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En entrevue avec Noovo Info, Mme Pintal a fait le bilan de son passage de 32 ans au TNM. Elle ne se voyait plus à long terme à la barre de la direction artistique du théâtre. «Si j'avais attendu que tous les dossiers se terminent, je me suis dit: t'es encore là pour trois ou quatre ans?», dit-elle. «Pour moi, c’était mission impossible.»
Mme Pintal cite d’abord un «grand besoin de liberté d’aller voir ailleurs, là où on [l’attend]» pour justifier son départ, au bout de «grandes satisfactions», «des grands bonheurs». Maintenant, elle compte répondre à de nouvelles «aspirations personnelles, professionnelles».
On sent une certaine fatigue dans la voix de celle qui a réalisé près de 150 mises en scène au cours de sa carrière – quoiqu’elle n’utilise pas ce mot directement. «Fatigue, c'est un grand mot, mais à force d'essayer de défoncer des portes, il y a un moment où tu te dis qu’il y a quelqu'un d'autre qui doit prendre la relève et qui va avoir l'énergie pour le faire.»
Où Mme Pintal dirigera-t-elle maintenant son énergie? En politique? «Je ne crois pas que je vais répondre à cette question aujourd'hui parce qu'on me l'a posée beaucoup», rétorque-t-elle. En 2014, elle avait fait une brève incursion dans cet univers en se présentant sous la bannière du Parti québécois (PQ) dans la circonscription de Verdun. Elle avait toutefois été défaite par l'ancien ministre Jacques Daoust.
«La seule chose que je peux dire, c'est que c'est comme le théâtre», illustre-t-elle. «Quand tu goûtes à la politique, c'est extrêmement difficile de ne pas vouloir y retourner. Il y a des changements profonds qu'on doit opérer dans la société, en matière de culture notamment. C'est ce que je connais de mieux et c'est clair que, pour avoir goûté à la politique et à ce lien-là avec le citoyen qui, pour moi, est devenu extrêmement vital, la politique sert le bien-être des citoyens. Du moins c'est le but.»
Imaginez Lorraine Pintal, emblème culturel du Québec en ses qualités de membre de l’Ordre du Canada et de l’Ordre national du Québec, devenir ministre de la Culture… Ce serait un beau rôle.
Mme Pintal se prête au jeu avec sa vision ambitieuse, qu’elle croit partagée par le gouvernement du premier ministre François Legault. «J'augmenterais de beaucoup le budget du Conseil des arts et des lettres du Québec», affirme-t-elle.
«C'est clair qu'il y aurait une bataille pour revaloriser l'art et la culture; reconnaître l'importance de l'art et de la culture comme service public.»
La diplômée du Conservatoire d’art dramatique de Montréal (1973) croit que le rapatriement du financement culturel ou des budgets culturels d'Ottawa à Québec «serait une des clés pour augmenter le budget culturel au Québec de la part du ministère de la Culture».
«Ce serait un geste extrêmement fort de dire: on peut avoir une autonomie culturelle au Québec, on est en droit de l'avoir.»
Si Mme Pintal ne tente pas sa chance à nouveau en politique, on peut au moins s’attendre à la lire dans un livre sur le bilan de ses trois décennies au TNM – ou plutôt, une «histoire». «C’est moi qui ai eu l’idée», sourit-elle.
«Parce que le TNM fait partie de la petite et de la grande histoire du Québec. Ç'a toujours été ça. Il y a eu des grands moments, des grandes épreuves, des polémiques et je dis souvent que c'est un voilier sur une mer agitée; ce n’est pas un paquebot sur une mer tranquille. C'est de partir d'une page blanche, puis de monter un projet, puis le voir se réaliser.»