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Regroupées à la sortie de l’urgence, toutes ou presque désirent conserver leur anonymat, mais 100 d’entre elles sur 113, signent une pétition dans laquelle elles exigent le départ de leur gestionnaire. En parlant avec elles, on comprend mieux leur désarroi : «ça fait 17 ans que je suis infirmière à l’urgence et il est passé 16 chefs d’unité, ce n’est pas normal», lance l’une d’entre elles.
Lundi soir, le CIUSSS de l'Est-de-l'Île-de-Montréal demandait d'ailleurs à la population d'éviter l'urgence de l'Hôpital Maisonneuve-Rosemont à partir de 23 heures, jusqu'à 8 heures, mardi matin, dans la foulée d'une manifestation des infirmières de l'urgence. À la suite de discussions qu'elles jugent infructueuses avec la partie patronale, les infirmières de l'urgence ont organisé un «sit-in» lundi soir. Cette manifestation semble avoir poussé le CIUSSS à demander aux gens d'éviter l'urgence de Maisonneuve-Rosemont (HMR) pendant la nuit de lundi à mardi, même si son communiqué ne faisait aucune référence directe à la manifestation.
À caméra fermée, les infirmières disent qu’un grand ménage s’impose dans l’administration du temps supplémentaire obligatoire et que l’actuelle directrice les prend en souricière en ne les avisant même pas qu’elles sont forcées de rester. Autrement dit, lorsque leur quart de travail est terminé, elles attendent en vain une remplaçante au chevet de leur patient et c’est de cette façon qu’elles comprennent qu’elles doivent rester.
Elles racontent que depuis juillet, 1087 quarts de temps supplémentaires ont été imposés, alors qu’habituellement, pour une année entière, ce nombre varie entre 200 et 300. Marie-Eve Leclerc Croteau. Infirmière à l’urgence depuis huit ans, elle revient à peine de son congé maternité qu’elle est déjà épuisée.
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«Ce n’est pas vivable, on est fatiguées. Tu sais le lendemain des T.S.O (temps supplémentaires obligatoires), nous on doit se lever pour les enfants à 6 heure du matin. Quand on rentre le lendemain, on est fatiguées. J’adore l’urgence, j’en mange. Il y a eu des affichages de postes et je ne me vois pas ailleurs qu’à l’urgence parce que j’aime ça, mais pour ma vie de famille et mon couple, je songe fortement à changer. Si ça reste comme ça, je ne resterai pas encore» avertit-elle.
Devant la mobilisation des infirmières, leur représentant syndical à la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec, Denis Cloutier, explique que la menace de démission émane d’elles-mêmes et non de conseils syndicaux. «Qui va aller chercher mon petit à la garderie ? Je n’ai pas été avisée à l’avance… ce sont des drames à tous les jours. Il y a des larmes qui se versent à tous les quarts de travail quand les gestionnaires viennent aviser. Donc c’est normal qu’elles visent une cheffe qui a des pratiques beaucoup trop autoritaires».
Sur le trottoir devant l’hôpital, le député de Rosemont, le solidaire Vincent Marissal, déplore l’inaction du gouvernement. Dans une entrevue télévisée dimanche, le ministre de la Santé, Christian Dubé, a lancé la balle aux gestionnaires de l’établissement, car selon lui, c’est un problème d’autogestion du temps supplémentaire.
«La seule solution du gouvernement c’est de construire deux mini-hôpitaux privés et des ententes avec des cliniques privées où on envoie nos gens travailler. Il y a des choses à long terme à faire, par exemple, reconstruire l’hôpital ici, parce que pour l’instant, on n’a pas de vrai plan. On a quelque chose qui a été dessiné sur une serviette de table, ça ne tient pas la route, on n’a pas de budget, pas d’échéance», critique-t-il.
Contactées par Noovo Info, les autorités de l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont, ont refusé de commenter la situation ou de révéler si l’employée-cadre montrée du doigt sera remplacée ou non d’ici mercredi.
Avec des informations d'Émile Bérubé-Lupien, Noovo Info, et de La Presse canadienne.