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La ministre fédérale des Affaires étrangères a critiqué l’invasion russe en Ukraine, dans une allocution perturbée par l'intervention d'un homme dans l'assistance.
La ministre des Affaires étrangères du Canada, Mélanie Joly, prenait la parole devant le Conseil des relations internationales de Montréal lundi afin de faire le point sur la guerre en Ukraine.
Mélanie Joly a critiqué l’invasion russe, la qualifiant d’«échec», soulignant au passage que Vladimir Poutine avait échoué. «Les criminels de guerre seront tenus responsables», a-t-elle insisté.
Questionnée sur le rôle que le Canada avait à jouer dans le contexte international, Mme Joly a soutenu que le pays, de par sa proximité avec les États-Unis et de l’Europe, faisait office de «pont».
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«La démocratie est un combat et il faut travailler chaque jour pour la protéger», avait-t-elle souligné d’entrée de jeu.
L'intervention de Mme Joly a été momentanément interrompue par un homme s'opposant à une intervention canadienne en Ukraine. «Arrêtez d'envoyer des armes! Non à l'OTAN! Non à la 3e guerre mondiale!»., a-t-il scandé avant d'être escorté à l'extérieur. En r.éponse à cette démonstration, la ministre a souligné que le Canada était un pays qui encourageait la liberté d'expression.
Un homme interrompt l'allocution de @melaniejoly: «Arrêtez d'envoyer des armes! Non à l'OTAN! Non à la 3e guerre mondiale!».
— Étienne Fortin-Gauthier (@EtienneFG) March 21, 2022
>Il est sorti de la salle. La ministre dit que le Canada pays de la liberté d'expression.#noovoinfo #ukraine pic.twitter.com/gOGz7wLHCK
Lors d'une allocution diffusée devant le parlement canadien le 15 mars dernier, le président ukrainien Volodymyr Zelensky avait demandé au Canada d'accentuer ses efforts face à l'invasion russe. En plus de fournir de l'équipement militaire à l'Ukraine, le Canada a également contribué sur le plan de l'aide humanitaire.
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Le Canada imposera bientôt de nouvelles sanctions à la Russie dans l'espoir d'augmenter la pression sur le régime qui continue de pilonner l'Ukraine sans répit.
«Il y aura d'autres sanctions économiques contre des individus, contre des entreprises et certainement on va continuer à isoler économiquement la Russie», a affirmé la ministre des Affaires étrangères, ajoutant que ces sanctions seraient connues «sous peu».
Selon elle, l'intensification de la pression est absolument nécessaire dans un contexte où les risques sont devenus énormes pour le monde occidental.
«Vladimir Poutine est imprévisible. Il y a un niveau d'irrationalité dans sa façon de penser, dans sa façon de décider et donc on doit en tenir compte et c'est pourquoi on doit utiliser tous les moyens à notre disposition pour mettre cette pression contre lui et contre son régime, parce que l'invasion de l'Ukraine est une menace à la stabilité mondiale, mais on ne peut pas faire en sorte qu'il gagne la guerre. Les Ukrainiens doivent absolument gagner. C'est une question existentielle pour le monde occidental.»
La ministre s'est dite consciente de ce qu'implique la multiplication des sanctions pour la population russe et en a profité pour saluer le courage de ceux qui osent démontrer leur opposition à cette guerre.
«Nous savons que le peuple russe lui-même souffre de ces décisions et je veux remercier et soutenir toutes ces voix dissidentes au sein de la Russie qui ont pris tellement de risques personnels et ont fait preuve de tellement de courage en prenant la parole publiquement contre la situation en Ukraine.»
Plus tôt, devant les quelque 150 personnes convives sur place dans un hôtel de Montréal et une centaine d'autres en ligne, Mme Joly a fait valoir que «la géopolitique mondiale a changé», depuis le début de l'invasion de l'Ukraine par la Russie, et nous sommes tous «en train de prendre conscience des impacts».
La réponse de la communauté internationale aura selon elle de grandes répercussions pour l'avenir. «Quand on accepte qu'un pays envahisse un autre, c'est une menace importante pour tous les pays du monde», a-t-elle expliqué, puisqu'une absence de répercussions pourrait en encourager d'autres à en faire autant.
Une de ces répercussions est la réévaluation, par les pays occidentaux, de leurs investissements militaires, a-t-elle déclaré.
«Je pense que nos forces armées doivent être mieux équipées dans les circonstances. L'Allemagne a pris une décision historique, parce que c'est la première fois depuis la Deuxième Guerre mondiale, d'augmenter son budget de défense à 2 % de tout son budget. On doit en prendre acte. Plusieurs pays de l'OTAN prennent des décisions qui sont similaires», a-t-elle fait valoir.
Mme Joly n'a pas voulu s'avancer sur la hauteur des investissements à venir du gouvernement, soulignant que ces décisions reviennent à sa collègue des Finances, Chrystia Freeland. Ses propos laissent toutefois peu de doutes à cet effet: «le monde a changé depuis le 24 février, date de l'invasion russe, et on va en prendre acte».
«C'est important que la Chine joue son rôle au conseil de sécurité», a-t-elle affirmé devant le parterre de convives. Le pays s'était abstenu lors du vote, et depuis le début du conflit plusieurs craignent qu'un succès russe ne motive la Chine à tenter une approche similaire avec Taiwan.
«La Chine doit jouer un rôle constructif en tant que membre du conseil de sécurité, doit s'assurer que le conflit ne s'exacerbe pas et c'est la position du Canada et c'est la position que j'ai demandé à mes diplomates de relayer aux diplomates chinois», a-t-elle ajouté plus tard devant les journalistes.
Par ailleurs, Mme Joly s'est montrée sensible aux difficultés imposées aux réfugiés ukrainiens pour venir au Canada. Elle affirme avoir ajouté des ressources et avoir demandé à son corps consulaire de s'assurer «qu'il y ait des heures prolongées et il faut que les services soient impeccables».
Les directives d'agir de manière plus intensive touchent évidemment les ambassades canadiennes en Pologne, en Roumanie, en Hongrie et en Slovaquie. Les autres ambassades en Europe, notamment à Paris, Londres et Rome, ont été mandatées pour soutenir celles des pays limitrophes à l'Ukraine où affluent les réfugiés.
Le cas de la Moldavie est aussi source d'inquiétude. Le petit pays de 2,7 millions d'habitants a accueilli pas moins de 300 000 réfugiés. «C'est sûr qu'on doit venir en aide à la Moldavie. C'est sûr également qu'il y a une crise humanitaire présentement en Moldavie parce que les 300 000 réfugiés qui sont arrivés récemment en Moldavie, il y a une grande partie qui est restée, environ 90 000 d'entre eux.»
C'est cependant la vulnérabilité militaire de ce pays qui est source d'inquiétude. Contrairement aux autres pays limitrophes de l'Ukraine qui sont membres de l'OTAN, la Moldavie n'est pas membre de l'alliance militaire occidentale. C'est donc dire qu'une attaque contre ce petit pays n'entraînerait pas automatiquement une riposte militaire de l'OTAN, tout comme l'invasion de l'Ukraine n'en a pas déclenché.
Avec les informations d'Étienne Fortin-Gauthier et de la Presse canadienne.