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Paillettes, boules de cristal et nuage de fumée. Lorsqu’on parle d'astrologie, des figures comme JoJo Savard, Walter Mercado et Miss Cleo ont marqué notre imaginaire collectif. Ce ne sont pourtant plus les mêmes visages qui se passionnent dorénavant pour les astres. Et si ces pratiques reviennent aujourd'hui en force auprès des jeunes, c'est probablement parce qu'elles ont fait peau neuve.
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Jusqu’à récemment, les classes de tarot et d’astrologie de Sébastien Michel étaient majoritairement composées d’étudiants de plus de 50 ans. Depuis quelques années, la moyenne d’âge a baissé d’au moins 10 ans, estime-t-il.
«Les gens en haut de 60 ans ont beaucoup diminué et ils ont été remplacés par des gens qui ont moins de 30 ans. Je peux avoir 20% de ma classe qui n’a pas encore 30 ans.», constate-t-il.
Un autre astrologue qui offre également des cours dans le domaine, Alexandre Aubry, se dit même étonné de remarquer un grand clivage dans sa clientèle: où sont passés les quarantenaires? «Je suis estomaqué. Je constate que ma clientèle se situe uniquement dans les 50 ans et plus et dans les 35 ans et moins. Entre les deux, je n’en ai pas.»
Pour M. Aubry, l’absence d’une génération parmi ses élèves pourrait notamment être attribuable à la crédibilité écorchée par certains personnages comme JoJo Savard.
«Ça a scrappé tout ce qui était l’astrologie et ces domaines-là en 2000. C’était un commerce très très fortuné. Ça a fait très très mal au domaine. Cette génération-là a peut-être été refroidie par ça», soulève-t-il.
Le milieu a été remis en doute durant cette période. Rappelons que l’astrologie n’est pas une science. Il s’agit plutôt d’un système de croyances qui vise à déterminer le caractère des individus et à prévoir la destinée humaine par l'étude de l'influence supposée des astres.
«Personnellement, c’est en 2002 que j’ai commencé à faire de l’astrologie. J’ai commencé à faire ma place en 2004. Ça commençait à revenir un petit peu», se souvient-il.
De son côté, la présidente et formatrice à l’Organisation de Recherches Interactives en Astrologie Naturelle (ORIAN), Marie-Christiane Trudel mentionne également que la présence de certains personnages très «extravagants» n’a pas servi la crédibilité de l’astrologie. «Ce qu’on est joue beaucoup sur la crédibilité de l’astrologie. Il y a moins de gens extravagants maintenant.»
L’organisation, qui regroupe des astrologues et aspirants astrologues depuis une quarantaine d’années, vise à faire connaître la pratique de l’astrologie et dispense également un programme de formation. Cette dernière rappelle qu’environ 10% de ceux qui passent sur ses bancs de classe reçoivent de la clientèle. La plupart des participants entament plutôt la formation dans un but de se développer personnellement et d’apprendre à se connaître.
Ce serait d’ailleurs ce qui justifierait la popularité auprès des jeunes selon Sébastien Michel. «Il y a clairement une popularité chez les jeunes qui était là bien avant la pandémie. La plupart des gens me disent qu’ils veulent trouver un sens à leur vie. Il y a beaucoup de confort en sens matériel dans leur vie, mais il n’y a pas beaucoup de sens», croit-il.
«Si elle te demande ton signe astrologique à la première rencontre, red flag. Si elle te demande à quelle heure tu es né, red flag.»
Ces phrases ont été prononcées à de nombreuses reprises dans des vidéos publiées sur TikTok. Une satire des femmes qui s’intéressent à l’astrologie et qui recherchent une compatibilité amoureuse par le biais des signes du zodiaque.
Plusieurs femmes, certes, ont un intérêt pour l’astrologie. Cependant, pourquoi cette croyance est-elle si rapidement, parfois automatiquement, associée à la gent féminine?
«Les sociétés occidentales contemporaines socialisent les femmes – au regard des normes de genre – vers l'intuition, l'émotionnel et le care [soin]. Elles sont beaucoup plus socialisées que les hommes, de manière globale, pour exprimer leur émotivité et exprimer leur intuition», explique Nicolas Boissière, anthropologue et chargé de cours au département de sciences des religions de l’Université du Québec à Montréal (UQAM).
Plusieurs créateurs de contenu sur les réseaux sociaux ont remarqué cette tendance au sein de leur propre communauté. AstroDim, qui cumule près de 40 000 abonnés sur TikTok et plus de 20 000 abonnés sur Twitter, constate que de plus en plus d’hommes se joignent à ses comptes médias sociaux même si sa base d’abonnés est principalement constituée de femmes âgées de 18 et 40 ans.
Maryaam Lewis-Herbert, qui étudie l’astrologie depuis quatre ans, dresse un portrait similaire de sa communauté de plus de 165 000 abonnés sur Twitter.
«Il y a beaucoup de femmes et de personnes qui s’identifient comme non binaires», précise la Torontoise de 24 ans, qui note une présence significative de membres de la communauté LGBTQ+.
«Je veux m’assurer que j’utilise ma plateforme comme un endroit rassurant pour ma communauté, dit-elle. Je pense que c’est quelque chose que les gens apprécient et reconnaissent lorsqu’ils voient mon contenu.»
Si une chose n’a pas changé pour la présidente et formatrice de l’Organisation de Recherches Interactives en Astrologie Naturelle, c’est bien la présence des femmes. «Ce qui reste similaire à il y a 30 ans, c’est l’intérêt des femmes. Je n’ai pas plus d’hommes avant qu’aujourd’hui», note l’astrologue professionnelle.