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Deux de ses victimes ont décidé de lever le voile sur leur identité pour raconter leur histoire, alors que se tenaient ce matin les représentations sur la peine, au palais de justice de Sherbrooke.
«Avant, j’étais une fille sûre d’elle, épanouie, indépendante […] J’aimais la vie. Malheureusement, j’ai perdu le contrôle et l’équilibre de ma vie. Ce qui est le plus dur, c’est de vivre dans la honte. C’est tellement inhumain que les gens ont tendance à ne pas nous croire», a raconté Mylène Tondreau, une ex-conjointe de Samuel Bourque, dans un témoignage empreint d’émotion.
En s’adressant directement à l’accusé, qui assistait à l’audience par visioconférence, Mme Tondreau lui a lancé un message, estimant avoir perdu sa réputation après avoir vécu cet enfer. «Chaque foutu matin, il faut que je me lève avec le jugement de mon entourage. C’est quoi que tu fais? C’est quoi que t’attends? Je ne comprendrai jamais comment tu fais pour vivre en souriant», a-t-elle lancé. Elle espère que sa sortie publique permettra d’éviter que Samuel Bourque fasse de nouvelles victimes.
Toutes ces femmes se trouvaient en situation «d’extrême vulnérabilité» au moment des infractions, a affirmé la procureure de la Couronne, Me Laïla Belgharras, en s’adressant au juge Claude Leblond. L’une d’elles était mineure. Certaines ont été droguées par l’accusé, d’autres étaient déjà intoxiquées, d’autres endormies. Pour Bourque, il s’agissait d’une «habitude, d’un mode de vie, d’une manière d’être et d’agir», a plaidé Me Belgharras. Bourque avait été reconnu coupable sur 19 chefs d’accusation.
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Une autre victime, Joanne Quiminal, entretenait elle aussi une relation avec l’accusé. Elle vit aussi avec des séquelles majeures, plus de trois ans après les faits.
«Je ne comprends pas pourquoi Samuel m’a fait ça. J’ai un sentiment extrêmement démesuré et désorienté vis-à-vis ça […] J’ai encore des doutes, j’ai encore de la misère à accepter ce qui s’est passé», a raconté Joanne Quiminal.
En retenant plusieurs fois ses larmes, elle a affirmé avoir un nouveau conjoint depuis 2021. «J’ai beaucoup de misère à faire confiance aux hommes depuis», a-t-elle exprimé, en affirmant que son nouveau conjoint vivait lui aussi avec les conséquences des gestes de Samuel Bourque.
Dans ses représentations, Me Belgharras a noté bien peu de facteurs atténuants en faveur de l’accusé et de nombreux facteurs aggravants, notamment le risque «marqué» de récidive, le lien de confiance avec les victimes, leur vulnérabilité, «l’absence totale de la reconnaissance des tords qu’il a pu causer» ou encore la préméditation des gestes.
Bourque a tantôt égrainé des substances dans le verre de ses victimes, tantôt tenté de le faire en égrainant directement la substance dans la bouche d’une victime endormie.
Tout au long de l’audience, lundi, les victimes ont été aperçues aux côtés de l’enquêteur de la Régie de police de Memphrémagog (RPM) au dossier, Dominik Lachance. Tant les victimes que la procureure Belgharras ont salué le travail remarquable de celui qui est aujourd’hui lieutenant à la RPM. L’une des victimes l’a qualifié de mentor, avec un sourire aux lèvres. «Ils sont allés bien au-delà de ce qu’un enquêteur généralement fait. Dans leurs dossiers, ils ont fait un travail d’humain avec les victimes», a souligné Me Belgharras.
L’avocate de Samuel Bourque, Me Isabelle Larouche, a plutôt plaidé pour une sentence de six ans d’emprisonnement, évoquant notamment qu’une peine de 11 ans et trois mois était déraisonnable. Elle a également présenté plusieurs cas de jurisprudence pour étayer sa position. Elle a décliné notre demande d’entrevue. Le juge entend rendre sa décision au mois d’août prochain.
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