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La vitesse à laquelle la fonte des glaces en Antarctique fait monter le niveau de l’eau de la mer pourrait être moins importante qu’anticipée, si les circonstances sont bonnes.
La vitesse à laquelle la fonte des glaces en Antarctique fait monter le niveau de l’eau de la mer pourrait être moins importante qu’anticipée, si les circonstances sont bonnes. C’est ce qu’indique une étude dirigée par une équipe de l’Université McGill.
La calotte antarctique fait près de trois kilomètres d’épaisseur. Quand le climat se réchauffe et que la glace quitte les bords du continent, la terre sous la glace est libérée du poids de celle-ci et remonte. Ce phénomène appelé «rebond postglaciaire» est au cœur de l’étude.
Cet effet peut être à double tranchant. Si les émissions baissent, le rebond aura le temps de se développer assez pour ralentir l’écoulement de la glace vers l’océan. «D’une certaine manière, c’est un mécanisme de stabilisation», résume la professeure Natalya Gomez, auteure principale de l’étude et titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur les interactions entre la calotte glaciaire et le niveau de la mer.
Dans un scénario où les émissions suivraient celles prévues par les accords de Paris, cet effet pourrait ralentir jusqu’à 40 % la montée de l’eau, assure-t-elle.
Cependant, si le réchauffement climatique continue au même rythme, le rebond n’aura pas le temps de ralentir l’écoulement et ne fera qu’augmenter le niveau de la mer en y expulsant l’eau.
«Le plus on réduit les émissions, le plus il y a aura un effet de stabilisation et une réduction du niveau de la mer, mais il n’y a pas de ligne précise à partir de laquelle la tendance s’inverse», maintient Mme Gomez, invitant à faire de véritables efforts climatiques plutôt que de chercher le minimum acceptable.
Les impacts du rebond postglaciaire commenceraient à se faire sentir vers la fin du siècle, estime la chercheuse, et se prolongeraient dans les décennies qui suivent.
C’est «très complexe de comprendre ce qui se passe au niveau de la terre solide sous la calotte glacière», explique Mme Gomez.
Les observations au travers des décennies de recherche antarctique ont permis de construire un modèle de la structure terrestre.
«Dans notre modèle 3D, les couches de la Terre se révèlent une à une, un peu comme celles d’un oignon. On peut voir que l’épaisseur et la consistance du manteau varient énormément, ce qui nous aide à prédire l’effet de la fonte des glaces dans différentes zones», note dans un communiqué la coauteure Maryam Yousefi, qui est géodésienne (spécialiste en étude de la forme et de la mesure des dimensions de la terre) pour Ressources naturelles Canada.
Les données utilisées viennent des mesures des soulèvements de substrat rocheux et des signaux sismiques du continent. Celles-ci ont été récoltées par l’initiative américaine ANET-POLENET.
Des modèles plus simples, ou sur des régions particulières, ont déjà été faits, mais «c’est la première fois qu’on mène les observations et les modélisations à une échelle continentale», précise Mme Gomez.