La conjointe et la famille de la victime se disent insatisfaites de la peine imposée au chauffard Bruno Boisvert-Dallaire, mais aussi à sa conjointe, qui a tenté de prendre le blâme à sa place et qui vient de connaître sa sentence, ce matin.

Voyez le reportage de Guillaume Cotnoir-Lacroix.
Boisvert-Dallaire, qui avait fauché la vie du cycliste en roulant 133 km/h dans une zone de 70km/h, avait écopé en décembre dernier d’une peine de cinq ans et demi de prison. Il lui était pourtant interdit de conduire, au moment des faits. Aujourd’hui, sa conjointe qui avait feint d’être la conductrice fautive, a écopé d’une peine d’un an d’emprisonnement à purger dans la collectivité.

«Un an à purger dans la collectivité, c’est comme une grosse farce, a lancé le père de la victime, Michel Filteau. Monsieur a utilisé la voiture de Madame à plusieurs reprises pour commettre des méfaits. Si Madame n’était pas au courant de ça, câline, qu’est-ce que ça prend ?», a-t-il poursuivi, encore frustré de l’audience.
La conjointe de Sébastien Filteau, Stéphanie Ménard, qui assistait aussi à l’audience, ne pouvait se réjouir du dénouement des procédures. Elle a lu une lettre poignante en s’adressant directement à Kimberley Gutierrez, qui écoutait attentivement à l’avant de la salle.
«Qu’est-ce qui t’a d’abord traversé l’esprit? […] As-tu seulement eu une pensée pour le cycliste? Est-ce que tu t’es demandée s’il était blessé? S’il était encore en vie? S’il était seul? S’il recevrait les soins dont il avait cruellement besoin? S’il avait une famille qui l’attendait?», a dénoncé Stéphanie Ménard, conjointe de Sébastien Filteau.
![«Qu’est-ce qui t’as d’abord traversé l’esprit ? […] As-tu seulement eu une pensée pour le cycliste ?», a demandé la conjointe de Sébastien Filteau, Stéphanie Ménard (droite).](/content/dam/noovo-info/uploadImg/stéphanie ménard conjointe.jpg)
«Il n’y a rien qui va me rendre mon mari. Il n’y a pas grand-chose non plus qui va me ramener la paix d’esprit, a-t-elle souligné, en entrevue après l’audience. Je suis satisfaite quand même qu’il y ait eu une conséquence pour elle, outre qu’une facture ou des travaux communautaires. Là, j’aurais vraiment été en colère. Le système de justice est fait comme ça, on n’est pas nécessairement en accord», a-t-elle laissé tomber. La famille avait aussi fait part d’une grande incompréhension, lors du prononcé de la peine de Bruno Boisvert-Dallaire.
Kimberley Gutierrez a tenu à lire une lettre d’excuses adressée à la famille de Sébastien Filteau, qui s’était présentée nombreuse au palais de justice de Sherbrooke.
«Si j’avais réalisé l’ampleur de ce qui s’était passé, mes choix auraient été complètement différents. Je me sens extrêmement mal de ne pas avoir dit la vérité sur le coup du moment. Je ne trouve pas les mots», a-t-elle lu à voix haute.
La procureure de la Couronne au dossier, Me Geneviève Crépeau, a dit comprendre la déception et l’incompréhension des proches de la victime. Elle estime toutefois avoir suivi la jurisprudence et tenu en compte les impacts sur les victimes des gestes de Mme Gutierrez.
«Il faut se rappeler que ce qui lui est reproché, ce n’est pas la conduite qui a causé la mort, explique Me Crépeau. On tente du mieux qu’on peut de faire notre travail, mais on est liés nous-mêmes par beaucoup de barèmes, par des décisions de tribunaux supérieurs. On travaille dans des cadres et on doit respecter ces cadres-là», a-t-elle expliqué, en rappelant que la juge avait donné son aval à la suggestion commune, estimant même qu’elle en serait probablement arrivée au même résultat, sans suggestion commune.

«On a opté pour une peine d’emprisonnement pour avoir un effet dissuasif, mais aussi pour la gravité des conséquences que ça eut. Lorsqu’une peine est suggérée, le tribunal doit évaluer la possibilité que cette peine-là soit purgée dans la collectivité, si la personne visée n’est pas une menace pour la sécurité d’autrui. C’était le cas avec Mme Gutierrez», explique Me Crépeau, qui ajoute que l’absence d’antécédents judiciaires importants, les remords présentés par l’accusée et le fait que Mme Gutierrez soit un actif pour la société doivent être considérés.
Alors que se termine un épisode difficile de sa vie, la conjointe de Sébastien Filteau estime que la fin des procédures judiciaires marque le début de quelque chose de nouveau.
«Ça demande beaucoup, beaucoup de préparation. C’est beaucoup d’attentes. C’est lourd. Donc je pense que bientôt, pour ma part, je serais prête à fermer le chapitre et à poursuivre ma vie», a-t-elle lancé.
Encore déçu de la sentence de Bruno Boisvert-Dallaire et de celle de sa conjointe, Michel Filteau entend continuer de militer. «Ça n’a plus la même signification, ça n’a plus la même importance, mais je vais continuer de défendre le fait que nous, les victimes, on est sous-représentés dans ce système-là», a-t-il expliqué.

En conclusion de l’audience, la juge Danielle Côté a lancé un message clair à Kimberley Gutierrez, concernant Bruno Boisvert-Dallaire, qui a une feuille de route très garnie en matière de démêlées avec la justice. «Tenez-vous loin de ce gars-là», a-t-elle lancé.