Début du contenu principal.
Pourtant, ces actions concrètes du gouvernement canadien ne semblent pas régler ou changer la situation en Haïti, selon le sociologue Frédéric Boisrond et le journaliste Etienne Côté-Paluck.
«Haïti se retrouve probablement pour la première fois — depuis la dictature — sans élu dans le pays. [...] La communauté internationale cherche à donner de la crédibilité à des gens pour pouvoir se trouver des interlocuteurs, mais tant qu’il n’y a pas d’élus, il n’y a pas d’interlocuteurs crédibles», a expliqué M. Boisrond au bulletin Noovo Le Fil Week-end.
Selon lui, le Canada aide au niveau du transport avec l'avion militaire et au niveau de la logistique. «Mais les blindés en soi ne changent rien parce que — on l'a vu précédemment — ça n’a pas changé la réalité de la force des gangs par rapport à une police qui est déjà dépassée», a précisé le sociologue.
À lire également:
«Depuis un an et demi que le gouvernement est dans des problèmes de sécurité et la seule aide, c’était quatre ou cinq véhicules [blindés]. On se demande comment le Canada peut aider mieux», a lancé M. Côté-Paluck sur nos ondes.
Rappelons que la ministre des Affaires étrangères du Canada, Mélanie Joly, a récemment annoncé de nouvelles sanctions contre deux autres membres des élites politiques haïtiennes et d'anciens politiciens.
«Si le Canada avait vraiment un leadership, les autres auraient suivi. Les États-Unis n’ont pas suivi. Le Canada n’est pas un bon élève non plus parce qu’il y a [...] un problème de cohérence entre tous ces acteurs et c'est un peu difficile de comprendre où on s’en va», a souligné M. Boisrond.
«Mais, c'est un bon coup du Canada. […] Pour l’instant, l’impact politique est immense», a indiqué M. Côté-Paluck.
En plus de l'instabilité politique et l'insécurité, le pays traverse une crise humanitaire qui touche l'ensemble de la population.
«C’est vraiment une situation qui s’est dégradée beaucoup dans les derniers mois malheureusement. Ce n’est pas une situation qu’on a vue depuis des décennies. Il y a une faim qui s’installe un peu partout. [...] Cette situation d’absence démocratique amène, en plus de l’insécurité, un contexte qui rend une économie presque morte. Il n’y a plus d’investissement, ou très peu. Il n’y a plus de programme non plus d’organisations internationales ou presque plus parce qu’ils n’arrivent pas à intervenir», a renchéri le journaliste qui habite en Haïti.
À lire aussi: Le Canada doit avoir «une nouvelle approche» d'intervention en Haïti, dit Trudeau
M. Côté-Paluck ajoute qu'il y a des problèmes de déplacements dans le pays. «On n’arrive pas à se déplacer d’une région à l’autre, surtout en partant de Port-au-Prince, à cause de ces groupes armés qui contrôlent un cercle autour de Port-au-Prince en grande partie», a-t-il raconté.
«En ce moment les gens n’ont plus d’espoir. […] Il y a vraiment un désespoir parce qu’il n’y a pas de perspective d’avenir à moyens et courts termes pour l’instant», a-t-il constaté sur le terrain.
Voyez l'entrevue intégrale avec l'animateur Meeker Guerrier au bulletin Noovo Le Fil Week-end.