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Pour l’instant, le gouvernement Legault n’a pas l’intention d’empêcher les citoyens d’avoir plusieurs voitures à leur domicile, mais «il va falloir que les gens comprennent qu’il va y avoir des changements».
Pierre Fitzgibbon ne rigolait pas quand il affirmait qu’il fallait réduire de moitié le nombre de véhicules au Québec. Le ministre de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie en a même appelé à «l’intelligence» et à la «cohérence» des Québécois à son retour au conseil des ministres, mercredi.
Pour l’instant, le gouvernement Legault n’a pas l’intention d’empêcher les citoyens d’avoir plusieurs voitures à leur domicile, mais «il va falloir que les gens comprennent qu’il va y avoir des changements», a prévenu M. Fitzgibbon à l’extérieur de l’Assemblée nationale.
«Si je veux avoir trois véhicules, je vais me les acheter», a-t-il lancé. «Il n’y a pas un gouvernement qui va me dire quoi faire mais, si je suis cohérent – et on a tous le discours qu’on veut être carboneutre en 2050 –, il faut que les bottines…» a-t-il continué, interrompu par des représentants des médias avant de pouvoir compléter en disant: «suivre les babines».
Québec n’en est pas à imposer de nouvelles taxes dans le parc automobile de la province, et préfère plutôt regarder avec la Régie de l’énergie et Hydro-Québec, à l’automne 2023, «si on peut tarifer différemment pour que les gens paient moins cher s’ils consomment différemment», a affirmé M. Fitzgibbon. Pour le ministre, taxer les automobilistes reviendrait à employer «le bâton».
«C’est pas mal plus intéressant de faire ça que de surtaxer», a-t-il commenté.
Lors d’un point de presse un peu plus tard, le premier ministre François Legault a fait écho aux propos de son ministre, particulièrement en ce qui concrne les grands centres. «Mais le Québec est grand et le transport en commun ne se rend pas partout alors il faut être réaliste», a-t-il tempéré.
Et M. Legault a indiqué que son gouvernement n'a pas de cible officielle quant à la grandeur du parc automobile québécois.
«Si on met du transport en commun dans les grandes villes, c’est pour réduire le nombre d’automobiles», a-t-il commenté. «La cible que nous avons, c’est quand et comment nous allons remplacer les automobiles par des véhicules électriques.»
À VOIR | Récapitulatif de Mathieu Boivin au bulletin Noovo Le Fil 17 ci-dessous:
La volonté de M. Fitzgibbon de voir le parc automobile s’atrophier de 50% a suscité de nombreuses réactions au Québec quand il l’a exprimée, lundi. Le ministre de l’Économie s’est défendu d’avoir cherché à provoquer les Québécois, mais s’est quand même dit «content» de la forte réaction.
«Ce que je n’accepte pas, intellectuellement, c’est qu’on dise qu’on va être carboneutre, et là on a trois, quatre Ford Explorer au gaz, un pick-up…» a-t-il illustré.
«Les gens vont faire ce qu’ils veulent», a aussi dit M. Fitzgibbon. «Jamais le gouvernement n’imposera un nombre de voitures. Tu veux trois voitures? Tu vas en avoir trois. Mais les gens qui ont discours social, qui veulent permettre à la planète de ne pas avoir de GES en 2050 […] Il faut que les gens prennent conscience qu’il faut changer nos habitudes», a-t-il souligné.
Visiblement, Québec solidaire (QS) n'a apprécié le ton employé par le ministre de l'Économie.
«Les gens n'ont pas besoin qu'on les pointe du doigt, ils veulent des vraies options écologiques et pratiques pour se transporter au quotidien», a rétorqué le leader solidaire Gabriel Nadeau-Dubois, par le biais d'un communiqué.
M. Nadeau-Dubois trouve d'ailleurs que M. Fitzgibbon s'est permis de lancer «déclarations en l'air alors que ce gouvernement n'a pas l'ombre du début d'un plan pour offrir de vraies alternatives à la voiture solo pour les Québécois et les Québécoises».
«Pendant ce temps, les changements climatiques s'accélèrent, on l'a vu cet été. Nous n'avons plus de temps à perdre avec des politiciens sans vision pour l'avenir», a prévenu «GND».