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Mardi en fin de journée, les policiers du Service de police de Sherbrooke (SPS) ont été appelés à intervenir dans un bâtiment du centre-ville puisque des squatteurs ont été aperçus à l’intérieur.
Cet immeuble à logements est barricadé et inhabitable depuis plus d’un an en raison d’un incendie survenu en février 2023. Depuis, un second incendie a été déclenché en octobre dernier, et ce sont des squatteurs qui en étaient à l’origine. D’ailleurs, un permis de démolition a été demandé à la Ville de Sherbrooke, mais celui-ci n’a toujours pas été octroyé.
Les Services Gest-Immo sont propriétaires du bâtiment situé au coin des rue Bowen Sud et Conseil. Le président de l’entreprise, Sébastien Manseau, a été avisé mardi qu’une opération policière se déroulait à cet endroit. «Les policiers ne pouvaient pas monter. Ils ont fait appel au service incendie pour avoir un camion échelle et pour amener les policiers en hauteur», a-t-il expliqué au lendemain de l’événement.
Lorsque les agents ont atteint le troisième étage, il n'y avait plus personne. «On ne sait pas par où ils se sont sauvés… on n'a pas trouvé la brèche.»
Mais, ce n’est pas la première fois que le gestionnaire doit intervenir à cette adresse.
«Presque une fois par mois, on doit venir refaire les barricades et puis trouver un autre moyen d'empêcher les gens d'entrer, et ça, c'est aux frais des propriétaires et des investisseurs.»
En effet, seulement dans la dernière année, ce dernier estime avoir déboursé près de 50 000$ pour l’installation de panneaux de bois, l’installation de caméras et la réparation des fenêtres et des portes défoncées.
La problématique des squatteurs n’était pas telle qu’elle est devenue aujourd’hui, il y a quelques années. Selon Gabrielle Pallotta de la Table itinérance de Sherbrooke, ça fait partie des conséquences liées à la crise du logement et la hausse de l'itinérance en Estrie.
«C'est certain qu'avec une aide financière en dernier recours avec des montants alloués plus élevés, il y aurait plus de gens en situation de pauvreté qui pourraient se payer des loyers», a-t-il affirmé. Actuellement, un adulte québécois peut obtenir entre 800 et 900$ par mois, ce qui est à peine assez pour payer le prix moyen d’un loyer à Sherbrooke.
«On a beaucoup de budgets qui s'en viennent pour la construction de logements. Est-ce qu'on en aura assez pour l'accompagnement de certaines clientèles avec des problématiques particulières ?», s’est questionné M. Pallotta.
Sans défendre le phénomène du squattage, ce dernier soutient qu’«on ne peut pas dire qu'on est contre le fait que les gens tentent de se trouver un toit en ayant aucune autre solution.»
Pendant l’intervention des policiers mardi soir, Sébastien Manseau se serait fait demander pourquoi «il ne laissait pas les squatteurs tranquilles» puisque le bâtiment est abandonné.
«C'est une responsabilité civile. On doit sécuriser les lieux pour les gens qui pourraient entrer et se blesser. Par la suite, s'il arrive un incendie, c'est la sécurité des intervenants des pompiers qui est en jeu, et celle des immeubles voisins», a-t-il mentionné, avouant qu’il ne fait pas ça avec gaieté de cœur.
Pour le président des Services Gest-Immo, l'enjeu de squattage ne pourra pas être réglé tant qu'un permis de démolition n'aura pas été obtenu. L'entreprise qui possède plusieurs immeubles à Sherbrooke est d'ailleurs toujours en attente d'une réponse de la Ville à cet effet.
Voyez le reportage de Dominique Côté dans la vidéo ci-contre.