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Avec son récit, Jean-Philippe Denis a ajouté de nouveaux détails sordides à une histoire déjà résolument macabre.
L’ex-employé à temps partiel a raconté que des chiens passaient la journée attelés à des traîneaux, une pratique à laquelle il n’avait jamais assisté lors de ses précédents emplois dans le milieu. Selon les dires de M. Denis, l’un des responsables du chenil, Antoine Simard, ne connaissait pas ses bêtes et se montrait parfois violent envers elles.
Voyez le compte-rendu de Laurence Royer dans la vidéo liée à l'article.
«Il pouvait atteler des chiens ensemble qui ne s’entendaient pas ou ne s’occupait pas du fait que certaines chiennes étaient en chaleur. [Il donnait] de gros coups de pied pendant que le chien était attaché à sa chaîne. Le chien avait peur», a-t-il raconté.
D’après le témoignage de M. Denis, les chiens vivaient dans des installations «inadéquates et insalubres» et étaient placés trop près les uns des autres, ce qui n’était pas sans conséquence. Des reproductions non voulues et des bagarres étaient ainsi fréquentes.
Après que des vers ont été retrouvés dans les selles des animaux et aient averti leurs responsables, ceux-ci leur ont remis des vermifuges pour bovins.
Un épisode de toux chez les chiens a aussi éclaté au chenil lors du passage de M. Denis. «Des chiens toussaient tellement qu’ils vomissaient du sang dans les [sentiers]. Je suis parti après cette balade-là», a-t-il lancé.
Lors du départ de l’entreprise de M. Denis, en 2016, Expédition Mi-Loup commençait à castrer les chiens avec une méthode pour les veaux.
«Ils mettaient des élastiques sur les testicules des chiens. Ils attendaient que ça sèche et que ça tombe. Infections, les chiens s’arrachaient ça. Ils ne soignaient pas. Ça leur faisait mal, j’ai vu des chiens s’arracher leurs testicules avec leurs dents», a-t-il détaillé.
Comme son ancien collègue Lucas Lepage, Jean-Philippe Denis n’a jamais vu de vétérinaires sur les lieux.
«Les chiens blessés n’étaient jamais soignés. Une fois, un chien s’était cassé la patte dans une sortie. Le lendemain, le chien était disparu», a indiqué l’ex-employé à temps partiel.
Comme la reproduction des animaux était rarement supervisée, il arrivait souvent que des employés découvrent des «portées surprises» à leur arrivée au travail.
Malheureusement, il arrivait souvent que ceux-ci ne fassent pas long feu.
«Antoine mettait les chiens dans une chaudière et il allait les porter dans un congélateur. Des matins de grand froid, les bébés étaient déjà gelés au matin. Des fois, il laissait les bébés à la mère quelques jours, puis tout d’un coup ils n’étaient plus là», a-t-il relaté.
M. Denis a lui-même aperçu entre vingt et trente chiots morts congelés dans les congélateurs. Il a refusé d’aider à ramasser les animaux.
Ces séparations soudaines étaient particulièrement difficiles pour les mères, qui faisaient des crises lorsqu’elles se faisaient enlever leurs petits. Certaines ont même développé des infections aux mamelles, puisqu’il n’y avait plus de chiot pour boire leur lait.
Un autre ancien employé, Mathieu Lévesque, qui a travaillé pour l’entreprise de 2016 à 2020 à temps plein, a aussi témoigné.
L’expérience chez Expédition Mi-Loup a été sa première et sa dernière expérience dans une entreprise du genre. «Je n’ai jamais voulu retourner dans le domaine ensuite», a-t-il laissé tomber.
M. Lévesque a raconté que lorsque des chiens s’enfuyaient du chenil, ils étaient poursuivis en motoneige. «Les chiens revenaient blessés. Ils souffraient, criaient, il ne voulait pas se faire approcher. C’est arrivé au minimum deux fois», s’est-il souvenu.
M. Lévesque a aussi soutenu que les chiens n’étaient suivis par aucun vétérinaire. «Une fois, un chien était en train de se faire manger par des asticots qui s’étaient logés sous sa peau. Antoine Simard lui a injecté une substance… Le chien est mort dans les heures suivantes et tout son corps avait gonflé», a-t-il illustré.
À la fin de la saison, les chiens étaient évalués et une liste des chiens à abattre était dressée, a-t-il ajouté. «Antoine Simard disait que c’était des chiens de travail et que ça servait à rien d’autre.»
Le juge a été forcé d’intervenir au cours des témoignages, alors que des gens présents dans la salle lançaient des regards soutenus aux accusés. Il a rappelé qu’aucune démonstration de quelque nature que ce soit ne serait tolérée, sous peine d’expulsion.