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«Je prends plus de bonheur de faire de la musique, des concerts avec l'OM qu'il y a 25 ans ou il y a 20 ans.»
Le directeur artistique et chef principal de l’Orchestre Métropolitain (OM) de Montréal, Yannick Nézet-Séguin, mène ces jours-ci avec ses musiciens un marathon des symphonies de Beethoven, un projet emballant pour le maestro qui célébrera bientôt ses 25 ans à la tête de l'orchestre avec qui il a encore l'intention de rester toute sa vie, à l'image d'un mariage.
«Je prends plus de bonheur de faire de la musique, des concerts avec l'OM qu'il y a 25 ans ou il y a 20 ans. Ça continue de grandir à chaque saison», a confié M. Nézet-Séguin au bout du fil, avec un sourire dans la voix, quelques minutes avant un opéra qu'il devait livrer devant le Metropolitan Opera de New York.
«Ce qu'on a maintenant je trouve que c'est irremplaçable.»
En 2019, après 19 ans à l'OM, M. Nézet-Séguin a pris un engagement auprès de l'orchestre: il a signé un contrat «à vie», ce qu'il maintient encore aujourd'hui, malgré ses nombreux engagements dans d'autres prestigieux orchestres.
Depuis 2018, il est directeur musical du Metropolitan Opera de New York et il assume également des fonctions de directeur musical de l'Orchestre de Philadelphie.
Mais il tient à son port d'attache à Montréal. «Faire de la musique quand on se connaît, c'est encore mieux. T'sais, les groupes de musique qui restent ensemble des années, les bands, ça devient meilleur, parce que tout le monde se devine et se connaît», a-t-il souligné.
«C'est la même chose entre un chef et un orchestre. Quand tout va bien, aussi bien de continuer.»
Le chef d'orchestre fort occupé s'est préparé intensivement dans les dernières semaines à offrir quatre concerts en trois jours sur les neuf symphonies du compositeur allemand. Les dernières représentations auront lieu dimanche matin et après-midi.
Cela fait partie des projets qui motivent M. Nézet-Séguin, près de 25 ans plus tard. «On fait pas ça souvent dans une vie. En fait, j'ai jamais fait de marathon comme ça ailleurs qu'à Montréal», a-t-il confié.
Selon lui, les nombreuses répétitions menant à ce projet ont soudé les membres de l'orchestre et les ont rendus meilleurs.
«Il y a un travail d'équipe qui est encore plus approfondi que si on jouait juste une symphonie qu'on connaît. (...) Ce sont 16 répétitions échelonnées sur deux semaines, 16 répétitions de trois heures, c'est énorme», a-t-il expliqué.
Et pourquoi avoir choisi Beethoven? M. Nezet-Séguin affirme que le compositeur était avant son temps, révolutionnaire et que sa musique est encore actuelle.
«La symphonie héroïque, qui est la troisième, elle était au début dédiée à Napoléon, parce qu'il percevait Napoléon comme un homme qui libérait les gens du système de monarchie», a-t-il expliqué.
«Et finalement quand Napoléon s'est autoproclamé empereur, Beethoven a déchanté, il a biffé sa dédicace, et il a écrit "À la mémoire d'un grand homme" et a écrit une marche funèbre. C'est vraiment une œuvre déjà très engagée politiquement.»
À l'aube de ses 50 ans – «plus si jeune que ça», mentionne-t-il en riant – Yannick Nézet-Séguin a encore beaucoup de rêves professionnels qu'il aimerait accomplir, tout en développant des projets déjà en cours, dont l'Académie du jeune chef d'orchestre qu'il souhaite pousser plus loin.
Et le cinéma l'intéresse aussi. Le chef d'orchestre a déjà été consultant pour le film «Les Jours heureux» de la réalisatrice québécoise Chloé Robichaud, mais aussi pour le long métrage de l'acteur et réalisateur américain Bradley Cooper, Maestro, sur la vie du chef d'orchestre Leonard Bernstein.
C'est visiblement un médium qui l'attire beaucoup et il ne ferme pas la porte à passer un jour derrière la caméra.
«Je suis un chef d'orchestre, je ne me vois pas ailleurs dans la vie, mais s'il y a une chose qui est une espèce de rêve fou, des fois je me dis: "J'aimerais réaliser un film"», a-t-il confié.
Il raconte avoir parlé récemment à la réalisatrice et autrice Anaïs Barbeau-Lavalette, qui lui a dit qu'elle l'imaginait bien réaliser un film.
«Je lui ai dit: "Dis-moi pas ça"!», a-t-il relaté en riant.
«Ça se peut, un jour. Mais il y a vraiment rien de concret», a-t-il ajouté, précisant qu'il n'avait pas le temps avec son horaire actuel.