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Le 19e bilan annuel des directeurs de la protection de la jeunesse dévoilé mardi sous le thème «J’aimerais vous dire» dénombre 132 632 signalements un peu partout en province au cours de l’année 2021-2022 , comparativement à 117 904 l'année précédente, ce qui représente une augmentation de 12,5 %.
Sabrina Rivet a discuté du bilan avec Nancy Audet, autrice, animatrice et enfant de la DPJ au bulletin de mardi du Noovo Le Fil 22.
En tant que marraine des enfants de la DPJ à la Fondation du Centre jeunesse de Montréal, Nancy Audet est peu surprise par le bilan de la DPJ pour 2021-2022.
«On s’attendait à une augmentation importante. La pandémie a été difficile pour les familles», exprime-t-elle.
Mme Audet dit avoir eu la chance de parler avec plusieurs intervenants sur le terrain et eux aussi sont inquiets par la situation.
«Non seulement il y a une hausse de signalements, mais il y a aussi plus de 40 000 signalements qui sont retenus où l’on craint pour la sécurité et l’intégrité des enfants. Ce qui inquiète beaucoup les intervenants ce sont aussi les cas de maltraitance grave qui touchent les petits de 0 à 5 ans. Dans la région montréalaise, c’est inquiétant et alarmant», affirme Nancy Audet.
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Le manque de famille d’accueil à travers le Québec est également un élément inquiétant pour les intervenants de la DPJ.
«On ne sait plus où mettre les petits enfants. Je vois dans les centres de réadaptation des petits garçons de 5 ans, c’est du jamais vu. Ça devrait tous nous interpeller. Ça devrait tous nous inquiéter grandement. Il va falloir agir, ça, c’est une certitude», insiste Nancy Audet.
La situation des adolescents à la DPJ est également préoccupante alors seulement 17% des jeunes de la DPJ obtiennent leur diplôme d’études secondaires contrairement à 75% dans la population québécoise.
«Il faut se demander ce que nous pouvons faire de plus pour leur permettre de sortir du système avec un diplôme. Ce sont des jeunes vulnérables, fragilisés, qui n’ont pas de réseau ni de famille et on les envoie à la rue à 18 ans. Une étude sortie hier démontre qu’un tiers des jeunes de la DPJ se retrouve à la rue, en situation d’itinérance, et ça aussi ça devrait nous préoccuper», précise Mme Audet.
Nancy Audet est d’avis qu’il faut revoir la façon de faire pour ces jeunes.
«Le problème c’est que nous avons un système dans lequel nous ne pouvons pas offrir aux jeunes ce dont ils ont besoin. C’est long à expliquer, mais quand nous avons souffert de maltraitance grave, le cerveau d’un enfant ne fonctionne pas comme les autres. Il faut adapter les méthodes d’enseignement et ce n’est pas suffisamment fait actuellement. Il faudra s’y attarder parce qu’il faut que ses enfants puissent obtenir une éducation, c’est un droit comme tous les enfants», conclut-elle.
Voyez l'entrevue complète de Nancy Audet dans la vidéo.