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«Séparer les infirmières de Héma-Québec du réseau de la santé, c'est dire qu'elles sont moins qualifiées et qu'elles travaillent moins dur que les autres...»
Les infirmières et infirmières auxiliaires d'Héma-Québec, membres des syndicats de la CSN et de la CSQ, ont manifesté dimanche à Montréal et à Québec pour revendiquer de meilleures conditions de travail.
Ces membres du Syndicat des infirmières et infirmières auxiliaires d'Héma-Québec (CSN) et du Syndicat du personnel infirmier d'Héma-Québec (SPI-CSQ) réclament avant tout la parité salariale avec leurs collègues du réseau public.
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Elles sont sans contrat de travail depuis près de quatre ans, selon leurs syndicats respectifs, et dénoncent «le manque de respect de leur employeur dans le cadre des négociations pour le renouvellement de leur convention collective».
Selon Fannie Cloutier, vice-présidente du SPI-CSQ, Héma-Québec tente de «sortir» le personnel infirmier de l'échelle salariale du réseau pour instaurer sa propre échelle, un changement qui aurait des «répercussions immenses» pour les travailleuses.
«Sur le salaire en carrière d'une infirmière, ça peut représenter jusqu'à 11 000 $ de pertes salariales, mais pour une infirmière auxiliaire, ça peut aller jusqu'à 72 000 $. Séparer les infirmières de Héma-Québec du réseau de la santé, c'est dire qu'elles sont moins qualifiées et qu'elles travaillent moins dur que les autres», a-t-elle affirmé en entrevue.
La vice-présidente a ajouté que les tâches du personnel infirmier d'Héma-Québec étaient similaires à celles des infirmières en milieu communautaire ou scolaire, notamment par rapport aux heures supplémentaires obligatoires effectuées «de façon récurrente».
Le «manque de sérieux et de disponibilité» de la partie patronale d'Héma-Québec expliquerait selon elle la lenteur des négociations, qui sont en cours depuis septembre 2020. Les syndicats seraient aussi en conciliation depuis janvier 2022 en raison de négociations qui «n'avançaient pas du tout».
Rejointe au téléphone, la direction d'Héma-Québec a qualifié ces propos de «surprenants» compte tenu des offres qui sont actuellement sur la table.
Selon Laurent Paul Ménard, directeur des relations publiques et du rayonnement d'Héma-Québec, les échelles salariales de l'entreprise «n'ont jamais été les mêmes que celles du réseau de la santé».
«Si on regarde la situation à Héma-Québec, sept infirmières sur dix touchent le maximum de l'échelle, et ce maximum est exactement le même que celui du réseau de la santé, a-t-il précisé en entrevue. [...] Il y a peut-être une incompréhension de certaines choses du côté syndical, mais il va falloir que les parties s'assoient à table et qu'elles se comprennent».
Selon la CSN et le SPI-CSQ, ces infirmières n'ont reçu «aucune augmentation salariale depuis 2018», tandis que «le premier dirigeant d'Héma-Québec a eu une augmentation salariale de 30 % entre 2019 et 2020», ce que les syndicats qualifient de choquant dans les circonstances.
Un tableau diffusé sur le site d'Héma-Québec à la suite d'une demande d'information effectuée le 18 mai 2021 montre que le salaire du «Haut-dirigeant 1» est passé de 271 067 $ à 349 803 $ entre 2019 et 2020, ce qui représente une hausse de 29 %.
Héma-Québec a toutefois démenti cette allégation, soutenant que le «Haut-dirigeant 1» n'était pas le premier dirigeant de l'entreprise, soit la présidente et cheffe de la direction, Nathalie Fagnan.
«Il n'y a pas eu d'information nominale avancée par la partie syndicale, mais si on parle de la présidente et cheffe de la direction, l'information juste est que la progression salariale a été de 5 % pour les années 2019 à 2020», a déclaré M. Ménard, soulignant qu'il était «complètement hasardeux de se lancer dans une interprétation ad lib.».
Il a également ajouté que contrairement à ce qu'avançaient les syndicats, les négociations n'étaient pas «au point mort», et que les rencontres de négociations se poursuivaient «à un rythme constant et soutenu».
Le syndicat de la CSQ a déjà tenu quatre journées de grève, à même son mandat de 10 journées, a précisé Nancy Landry, présidente du syndicat du personnel infirmier (CSQ) à La Presse canadienne lors d'une entrevue précédente il y a dix jours.
Le syndicat de la CSN évaluait alors la possibilité de «se doter d'un nouveau mandat de grève», avait renchéri Vanessa Poirier, présidente du syndicat des infirmières et infirmières auxiliaires (CSN).
Comme il s'agit du secteur de la santé, toute grève serait soumise aux dispositions sur les services essentiels du Code du travail.
«On n'est pas du tout fermés à écouler ce qui nous reste des 10 jours. On aimerait beaucoup mieux de ne pas avoir à faire la grève, mais si les négociations n'avancent pas, on ne sera pas gênés d'utiliser les 6 jours restants», a conclu Fannie Cloutier.