, des idées nauséabondes racistes, suprémacistes […] », a ensuite expliqué Zéphyr Bielenski à Noovo Info.
Même si ses méthodes et ses idées dérangent, Nouvelle Alliance persiste et signe et compte mener encore plus d’action au cours des prochains mois.