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Un sondage CROP, réalisé pour la Chambre de la sécurité financière (CSF), dévoile qu’un peu plus d’un québécois sur quatre (27%), en couple, mettrait de l’argent de côté délibérément et secrètement, à l’insu de leur conjoint(e).
Un sondage CROP, réalisé pour la Chambre de la sécurité financière (CSF), nous révèle le portrait des habitudes financières des couples québécois.
Le sondage dévoile qu’un peu plus d’un québécois sur quatre (27%), en couple, mettrait de l’argent de côté délibérément et secrètement, à l’insu de leur conjoint(e).
Ce comportement serait beaucoup plus fréquent (56%) chez les personnes qui ont une très grande aisance financière.
Pourquoi faire des économies en cachette? Les raisons peuvent être multiple estime Hélène Belleau, sociologue et professeure titulaire à l'Institut national de recherche scientifique (INRS) qui a participé à l'analyse de ce sondage.
«Nous n'avons pas de données sur les raisons pour lesquelles certaines catégories de gens sont plus portées à mettre de l'argent de côté secrètement et il peut certainement y avoir de bonnes raisons de le faire. Néanmoins, il est clair que certaines personnes tentent ainsi d'anticiper les conséquences économiques d'une éventuelle rupture», croit Mme Belleau.
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Le sondage CROP révèle aussi que la grande majorité des Québécois et des Québécoises sont plutôt à l’aise de parler d’argent avec leur conjoint(e), une excellente nouvelle selon Marie Elaine Farley, présidente et chef de la direction de la CSF.
«Ce sondage nous informe que 90 % des personnes interrogées se sentent à l'aise de parler d'investissements ou de dettes avec leur conjoint, ce qui est en soi une excellente nouvelle», affirme-t-elle tout en soulevant ce paradoxe : « Il est donc étonnant de constater que la moitié des répondants n'ont jamais pensé aux conséquences d'une séparation et que 74% n'ont jamais abordé ce sujet avec un conseiller en services financiers», explique Mme Farley.
Parmi les autres faits saillants des habitudes financières des couples du Québec, on remarque que 57% des personnes en couple mettent leurs revenus en commun au quotidien. Cette proportion grimpe à 70% pour les conjoints qui gagnent environ le même revenu.
La sociologue croit qu’il faut faire attention au partage des dépenses.
«Dans les situations où les écarts de revenus sont grands, même si les conjoints optent pour une gestion proportionnelle au revenu de chacun (prorata), le poids des dépenses pèsera plus lourd sur la personne qui gagne moins. Par exemple, comme le choix des dépenses du couple est souvent fait selon le niveau de revenu de la personne qui gagne plus, celle qui gagne moins sera désavantagée, car elle vit nettement au-dessus de ses moyens», explique-t-elle.
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Parlant de salaire, le sondage dévoile que 63 % des femmes disent gagner un peu ou beaucoup moins que leur conjoint alors que 27 % des hommes disent gagner un peu ou beaucoup moins que leur conjointe.
Hélène Belleau sonne une cloche aux couples par rapport à l’organisation des finances et à l’impact qu’elle peut avoir sur l’épargne des deux conjoints.
«Des disparités se creusent souvent sans que les conjoints y prêtent attention. Ainsi, si l'harmonie financière semble régner chez la majorité des couples québécois, en raison des écarts de revenus entre hommes et femmes, ces dernières paient souvent très cher le prix de la vie familiale lorsque survient une rupture et qu'elles ne sont pas mariées», affirme Mme Belleau.
La moitié des personnes (52 %) disent qu'un seul des conjoints se préoccupe principalement de la planification financière. Cette proportion est encore plus importante parmi les couples ou l'un gagne plus que l'autre.
Concernant l’épargne pour la retraite, le processus se fait principalement de façon individuelle (46 %) : seulement 29 % des personnes en couple épargnent pour la retraite avec leur conjoint(e).
Le cinquième des Québécois (20 %) n'a aucunement épargné pour la retraite.
Évidemment, l’argent n’est pas toujours signe de bonheur dans un couple. Le sondage CROP mené pour la CSF indique que les dettes personnelles sont un facteur substantiel d'anxiété, exacerbé par les différences de revenus entre conjoints.
Près de six conjoints sur 10 (57 %) sont stressés relativement à leur dette personnelle et 41 % se disent anxieux face aux dettes de leur conjoint(e). Le niveau d'anxiété est plus important chez les plus nantis et chez les personnes qui gagnent moins que leur conjoint(e).
À propos de ce sondage
La collecte des données en ligne s'est déroulée entre le 19 mai et le 1er juin 2022 par le biais d'un panel Web. Au total, 1 000 questionnaires ont été remplis par des Québécois en couple de 18 ans et plus. Les résultats ont été pondérés afin de refléter la distribution de la population à l'étude selon le sexe, l'âge, la langue maternelle et la scolarité des répondants.