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Libéraux, néo-démocrates et bloquistes ont accusé mercredi les conservateurs de se servir de l'affaire d'un viol collectif par huit joueurs de hockey junior afin de repousser l'étude du projet de loi C-11 au terme d'une séance houleuse du comité permanent du patrimoine canadien.
Déjà en milieu de journée, le ton était donné. Alors que le député conservateur et ancien commentateur sportif Kevin Waugh réclamait d'«aller au fond des choses tout de suite» et de faire témoigner «immédiatement» les responsables d'Hockey Canada, la ministre des Sports, Pascale St-Onge, reprochait aux conservateurs de faire de l'obstruction.
La proposition impliquait que le comité repousse l'étude article par article de C-11, un projet de loi qui vise à réglementer les plateformes de diffusion numériques comme Netflix qui devait débuter le jour même.
Les conservateurs estimaient qu'il fallait se presser d'agir étant donné que les évènements se bousculent dans les prochaines semaines dans l'univers du hockey, que ce soit avec le tournoi de la Coupe Memorial qui débute le 20 juin dans la Ligue canadienne de hockey (LCH), le repêchage de la Ligue nationale de hockey (LNH) en juillet ou le Championnat mondial de hockey junior qui suivra en août.
Selon les conservateurs, les responsables de Hockey Canada auraient pu être convoqués aussitôt que vendredi ou au début de la semaine prochaine pour un témoignage d'un ou deux jours.
Après plus d'une heure de séance du comité en après-midi et une tentative infructueuse d'ajouter une séance pour faire témoigner Hockey Canada, le néo-démocrate Peter Julian a donc proposé que la comparution ait lieu lors des réunions de lundi et mercredi prochain.
Or, les conservateurs s'y sont opposés, estimant qu'ils ont besoin de temps pour étudier les mémoires et présenter leurs amendements au projet de loi.
«Je crois que le comité a besoin d'un peu plus de temps. Je ne fais pas de l'obstruction», a affirmé après deux heures de débats le député Waugh, provoquant immédiatement des rires dans la salle.
«C'est votre propre proposition, lui a lancé un autre député. Vous faites de l'obstruction sur votre propre proposition.»
Après la réunion, le bloquiste Sébastien Lemire a soutenu que les conservateurs ont réalisé «un gain politique» puisqu'ils ont réussi à «pousser le temps», ce qui est selon lui «un jeu politique disgracieux».
C'est carrément «de la pure obstruction», a renchéri le libéral Chris Bittle en entrevue avec La Presse Canadienne. Il a déclaré qu'il est «honteux que les conservateurs utilisent une affaire d'agression sexuelle pour faire de l'obstruction sur une législation».
Le néo-démocrate Peter Julian est allé plus loin encore. Selon lui, les conservateurs ont «filibusté» la réunion afin de «bafouer la possibilité que ces allégations soient entendues et investiguées ici», si bien qu'il ne «ne comprend plus la stratégie» des conservateurs.
La femme, qui prétend avoir été agressée sexuellement par huit joueurs de l’équipe nationale junior 2018 qui a remporté l’or au Mondial junior cette année-là, a abandonné une poursuite après avoir conclu une entente.
Il s'agit d'athlètes d'élite dont plusieurs pourraient jouer aujourd'hui dans la Ligue nationale de hockey (LNH), a noté le député Waugh, qui veut que «tout» soit sur la table, y compris là «où ils ont obtenu leurs 3,55 millions $ pour payer la femme».
À son arrivée à la période des questions, la ministre St-Onge a noté que bien qu'«il y a une urgence» de faire témoigner les responsables d'Hockey Canada, «il y a moyen d'organiser les choses» afin d'également adopter le projet de loi C-11 d'ici la fin de la session parlementaire.
Quant à l'audit financier visant à s'assurer que des fonds publics n'ont pas servi à «camoufler» l'histoire de viol collectif, Mme St-Onge a confirmé avoir discuté avec Sports Canada, mais qu'il y a tout de même «des vérifications à faire» pour avoir «la confirmation textuelle».