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Sans surprise, la Banque du Canada a relevé le taux directeur de 50 points de base pour l'établir à 1,5%, mercredi.
Pour la deuxième fois en autant de mois, la Banque du Canada a choisi mercredi d'imposer à son taux d'intérêt directeur une hausse inhabituellement forte, alors qu'elle dit maintenant s'attendre à une inflation plus élevée qu'elle ne l'avait précédemment prévu d'ici la fin de l'année.
La banque centrale a relevé son taux directeur d’un demi-point de pourcentage pour le porter à 1,5 %, et a prévenu qu’elle devrait le hausser encore davantage pour freiner l’inflation.
La Banque du Canada relève le taux directeur de 50 points de base, et poursuit le resserrement quantitatif #économie #éconcan https://t.co/RTDfcsopID
— Banque du Canada (@banqueducanada) June 1, 2022
L'invasion de l'Ukraine par la Russie, les confinements contre la COVID-19 en Chine et les retards des chaînes d'approvisionnement alimentent «l'incertitude» et la hausse des prix de l'énergie et de la nourriture, a souligné l'institution. Ces pressions mondiales, ainsi que la faiblesse des taux de chômage au pays, pousseront probablement l'inflation bien au-delà du taux précédemment prévu par la banque de près de 6,0 % pour le premier semestre de l'année.
«Le risque que l'inflation élevée s'enracine s'est accru», a affirmé la banque centrale dans le communiqué expliquant sa décision.
L'inflation annuelle a atteint 6,8 % en avril, ce qui représentait sa plus forte accélération sur un an en plus de trois décennies, alors que les prix d'un large éventail de biens, de la nourriture au pétrole, ont continué de grimper.
«En raison de la demande excédentaire au sein de l'économie et de l'inflation qui se maintient bien au-dessus de la cible et qui devrait continuer à monter à court terme, le conseil de direction juge encore que les taux d'intérêt vont devoir augmenter davantage», a déclaré la banque centrale.
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La Banque du Canada avait augmenté son taux directeur d'un demi-point de pourcentage en avril, pour le porter à 1,0 %. Il s'agissait alors de sa plus forte hausse en 22 ans, et celle-ci faisait suite à une hausse d'un quart de point opérée en mars.
La décision de mercredi marque les premières hausses consécutives d'un demi-point de la banque depuis qu'elle a commencé à faire ces annonces à des dates fixes, il y a plus de 20 ans.
La banque apporte des modifications à son taux d'intérêt directeur dans le but de contrôler l'inflation pour la maintenir le plus près possible de son objectif de 2,0 %, et a indiqué mercredi qu'elle était prête «à agir avec plus de force s'il le faut» pour atteindre cet objectif - une indication que des hausses de taux plus dynamiques sont une possibilité.
La flambée des prix des biens de consommation, de l'essence aux aliments, avait déjà poussé les économistes à spéculer sur de nouvelles hausses des taux d'intérêt à l'horizon cette année.
Une nouvelle augmentation d'un quart de point ferait passer le taux de financement à un jour à 1,75 %, où il se situait avant la pandémie.
La banque assouplit également ses mesures de relance pandémique en poursuivant son resserrement quantitatif, entamé en avril, puisque les obligations d'État qu'elle détient ne sont plus remplacées à leur échéance.
La forte augmentation des taux d'intérêt de mercredi survient alors que l'économie canadienne a ralenti au premier trimestre.
Le produit intérieur brut réel a augmenté de 3,1 % au cours des trois premiers mois de 2022, par rapport à la même période l'an dernier, soutenu par les investissements des entreprises et les dépenses des ménages, ont révélé les données publiées mardi par Statistique Canada. Il s'agit d'un résultat en baisse par rapport au taux annualisé de 6,6 % du trimestre précédent, qui s'explique en grande partie par une baisse des volumes d'exportation.
Néanmoins, la Banque du Canada ne s'inquiétait pas vraiment des freins économiques imposés par les hausses de taux d'intérêt, qui demeurent en deçà de la fourchette d'entre 2,0 % et 6,0 % où ils se sont maintenus entre le milieu des années 1990 et 2008.
«Compte tenu des dépenses de consommation qui demeurent robustes au Canada et des exportations qui devraient se raffermir, on s'attend à une croissance solide au deuxième trimestre», a-t-elle fait valoir.
La probabilité d'une récession à court terme reste faible, a pour sa part estimé le Conference Board du Canada dans un communiqué, citant les pénuries de main-d'œuvre, la croissance des salaires et la reprise de l'activité dans les secteurs de l'hospitalité et des voyages.
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L'impact de la hausse des taux est déjà visible sur le marché du logement, qui commence tout juste à ralentir après près de deux années d'activité intense. Selon l'Association canadienne de l'immeuble, les ventes de maisons ont chuté de 12,6 % en avril par rapport à mars, et montraient une baisse de plus de 25 % par rapport aux chiffres de ventes d'avril 2021.
L'économiste en chef de la Chambre de commerce du Canada, Stephen Tapp, a indiqué qu'il s'attendait à ce que l'inflation commence à ralentir au cours des prochains trimestres, mais pourrait «facilement dépasser» 6,0 % cette année et rester au-dessus de l'objectif de 2,0 % jusqu'en 2024.
«Plus l'inflation reste longtemps à des niveaux extravagants, plus les risques que les entreprises, les consommateurs et les travailleurs intègrent une inflation supérieure à l'objectif dans leurs actions sont grands, perpétuant ainsi le cycle de l'inflation», a-t-il expliqué dans un communiqué.
Voyez les explications de Sabrina Rivet sur l'augmentation du fil directeur au bulletin Noovo Le Fil 17 animé par Noémi Mercier :