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Les deux dernières années, pourtant, n’ont pas été de tout repos pour la jeune femme, depuis l’arrestation de Brousseau par la Sûreté du Québec (SQ), en mai 2022.
«Des fois, c’est peut-être l’incompréhension [du système]. Le sentiment d’injustice, je sais que je l’ai beaucoup vécu. J’ai beaucoup posé les mêmes questions, parce que je n’étais pas satisfaite des réponses qu’on me donnait», se remémore-t-elle.
«J’ai été vraiment chanceuse. Je suis tombée sur des avocats et des intervenants qui étaient vraiment patients et qui expliquaient bien», continue-t-elle.
Près de deux années se sont écoulées entre l’arrestation de Brousseau et l’imposition de sa sentence, le mois dernier. Pour cette jeune femme, c’est la fin d’une étape et surtout, le retrait d’un grand poids sur les épaules.
«Je me sens beaucoup mieux. Il n’y a plus de stress à chaque fois qu’une nouvelle date de cour arrive. C’est stressant pour tout le monde, c’est stressant pour la famille, pour l’entourage. Après la journée, c’est stressant aussi, parce qu’on a vécu de grosses émotions. »
Son bourreau a finalement écopé d’une peine de 10 ans d’emprisonnement et son ex-conjointe qui a aussi participé aux agressions, Véronik Cournoyer, d’une peine de deux ans à purger dans la collectivité. Quelques instants après sa sortie de la salle de cour, lors de l’imposition de la peine de Brousseau, Léa n’avait pas hésité à dire que la peine était insuffisante. Lors de l’entrevue avec Noovo Info, quelques jours plus tard, elle semblait plus sereine.
«C’est difficile [pour les victimes] pendant quoi… deux ans ? Lui, ça va être difficile pendant combien de temps ? Il va avoir quoi, 74 ans quand il va avoir le droit de me recontacter ? Ça fait du bien !», lance-t-elle, en souriant timidement.
Un parcours qui fait sourire Mélanie Lemay, cofondatrice de Québec contre les violences sexuelles. «Félicitations à cette survivante d’avoir décidé de s’exprimer, je pense que son message est porteur», applaudit-elle.
«Il n’y a pas un parcours qui est similaire, continue Mme Lemay. Il y a certaines survivantes qui vont très bien se rétablir, qui vont rebondir, prendre leur vie en main. Il y en a d’autres qui vont sentir qu’elles ont vécu une deuxième victimisation à travers le processus judiciaire», poursuit-elle.
«C’est certain que ça va dépendre d’à quel point la personne est bien entourée, qu’elle a un système familial, qu’elle a un entourage qui est présent.» - Mélanie Lemay, cofondatrice de Québec contre les violences sexuelles
Une bulle familiale tissée serrée qu’a l’occasion d’avoir Léa, malgré la fracture survenue pendant la période d’emprise de Frédérick Brousseau sur elle. Léa d'ailleurs, a toutes les caractéristiques d'une jeune femme qui «se rétablit, rebondit et prend sa vie en main».
«J'ai refait mon secondaire 5, car [Frédérick Brousseau] m'avait obligé à quitter l'école. Les études c'est super important pour moi, donc j'ai décidé d'y retourner, faire le cégep. Après ça j'ai des plans pour l'université. Je prends des cours de langues, j'adore ça. Je passe beaucoup, beaucoup de temps avec ma famille», énumère Léa.
«J'ai passé proche de mourir, bien honnêtement. J'ai repris goût à la vie, mais aussi aux petites choses de la vie que la plupart des gens n'apprécient pas», conclut-elle.