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L’employé travaille à la prison de Bordeaux à temps plein. Nous protégeons son identité, car il dit avoir peur de perdre son emploi pour avoir raconté son histoire.
Tout commence en février dans l’une des ailes de la prison, alors qu’un détenu est malade. Il tousse et crache, il présente les symptômes de la tuberculose. Pendant plus de deux mois, il est maintenu en cellule, alors que les gouttelettes contagieuses circulent dans l’air.
Le 7 mai, son cas se complique. Il est transporté à l’hôpital. C’est à ce moment que le diagnostic tombe. Dix jours plus tard, une note est envoyée aux employés, confirmant qu’une personne malade a été contagieuse pendant plusieurs semaines. Le travailleur se demande pourquoi par la suite on n’a pas imposé à tous des mesures plus restrictives.
Les autorités procèdent en mai au dépistage de certains employés et détenus, mais n'auraient pas dépisté tous les employés. Une vingtaine sont déclarés sont positifs, la plupart latents, c’est-à-dire non contagieux.
Les infirmières carcérales n’ont pas été dépistées.
«On dénonce le laxisme de l’employeur au niveau du dépistage systématique des employés pour la simple et raison que les risques de contamination par gouttelettes est élevé», a lancé Isabelle Roy, du syndicat de la Fédération interprofessionnelle du Québec.
Le Dr Benoît Corriveau, responsable du dossier à la direction de la santé publique, explique que la tuberculose est moins contagieuse que certaines autres maladies respiratoires et que dépister tous les employés de la prison n’était pas nécessaire.
«La tuberculose, c’est différent de la COVID. Ça prend beaucoup d’heures dans le même lieux pour être à risque de développer la malade», a-t-il soutenu.
Mais en juillet, un autre cas de détenu positif, celui-là contagieux, est dépisté.
Ce n’est qu’au début du mois d’août que l’employeur parle de porter un masque N95 dans une note envoyée aux employés.
Pour le Dr Corriveau, le port du masque N95 n’avait pas à s’appliquer à tous.
«C’est vraiment limité aux cas de tuberculose active ou aux cas fortement suspects de tuberculose active. Il faut vraiment avoir une approche raisonnée et raisonnable parce qu’il n’y a vraiment aucun risque en présence de tuberculose latente», assure-t-il.
Or, malheureusement pour le travailleur, sa crainte s’est confirmée. Dès le premier cas dévoilé en maix, il est allé dans son CLSC se faire tester. Il était alors négatif. Il n’avait jamais de sa vie été en contact avec la maladie. Mais en juillet, son test s’est avéré positif. Son médecin lui a confirmé qu’il a contracté la maladie sur les lieux de travail.
Il doit commencer à prendre des antibiotiques pour une durée de quatre mois. Il est inquiet.
La Direction de santé publique dit avoir pris la situation très au sérieux dès le départ. Le médecin Benoit Corriveau considère avoir donné les bonnes directives aux autorités de la prison dès que le premier cas a été dénoncé. Il ne peut commenter le cas précis du travailleur.
Il n’y pas de réponse à cette question pour l’instant. Le ministère de la Sécurité publique se défend et dit avoir suivi les consignes de la santé publique.
«Les personnes incarcérées qui présentent des symptômes sont invitées à porter un masque médical (aussi appelé masque «de procédure») en attendant d’être évaluées et toutes les personnes incarcérées peuvent en obtenir un sur demande. De plus, les personnes incarcérées et de leurs codétenus sont isolées, dès qu’un cas de tuberculose est soupçonné», écrit Louise Quintin, directrice des communications.
Voyez le reportage de Véronique Dubé dans la vidéo.