Début du contenu principal.
«On entre dans une nouvelle phase de notre plan pour renverser la tendance qu’a connue le Québec en matière d’itinérance dans les dernières années. On vise à aider les personnes au profil plus complexe, qui ont des problèmes de santé mentale, à bénéficier d’un traitement adapté à leur situation afin de leur donner les plus grandes chances possible de sortir de la rue pour de bon», a expliqué lundi Lionel Carmant via un communiqué acheminé aux médias.
Les détails dans le reportage de Véronique Dubé.
Non seulement Québec promet-il plus de lits, mais aussi «des services adaptés et continus, pendant une période de 8 à 12 semaines, par un psychiatre et équipe multidisciplinaire».
«L’idée d’envoyer des psychiatres dans les refuges a fait ses preuves dans les quelques endroits où cette approche a été testée. C’est quelque chose que l’on étend aujourd’hui à Montréal, mais que je souhaite instaurer ailleurs au Québec éventuellement», a précisé M. Carmant.
«Lorsque l’état de la personne sera stabilisé, des services d’accompagnement résidentiel lui seront offerts afin qu’elle puisse intégrer un logement et sortir de la rue définitivement», explique-t-on.
À voir également : Le refuge temporaire du CAP St-Barnabé deviendra-t-il permanent pour les personnes en situation d'itinérance à Montréal?
Pour arriver à passer «de la rue au logement», Québec étendra le déploiement des Projets de réaffiliation en itinérance et en santé mentale (PRISM), bonifiera les services de Stabilité résidentielle avec accompagnement (SRA) et améliorera la coordination des services entre le réseau de la santé et des services sociaux et divers partenaires du milieu communautaire.
Le coût de cette initiative s’élève à 4,2 millions de dollars.
«L’objectif de la bonification des services annoncée aujourd’hui [lundi] est ultimement de soigner, de ramener vers le logement et de sortir de la rue des centaines de personnes en situation d’itinérance chaque année», précise-t-on.
Au début de mois, le ministre Carmant avait dévoilé les grandes lignes de sa stratégie pour bonifier le nombre de lieux d'hébergement au Québec. Outre que pour le territoire de Montréal, des sommes avaient été réservées pour la Montérégie, les Laurentides, le Bas-Saint-Laurent, la Capitale-Nationale, la Mauricie/Centre-du-Québec, l'Estrie, le Saguenay—Lac-Saint-Jean et Laval.
À Montréal, la Ville de Montréal met aussi la main à la pâte pour lutter contre l'itinérance sur son territoire. En août dernier, l'administration Plante a annoncé la construction de dizaines de logements modulaires. Le parc d'unités modulaires devrait être prêt en mars 2025, offrant aux Montréalais vulnérables une solution de réinsertion dans le logement.
Un autre effort pour contrer l'itinérance dans le déploiement de l'équipe mobile de médiation et d'intervention sociale (ÉMMIS) dans tous les arrondissements de Montréal dès 2025. L’élargissement de l’ÉMMIS permettra de donner davantage de soutien aux personnes en situation d’itinérance partout à travers la ville.
Les organismes oeuvrant auprès des personnes en situation d'itinérance accueillent favorablement ces annonces du ministère de la Santé et des Services sociaux.
« Il [le programme PRISM] nous permettra d’offrir des soins psychiatriques et un accompagnement en réinsertion sociale à plusieurs femmes que nous hébergeons, et reflète notre conviction que chaque femme mérite non seulement un toit, mais aussi des soins de proximité et un soutien complet pour reconstruire sa vie avec dignité et espoir», a mentionné Sonia Côté, directrice du Chaînon.
«Le programme PRISM a prouvé son succès et son efficacité à Mission Bon Accueil depuis maintenant sept ans. Il incarne parfaitement la nécessaire continuité de services sur laquelle nos organismes doivent pouvoir compter, en collaboration avec le réseau de la santé. Les responsabilités ainsi partagées et coordonnées nous permettent de faire efficacement notre travail qui est ultimement de ramener chaque personne dans un logement permanent et assurer sa stabilité résidentielle», a pour sa part confié Sam Watts, président-directeur général de la Mission Bon Accueil.
À voir aussi : Vingt-quatre heures dans la peau d’une personne en situation d'itinérance
« Je tiens à remercier le ministre Carmant pour sa sensibilité aux enjeux particuliers rencontrés par les Inuit en situation d’itinérance ou à risque de l’être à Montréal. Nous comptons faire les arrimages nécessaires entre notre propre programme de travailleurs de première ligne inuit et les nouvelles ressources annoncées aujourd’hui, afin de soutenir au mieux les personnes itinérantes inuit à réintégrer leurs communautés», a conclu Pita Aatami, président Société Makivik.
Le gouvernement du Québec affirme avoir investi «des sommes historiques» en matière de lutte contre l'itinérance dans les dernières années afin de mener à bien le développement de ressources d'hébergement, de doubler le nombre de lits dans les refuges et d'instaurer des services 24/7 «pour aider le plus grand nombre de personnes vulnérables».
Selon le dernier dénombrement des personnes en situation d’itinérance visible réalisé en 2022, plus de la moitié des personnes itinérantes du Québec ont rapporté avoir un problème de santé mentale.
Globalement, ce rapport indique aussi que le nombre d'itinérants au Québec a augmenté de 44 % par rapport à 2018.