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Cette affirmation est le coup d’envoi d’une période de patience pour les Québécois et les Québécoises avant que Québec envisage de réduire ou d’éliminer les restrictions et les mesures sanitaires en lien avec la COVID-19.
L’animateur et journaliste Michel Bherer a discuté de la situation avec le docteur Alain Vadeboncoeur et le collaborateur de Noovo Info, Luc Ferrandez, jeudi au bulletin Le Fil 22h.
Selon le Dr Alain Vadeboncoeur, les annonces concernant la première baisse des hospitalisations au Québec nous placent sur la bonne voie pour des annonces positives.
« Une pente descendante ça ressemble un peu à ça, sauf qu’on serait au début. Ça peut encore varier. L’autre point, on l'a vu à New York, il y a eu une remontée des hospitalisations deux semaines après le début des classes, c’est un bon signe. Ça veut aussi dire qu’il y a environ 350 patients qui sont entrés à l’hôpital avec le virus, dont au moins la moitié à cause du virus. Il faut relativiser ça, mais c’est un signe encourageant à mon avis. »
Par ailleurs, le Québec ne fait pas tellement bonne figure concernant les nouveaux décès liés à la COVID-19. Selon Luc Ferrandez, Québec aurait tout intérêt à fournir des explications sur la situation.
« On s’était vanté d’être en première place pendant des mois et des mois. C’était le discours habituel du gouvernement : nous sommes en tête, ça va bien. Je trouve que le gouvernement ne nous donne pas assez d’information, on veut comprendre pourquoi. Nous sommes parmi les plus vaccinés au monde, les mesures ont été suivies ici plus qu’ailleurs, alors on voudrait avoir plus de détails. »
Le Dr Alain Vadeboncoeur estime par ailleurs qu’il y a plusieurs pistes d’explication concernant ce haut taux de décès au pays.
« Je pense que c’est d’abord la vague des cas. Les cas mènent à des hospitalisations qui donnent des décès. Il y a peut-être aussi l’effet de l’état du réseau, la capacité des soins est en ce moment à la limite, il y a peut-être un peu de ça. Quand même, il faut relativiser aussi. On est à peu près au centre des pays qui nous ressemblent. Donc oui en ce moment ça va très mal, mais il faut penser aussi que les pointes n’arrivent pas toujours au même moment. Il faut regarder les prochaines semaines aussi. »
Dès le 31 janvier, les Ontariens pourront se rassembler à dix à l’intérieur alors que les salles à manger des restaurants, les cinémas, les gymnases, par exemple, pourront rouvrir à 50% de leur capacité. L’Ontario pense pouvoir éliminer la plupart des mesures sanitaires liées à la COVID-19 en mars.
Le fait que le gouvernement du Québec n’annonce rien ici crée de la grogne, mais n’est pas nécessairement une mauvaise chose selon Luc Ferrandez.
« Ça crée un problème de mobilisation, ça crée du désarroi, on ne sait pas dans quelle direction aller. Mais on se rappelle que M. Legault a souvent joué dans ce film-là, de donner des prédictions trop optimistes, de dire que tout irait bien dans deux semaines pour voir ensuite le Québec être obligé de revenir au micro et dire : je me suis trompé. Cette fois-ci il attend une baisse des hospitalisations. Si ça se maintient pendant une semaine je suis persuadé qu’il va prendre la même direction que l’Ontario. »
Le Dr Alain Vadeboncoeur souligne que le nombre de lits disponibles au Québec entre en jeu aussi dans les décisions prises par le gouvernement Legault.
« Au Canada, en général, il n’y en a pas tant que ça et ici c’est un problème. Ce ne sont pas tous les lits qui sont "occupables" par des patients, la pénurie de personnel frappe très fort, c’est aussi un facteur important. Il y a une limitation dans la capacité de livrer des soins actuellement qui dépend beaucoup du fait qu’il y a beaucoup de personnel absent que nous avons de la difficulté à garder des lits ouverts. »
En ce qui concerne un plan ou un calendrier de déconfinement, le Dr Vadeboncoeur est prudent.
« Mon sentiment c’est que ça peut se décider n’importe quand. Donc, peut-être la semaine prochaine. Le pic des cas a l’air clairement passé. Il sera toujours le temps de dire on déconfine, avec ou sans date, personnellement j’ai mieux un modèle sans trop de dates. »
Luc Ferrandez est aussi d’avis que c’est peut-être un peu trop risqué politiquement de s’avancer avec des dates.
« On s'en rend compte que c'est le système de santé au complet qui pose problème. On a vu le premier ministre rebondir sur le rapport Castonguay en disant "il va falloir qu’on refonde le système de santé." C’est un mot très fort qu’il n'a utilisé, mais il n’a pas tort. Avant d’arriver en pandémie, 91% des lits en soins intensifs qui étaient pleins. Comment faire face à une pandémie avec aussi les problèmes de personnel et le vieillissement de la population ? »
Le Dr Alain Vadeboncoeur croit finalement qu’il reste du chemin à faire…
« Nous sommes probablement dans la pire crise du système de santé depuis sa création. Il faut se poser des questions. Il faut s’améliorer à long terme, tout un défi. »