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Il s’agit de la première phrase d’une lettre signée par une soixantaine de chefs d’urgence envoyée aux présidents-directeurs généraux des établissements de santé. Les signataires soulèvent que plusieurs décès potentiellement évitables sont survenus aux urgences tout simplement en raison d’un manque de lits d’hospitalisations disponibles.
Ces médecins demandent au réseau d’ouvrir des lits pour l’été, au lieu d’en fermer, comme c’est l’habitude pour la saison estivale.
L’urgentologue et présidente de l’Association des médecins d’urgence du Québec, Judy Morris, était de passage au bulletin Noovo Le Fil 17 animé par Michel Behrer afin de faire le point sur la situation.
«C’est sûr qu’on subit un peu l’impact des deux dernières années, explique Mme Morris. La crise du personnel, la COVID et tous les impacts qui ont frappé le réseau de la santé. Ceci étant dit, il y a une pression énorme sur le réseau, mais elle semble être vraiment centrée et la grande majorité mise sur les épaules des gens aux urgences.»
La Dre Morris ajoute que s’il manque de lits en général dans le réseau de la santé, c’est que dans les centres de soins longue durée ou en première ligne, les patients sont dirigés vers les urgences, lorsqu’il manque de place ailleurs. «Ça met une pression énorme sur nos travailleurs et sur nos patients ultimement», déplore-t-elle.
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Les signataires de la lettre soulignent que ce sont plus de 50% des civières aux urgences qui sont occupées par des patients en attente d’un lit à l’étage. Cela implique que des centaines de patients voient retarder leur prise en charge ou l’accès à un médecin.
Mme Morris explique que certains patients occupent une place en attendant de pouvoir avoir accès à des soins spécialisés, à des imageries ou des opérations. «Tout ça parce qu’il manque de lits dans les centres hospitaliers, parce qu’il y a des goulots d’étranglement partout et des patients qui sont dans des lits d’hôpital qui attendent des places dans des centres de soins longue durée», soutient-elle.
La présidente de l’Association des médecins d’urgence du Québec indique que le fait de rediriger constamment les patients vers les urgences fait en sorte que celles-ci sont parfois occupées à 150%, 180% ou même 200% de leur capacité. Cela crée un poids énorme pour les équipes en place, insiste-t-elle.
Selon la docteure Morris, une meilleure communication ainsi qu’une coordination des efforts seraient la première étape pour alléger la pression sur le réseau de la santé. «Qu’est-ce qu’on fait quand on arrive à 150%, 180%. Qu’est-ce qu’on utilise comme personnel pour mobiliser les gens, pour mieux favoriser le flow, se questionne-t-elle. Il va falloir mettre des équipes dédiées à ça, des coordonnateurs médicaux, des équipes de fluidité, pour essayer de [mieux gérer la situation] quand ça déborde.»
D’après Mme Morris, avec la venue de l’été, le manque de personnel et les vacances, des plans seront requis afin de mieux gérer les risques, «qui n’iront pas en diminuant».
«À ce point-ci, tout devrait être sur la table. Où est-ce qu’on a du personnel et où on peut mettre des patients pour rendre la situation moins dangereuse pour leurs soins, leur condition?», insiste-t-elle.
Une autre demande des signataires de la lettre est de mieux répartir la pression dans le réseau de la santé.
«Une des demandes est de dire que ce n’est pas vrai qu'on déborde à 200%. Certains autres départements disent ‘’on est plein et on ne peut pas prendre de patients à cause des règles de contrôle des infections’’», explique Mme Morris.