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Elle mentionne que l'hôpital de Marioupol n'a pas été touché par une frappe aérienne le mois dernier et qu'elle a averti les journalistes qu'elle ne voulait pas être filmée.
Une influenceuse beauté ukrainienne que les responsables russes ont accusée d'être une «actrice» lorsqu'elle a été interrogée et photographiée par l'Associated Press (AP) dans une maternité bombardée de Marioupol, est apparue dans de nouvelles vidéos qui alimentent encore une fois la mésinformation entourant l'attaque.
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Vendredi, un compte sur Twitter lié au gouvernement russe a partagé une entrevue avec Marianna Vishegirskaya. Dans celle-ci, la nouvelle maman mentionne que l'hôpital n'a pas été touché par une frappe aérienne le mois dernier et qu'elle a averti les journalistes de l'AP qu'elle ne voulait pas être filmée, des affirmations qui sont directement contredites par les reportages de l'AP.
Dans l'entrevue, réalisée par le blogueur russe Denis Seleznev et filmée par Kristina Melnikova, Mme Vishegirskaya est invitée à fournir des détails sur ce qui s'est passé à l'hôpital le 9 mars, le jour du bombardement. On ignore où se trouve Mme Vishegirskaya ainsi que les conditions dans lesquelles l'entrevue a été filmée.
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La vidéo a été publiée sur le compte YouTube de Denis Seleznev. Elle a été diffusée sur Telegram et Twitter, et des vidéos similaires ont également été partagées sur le compte Instagram personnel de Mme Vishegirskaya. Les responsables russes ont tenté à plusieurs reprises de jeter le doute sur la frappe à Marioupol _ un objectif militaire clé pour Moscou _ puisque des images ont été vues dans le monde entier et ont mis en lumière les attaques russes contre des civils en Ukraine.
Dans les nouvelles vidéos, Mme Vishegirskaya dit que ceux qui se sont blottis dans le sous-sol de l'hôpital après l'attaque ont cru que les explosions avaient été causées par des «bombardements», et non par une frappe aérienne, car «personne» n'a entendu de sons qui indiqueraient que des bombes avaient été larguées depuis des avions.
Mais des témoignages oculaires et des vidéos de journalistes de l'AP à Marioupol présentent des preuves d'une frappe aérienne, y compris le bruit d'un avion avant l'explosion et un cratère à l'extérieur de l'hôpital s'étendant sur au moins deux étages de profondeur. Elles comprennent aussi des entretiens avec un policier et un soldat sur la scène qui ont tous deux qualifié l'attaque de «frappe aérienne».
Au moment de l'attaque, les journalistes de l'AP se trouvaient dans un autre secteur de Marioupol. Ils ont entendu distinctement un avion puis deux explosions. Ils se sont rendus au 12e étage d'un immeuble voisin où ils ont filmé au loin deux gros panaches de fumée en direction de l'hôpital. Il leur a ensuite fallu environ 25 minutes pour se rendre à l'hôpital.
«À ce moment-là, vous entendiez un avion presque toutes les 10, 15 minutes, et il y avait des frappes aériennes dans toute la ville, a expliqué le journaliste-vidéaste de l'AP Mstyslav Chernov, en entrevue samedi. Celui-ci était plus proche de nous. Donc, nous l'avons très bien entendu.»
M. Chernov a déclaré que lorsque des frappes aériennes se produisent, le bruit d'un avion est suivi du bruit d'une explosion en quelques secondes. Le 9 mars, il dit avoir entendu un avion puis deux bombes immédiatement après. Mme Vishegirskaya note également dans l'entrevue publiée vendredi qu'elle a distinctement entendu deux explosions.
«Nous avons entendu le bruit d'un projectile. Ensuite, j'ai personnellement, instinctivement, mis une couverture, puis nous avons entendu le deuxième projectile», explique l'influenceuse, qui parle en russe.
Marianna Vishegirskaya témoigne également dans la vidéo qu'elle a dit à plusieurs reprises à l'AP qu'elle ne voulait pas être filmée. Cependant, les enregistrements des interactions des journalistes de l'AP avec elle contredisent cette affirmation. La vidéo montre la première rencontre des journalistes avec elle à l'extérieur de l'hôpital, où elle est enveloppée dans une couverture et regarde directement la caméra.
«Comment vas-tu?», demande M. Chernov. Marianna Vishegirskaya répond: «Tout va bien. Je me sens bien.» Quelqu'un hors caméra dit: «Allons-y», et elle répond: «Oui, allons-y s'il vous plaît», avant d'entrer dans le bâtiment avec un secouriste pour récupérer ses affaires.
Au cours de l'échange, Mme Vishegirskaya sait qu'elle est filmée et ne donne aucune indication comme quoi elle ne souhaite pas être filmée. Les journalistes de l'AP ont également déclaré que ni elle ni son mari n'avaient jamais indiqué qu'ils n'avaient pas consenti à être filmés ou interrogés lorsqu'ils ont parlé avec le couple le 11 mars, le lendemain de son accouchement.
Dans une vidéo enregistrée ce jour-là, l'influenceuse a parlé de ce qu'elle a vu et entendu à l'hôpital. La question de savoir s'il a été atteint par des frappes aériennes ou des bombardements n'a pas été explicitement soulevée. La seule référence que Marianna Vishegirskaya a faite à ce sujet était qu'elle n'était pas certaine d'où venait la frappe.
«Je n'ai pas vu de mes propres yeux, de qui ça provenait, d'où, quoi et dans quelle direction. Nous ne savons pas», a-t-elle déclaré à l'AP devant la caméra.
«Il y a beaucoup de rumeurs, mais en fait, nous ne pouvons rien dire», a-t-elle poursuivi
Les commentaires récemment publiés de Mme Vishegirskaya contredisent en fait les points de discussion que la Russie a promus après le bombardement. L'ambassade du pays au Royaume-Uni avait partagé les photos de l'AP de Mme Vishegirskaya et d'une autre femme blessée sur une civière, plaçant le mot «FAKE» sur les images et affirmant que Mme Vishegirskaya avait posé dans les deux cas avec un «maquillage réaliste».
La mésinformation a été répétée par les ambassadeurs russes ailleurs dans le monde.
En réalité, les photos montraient deux femmes différentes. Mme Vishegirskaya confirme dans la nouvelle entrevue qu'elle a été blessée lors de l'attaque et que la femme sur la civière était quelqu'un d'autre.
Le compte Twitter lié au gouvernement russe qui a partagé l'extrait a ignoré les contradictions et a décrit l'entrevue comme un compte faisant autorité.
L'AP n'a pas été en mesure d'identifier la femme sur la civière, mais un chirurgien a confirmé qu'elle et son bébé sont morts des suites de blessures subies lors de l'attaque.
Marioupol, une ville portuaire sur la mer d'Azov qui a été assiégée pendant plus d'un mois, a subi certains des dommages les plus lourds de la guerre et est également devenue le symbole de la résistance ukrainienne à l'invasion.
Située dans la région majoritairement russophone du Donbass, où les séparatistes soutenus par Moscou ont combattu les troupes ukrainiennes pendant huit ans, la prise de la ville donnerait à la Russie un couloir terrestre ininterrompu vers la péninsule de Crimée, dont elle s'est emparée en 2014.