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Immersion dans une soirée avec les artistes de l’ombre qui amènent une touche visuelle aux événements musicaux.
Immersion dans une soirée avec les artistes de l’ombre qui amènent une touche visuelle aux événements musicaux.
Près de 118 000 fêtards ont dansé sous la neige ou dans le froid lors des quatre weekends de la 16e édition d’Igloofest. Si les festivaliers venaient pour voir un DJ à l’oeuvre, plusieurs ignoraient sans doute que les projections qui défilaient devant leurs yeux étaient elles aussi créées en temps réel par un artiste de l’ombre: un VJ ou vidéo-jockey.
Dans la noirceur de la salle de contrôle vitrée qui surplombe le site de l’Igloofest, l’artiste numérique Vino – Vincent Noël de son vrai nom – est installé devant sa console. Le montréalais se prépare à mixer en direct des animations visuelles. Cet art, qu’on appelle le mapping, Vincent le pratiquera pendant plusieurs heures, lors des performances des trois DJ qui fouleront la scène du célèbre festival hivernal de musique électronique.
Il ne montera pas sur scène; la foule ne scandera pas son nom. Mais il sera tout de même au cœur de l’expérience des festivaliers. Cet anonymat relatif ne dérange pas Vincent, qui est passionné des arts numériques depuis qu’il est petit.
«Je jouais avec les screensavers sur la PlayStation 2 et aujourd’hui, je joue avec un screensaver sur un écran géant devant plein de gens», illustre-t-il.
Si on ressent présentement un certain engouement pour le mapping et les arts numériques dans divers événements de la scène montréalaise, l’expertise de la métropole pour l’interactivité ne date pas d’hier. La fameuse exposition universelle de 1967 avait déjà contribué à établir l’expertise de Montréal dans ce domaine, raconte le professeur de médias interactifs à l’École des médias de l’UQAM Dany Perreault.
«Il y avait énormément de nouvelles technologies à l’époque, dont ce qu’on appelle du cinéma étendu ou des nouvelles formes de projection de l’image», explique-t-il.
Parmi les installations marquantes de l’Expo 67, il cite en exemple le polyécran de l’artiste tchèque Josef Svoboda. L'œuvre constituée d’un gigantesque écran fait de cubes fragmentés avait marqué les esprits à l’époque.
De nos jours, de nombreuses entreprises spécialisées en arts numériques, dont la célèbre Moment Factory, ont pignon sur rue dans la métropole. L’UQAM offre même un programme de baccalauréat consacré aux médias interactifs.
Si certains DJ laissent carte blanche au VJ qui va les accompagner, d’autres vont leur imposer certaines contraintes. Par exemple, certains artistes plus établis vont fournir leur propre visuel. Le VJ devra alors partir de ces images pour les faire bouger au rythme de la musique.
«Les artistes vont m’imposer leur vision. À partir de là, moi je prends mon pouls, je vais jouer comme un peu carte blanche derrière.Je ne leur demande pas leur approbation pendant que je [mix] parce qu’ils sont sur scène», explique Vino.
L'attrait du mapping dans des événements de musique électronique réside dans le désir d’immersion qu’on voit de plus en plus avec l’avènement de la réalité virtuelle, selon Dany Perreault.
«Ça permet de concrétiser des expériences abstraites. Le lien son-image crée un espèce d’objet audiovisuel qui dépasse la somme des deux», décrit-il.
Le mapping fait partie intégrante de l’expérience d’Igloofest et permet à de nombreux artistes montréalais de se faire reconnaître.
«Igloofest - il faut bien le noter - ça a été la porte d’entrée de la plupart des VJ à Montréal. Quand on vient faire un VJ à l’Igloofest, c’est notre propre contenu qu’on vient donner. On vient comme montrer ce qu’on sait faire dans le motion design. Je trouve que c’est une des plus belles plateformes pour pouvoir le faire, on se retrouve devant 12 000 personnes qui regardent notre contenu», conclut Vincent.