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Le poupon, qui n’était âgé que de 11 jours lors de son admission à l’hôpital en mars 2022, a souffert d’un traumatisme crânien ainsi que de fractures à une jambe et aux côtes. Des radiographies ont révélé des saignements importants à la tête, près du cerveau. L’enfant est toujours en vie. On ne connaît toutefois pas son état de santé.
La gynécologue-obstétricienne au Centre hospitalier universitaire de Sherbrooke (CHUS) Amélie Bertrand a par ailleurs décrit l’état de santé du bébé lors de l’accouchement. Elle a notamment raconté que le poupon était en santé à la naissance. Le nouveau-né aurait obtenu une note de 9/10, selon les standards médicaux.
«C’est la plus belle note qu’un bébé peut avoir après une minute de vie», poursuit-elle dans son témoignage.
En contre-interrogatoire, l’un des avocats de l’accusé, Me Patrick Fréchette, a posé plusieurs questions à la docteure sur les manœuvres d’accouchement par césarienne qui pourraient entraîner des fractures, notamment aux côtes. Dre Bertrand a toutefois expliqué que les manœuvres n’étaient pas de nature à causer de telles blessures.
«Aucun traumatisme n’a été fait à l’enfant lors de la naissance», a expliqué la représentante de la Couronne, Me Marilène Laviolette.
La Couronne prétend que ces traumatismes ont été causés par la maltraitance du père. On parle d’un bébé qui aurait été secoué.
«Avec les médecins, on fera la preuve hors de tout doute que c’est un traumatisme crânien non accidentel, donc de la maltraitance, et que ça a été causé par l’accusé», a ajouté la procureure.
Véronique Verrier-Fréchette, médecin de famille et médecin d’urgence, a fait partie de l’équipe qui a évalué le bébé d’une douzaine de jours, arrivé à l’urgence avec ses deux parents, lors d’une journée de mars 2022. Elle a rapporté les inquiétudes des équipes de l’urgence lors de l’admission du bébé à l’hôpital.
«L’état neurologique de l’enfant nous inquiétait. Il n’avait pas l’air réveillé, actif. Il avait certains mouvements inhabituels de son corps, a-t-elle débuté. On se fit beaucoup au tonus. Il devenait raide et restait comme ça quelques secondes et après il était mou, mou, mou, mou, mou. Il avait un mouvement d’œil, surtout son œil droit. C’était intermittent […] Ce n’est pas normal», a-t-elle lancé.
Elle qui a discuté avec les parents à leur arrivée à l’hôpital. Les parents ont expliqué que la veille, le bébé avait cessé de respirer pendant une dizaine de secondes. Il n’était pas devenu bleu et n’avait pas non plus perdu conscience, aux dires des parents.
L’accusé et père de l’enfant lui aurait donné des tapes dans le dos et aurait tourné sa tête légèrement vers le bas. Si l’enfant n’a pas perdu conscience ni de tonus dans les moments suivants, ses périodes de réveil étaient moins longues par la suite. Il ne demandait plus à boire comme avant et était parfois plus raide.
«C’est maman qui me décrit l’histoire, rapporte la spécialiste. C’est sûr que maman est inquiète. Toute la journée, ça n’avait pas très bien été.»
La Dre Verrier-Fréchette a ensuite été contre-interrogée pendant plusieurs minutes par le deuxième avocat de l’accusé, Me Alexandre Tardif. Des questions lui ont été posées sur la nature des possibles convulsions que subissait le bébé. «Est-ce que les autres membres, il y avait une absence de mouvement , a demandé Me Tardif.
«Ça ne bougeait pas beaucoup. Il était particulièrement amorphe, peu réactif», a-t-elle décrit. Des questions ont aussi été posées sur les examens de santé effectués auprès du bébé, notamment sur les manœuvres impliquant de toucher directement le bébé.
Un total de 15 témoins seront entendus lors du procès, soit 11 experts, trois civils et au moins un policier. Les témoignages se poursuivront dès mardi matin. La peine maximale pour une accusation de voies de fait graves est de 14 ans d’emprisonnement.
Le père de famille a été arrêté en mars dernier par le Service de police de Sherbrooke à la suite d'une plainte formelle.
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