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Pendant ce temps, six infirmières issues d’agences privées travaillent de jour au sein du même centre hospitalier avec un salaire de base de 70$ l’heure. Une situation déplorée par des employés travaillant au sein du réseau public depuis plusieurs années.
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«On est vraiment blessés, je trouve ça rabaissant pour nous», a lancé Tazid Chouyoukh, infirmier à l’urgence de l’hôpital Maissoneuve-Rosemont. À l’emploi depuis une quinzaine d’années, M. Chouyoukh révèle toucher un peu plus de la moitié du salaire horaire de ces infirmières, soit 37,46$ l’heure.
«On voit de l’injustice. C’est du mépris», a-t-il ajouté. «Je ne suis pas contre (ces infirmières), mais je suis contre le gouvernement qui ne fait rien pour nous.»
Ironiquement, les six infirmières provenant d’agences privées sont d’anciennes employées de l’urgence de l’hôpital Maisonneuve-Rosemont, qui ont décidé de quitter le réseau public afin d’augmenter leur salaire de façon considérable.
Bien qu’il ne souhaite pas abandonner son poste en raison de son ancienneté, M. Chouyoukh admet qu’il est difficile de ne pas penser à «quitter l’hôpital» lorsqu’on voit une situation comme celle-ci.
De son côté, le président du syndicat des professionnelles en soins de l’Est-de-l’île-de-Montréal, Denis Cloutier, a mentionné que la cohabitation entre les employées des secteurs public et privé est «tout simplement inacceptable», alors que la situation crée une frustration évidente chez les infirmières qui n’ont qu’un salaire d'environ 25$ l’heure.
«Les agences n’ont fourni que du personnel de jour. Ce n’est pas là que nous avons des besoins. Les plus grands besoins sont sur les quarts de soir et de nuit», a déploré M. Cloutier.
En réaction à ce phénomène, le ministre de la Santé, Christian Dubé, a déposé un projet de loi mercredi visant à limiter le recours aux agences privées, et même à l’abolir d’ici 2026.
S’il est adopté, le projet de loi 10, qui ne fait que cinq pages, accordera au ministre le pouvoir «d’encadrer et d’interdire» le recours aux agences avec différents «leviers» qui seront déterminés par règlement.
Il pourra «délimiter les secteurs» où le recours à la main-d'œuvre indépendante demeurera permis et fixer un taux horaire maximum par titre d'emploi. Le taux horaire a augmenté de 62% depuis 2016.
Pour l’instant, ce projet de loi n’est «qu’un recueil d’exceptions dont le ministre pourra se servir», a lancé le porte-parole de Québec solidaire en matière de santé, Vincent Marissal.
«Pour le moment, le ministre nous a déposé un sac de clous, mais il n’y a pas de marteau.»
Voyez le reportage de Véronique Dubé dans la vidéo.