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«Notre but, c’est d’être alternatif et complémentaire aux médicaments. Parce qu’il y en a qui utilisent des médicaments pour qui ce n’est pas suffisant», explique Nanette Sene, qui a créé un prototype portable pour soulager les douleurs menstruelles.
La majorité des femmes ressentent de la douleur lors de leurs menstruations. Préoccupée par cet enjeu, une Montréalaise de 26 ans, Nanette Sene, a créé un prototype portable pour soulager la dysménorrhée, ou les règles douloureuses, qui a remporté un prix prestigieux le 18 mai dernier.
Le prototype de la détentrice d’une maîtrise en génie industriel de Polytechnique Montréal s’est vu octroyer le Prix de l’entrepreneuriat social de Mitacs, un organisme à but non lucratif qui soutient diverses initiatives d’innovation au Canada. Cette reconnaissance était accompagnée d’un chèque de 5000 $.
«Je suis fière, et je suis vraiment heureuse, surtout parce qu’on a gagné dans la catégorie innovation sociale», affirme Nanette Sene en entrevue.
«C’est quelque chose qu’on essaie tous les jours de présenter. Avant même Mitacs, on disait tout le temps que notre problème, c’est un problème de société, parce que ça affecte 50 % de la population, presque», poursuit-elle.
La jeune femme travaille sur ce prototype depuis deux ans, et a ainsi fondé sa compagnie Juno Technologies, dont elle est la présidente. Elle s’y consacre à temps plein depuis un an, date à laquelle elle a terminé sa maîtrise.
Puisqu’elle effectue actuellement des démarches pour faire breveter son produit, Mme Sene ne peut dévoiler beaucoup de détails sur celui-ci. Toutefois, il s’agit d’un objet portable, sans fil, qui peut être porté sous les vêtements au niveau du bas du ventre. Cet appareil sert à créer une sensation d’engourdissement, évoque la diplômée en ingénierie.
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«Notre but, c’est d’être alternatif et complémentaire aux médicaments. Parce qu’il y en a qui utilisent des médicaments pour qui ce n’est pas suffisant», explique-t-elle. Souffrant elle-même de douleurs menstruelles, Nanette Sene a décidé de s’attarder à ce problème en constatant le peu de solutions disponibles sur le marché.
«À la base, c’est un problème qui m’affecte moi et ma cofondatrice [Lynn Doughane], donc on dit toujours que si rien ne fonctionne au final, si déjà on a une solution pour nous deux, on va être contente, parce qu’au départ c’était une solution pour nous. Par la suite, plus on a étudié, on a réalisé à quel point ça affecte beaucoup de personnes», détaille-t-elle.
Les deux femmes se sont entourées d’ingénieurs, de conseillers et de mentors dans cette aventure. Puisqu’elles créent un produit médical, elles veulent s’assurer d’obtenir une certification de Santé Canada avant de commercialiser le produit, ce qui représente un long processus.
Les entrepreneures souhaitent que leur produit soit disponible en vente libre. Les prochains mois seront déterminants pour Juno Technologies, puisque les fondatrices de l’entreprise prévoient terminer la première version de leur appareil. Elles effectueront ensuite leurs premiers tests avec 30 à 50 patientes au Liban, le pays d’origine de Lynn Doughane.
Elles espèrent pouvoir commencer les préventes de leur produit en 2024.
Le parcours de Nanette Sene ne s’est toutefois pas déroulé sans embûches. L’entrepreneure s’est butée à un manque de documentation sur les douleurs menstruelles.
«Pour nous, ce qui a été le plus dur au début, c’est le fait qu’il y a très peu d’informations sur les douleurs menstruelles dans les études, dans la recherche, la littérature, il n'y a presque rien, affirme-t-elle. Il y a quand même un contraste entre l’envergure du problème, et l’intérêt scientifique envers le problème.»
Pourtant, c’est jusqu’à 30 % des femmes qui souffrent de douleurs menstruelles considérées sévères ou graves, explique la Dre Valérie To, gynécologue au CIUSSS du Nord-de-l'Île-de-Montréal.
Plusieurs causes peuvent être à la source des douleurs menstruelles, et «l’endométriose est probablement la plus commune», selon la Dre To. Il s’agit d’une maladie chronique qui survient lorsque des cellules qui devraient être à l’intérieur de l’utérus se trouvent dans le ventre, détaille la gynécologue.
«On sait que les douleurs menstruelles et les douleurs pelviennes peuvent affecter la productivité au travail, causer de l’absentéisme. C’est important aussi d’inclure [...] les adolescentes et les jeunes adultes qui vont à l’école», ajoute le Dre To.
Certains pays, comme l’Espagne, ont implanté un congé menstruel. Ce n’est toutefois pas la priorité pour la Dre To, mais plutôt l’accès aux soins.
«Ce qui est vraiment important, c’est que ces femmes-là soient vues par un médecin, soient évaluées, pour essayer d’élucider ce qui cause la douleur et entamer un traitement pour les aider à améliorer leur qualité de vie», affirme-t-elle.
Selon la gynécologue, dès qu’une femme sent que ses douleurs menstruelles affectent sa qualité de vie, elle devrait consulter.