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L'action collective a été lancée en décembre 2020. Elle vise à réclamer une somme de 2,6 milliards $ en dommages et intérêts pour les personnes noires qui auraient été brimées par des pratiques d'embauche ou de promotion discriminatoires dans les institutions fédérales depuis les années 1970.
Voyez le reportage d'Étienne Fortin-Gauthier présenté au bulletin Noovo Le Fil 17 animé par Marie-Christine Bergeron dans la vidéo.
Jusqu'ici, peu de voix francophones avaient été entendues au pays, a déploré lundi Alain Babineau, directeur des opérations pour le Québec, lors d'une conférence de presse à Montréal. Le Secrétariat du recours collectif noir lance donc un chapitre francophone afin de faire entendre ces voix également.
Non, «ce n'est pas réglé» et tous les cas ne remontent pas aux années 1970 ou 1980, assure M. Babineau.
Lui qui est un homme noir, francophone parfaitement bilingue, qui a travaillé pour la GRC à Toronto, décrit une double discrimination, comme noir et comme francophone.
«Un moment donné, on ne pouvait pas parler en français dans le détachement où j'étais. On ne pouvait pas parler en français, parce qu'il fallait speak white! On se faisait dire ça!» a-t-il relaté en entrevue.
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«Comme personne noire, on le vit à l'interne aussi, comme étant une personne racisée. On a doublement cet enjeu-là. Souvent, lorsqu'on a une promotion... une des choses qu'on m'a dites au début, lorsque je suis entré à la GRC, mes collègues disaient: "Toi tu vas être promu facilement, parce que t'es noir et t'es francophone, t'es bilingue." Il y a tout de suite, immédiatement, cette espèce de "t'as un passe-droit, on va te donner ça facile"», relate M. Babineau.
La démarche est appuyée par Amnistie internationale Canada francophone, qui était présente à la conférence de presse. Amnistie ne soutient pas financièrement la cause, mais a une expertise précieuse en matière de défense des droits.
«On a été approchés par le recours collectif et on a donné notre appui. Donc on les soutient en termes de recours au niveau du droit international», a expliqué France-Isabelle Langlois, directrice générale de l'organisation.
Les gens qui portent la cause sont ouverts à la négociation, assure M. Babineau. «Nous, on espère que ça va être réglé avant d'aller devant les tribunaux et d'exposer à la grandeur du Canada et à l'étranger ce que le gouvernement fédéral a fait aux employés noirs depuis 50 ans. On est toujours prêts à négocier, à s'asseoir.»
M. Babineau explique que devant ces démarches, le gouvernement fédéral a déjà tenté de faire valoir qu'il valait mieux s'adresser à la Commission des droits de la personne ou bien procéder par griefs plutôt que par une action collective. Cet aspect doit être débattu en mars prochain.
Quant à l'action proprement dite, c'est en mai prochain qu'elle doit passer l'étape de la «certification», a-t-il précisé.
En plus de l'action collective, une plainte à ce sujet a également été déposée au Rapporteur des Nations unies sur les droits de l'Homme.