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Plusieurs constats sont faits dans la troisième édition d'un portrait de l'Observatoire des tout-petits.
Une famille sur cinq ayant au moins un tout-petit souffre d’insécurité alimentaire. Une sur quatre vit dans un loyer qui n’est pas adapté à ses besoins. Le portrait des environnements des enfants de 0 à 5 ans dévoilé mercredi par l’Observatoire des tout-petits n’est pas rose.
Par Myriam Arsenault, Le Quotidien, initiative de journalisme local
Avec ces constats, l’organisation souhaite guider la réflexion pour mener à la création d’environnements qui permettront aux jeunes de développer leur plein potentiel.
La divulgation de ce nouveau rapport, intitulé Dans quels environnements grandissent les tout-petits au Québec?, a eu lieu à l’aube du lancement de la Grande semaine des tout-petits.
Pour dresser ce portrait qui en est à sa troisième édition, l’Observatoire des tout-petits a rassemblé une centaine d’indicateurs provenant d’enquêtes statistiques, de recensements et de données administratives. Dans celui-ci, l’organisation a choisi de se pencher sur les trois grands milieux que fréquentent les enfants en bas âge, soit le milieu familial, le milieu de résidence et le milieu des services de garde éducatifs à l’enfance.
Ces environnements jouent pour beaucoup dans le développement des jeunes, dont le cerveau est, à cet âge, très sensible à toutes les interactions et aux expériences vécues.
«C’est donc pour ça qu’on voulait se donner une idée de ce qui se passe dans les environnements. Nous voulons voir aussi ce qu’on peut faire pour les améliorer, pour qu’ils soient favorables au développement du plein potentiel des enfants», indique Julie Cailliau, directrice de l’Observatoire des tout-petits, lors d’un entretien avec Le Quotidien.
Certaines données relevées dans le portrait inquiètent Mme Cailliau. Par exemple, on apprend que l’insécurité alimentaire touche une famille ayant au moins un enfant sur cinq, tandis qu’une sur quatre vit dans un loyer non acceptable, comme un loyer trop cher, trop petit ou qui nécessite des rénovations majeures.
D’un côté comme de l’autre, que ce soit par rapport à l’alimentation ou au loyer, cela amène des conséquences sur le développement de l’enfant. Mme Cailliau donne en exemple un petit dont le loyer est trop cher. Puisque le prix du loyer ne peut être compressé, les parents ont tendance à couper dans la nourriture. Les jeunes entrent donc à la maternelle avec un poids plus petit que les autres. Leur développement cognitif, moteur et neurophysiologique peut aussi être touché.
Les Centres de la petite enfance (CPE) ont également été sous la loupe de ce récent rapport. Même s’ils demeurent le lieu à privilégier pour le développement des enfants, l’Observatoire voit une dégradation dans leur qualité, comme dans tous les types de milieu.
«Il y a matière à agir. On sait comme c’est bénéfique pour un enfant de fréquenter un service de garde éducatif à l’enfance, pour l’ensemble des sphères de développement. Les enfants arrivent mieux préparés quand ils entrent à l’école, mais ça, c’est à condition que le milieu soit de qualité», rappelle Mme Cailliau.
Cette qualité repose beaucoup sur la formation des éducateurs, indique Mme Cailliau, là où il y a un travail à faire.
Bien qu’il permet de soulever des inquiétudes, l’état de situation met aussi en lumière des améliorations concernant les environnements dans lesquels grandissent les enfants au Québec.
Par exemple, la fréquentation des parcs a augmenté. Il y a maintenant 72 % des enfants qui ont fréquenté des parcs avant leur entrée à la maternelle, une habitude favorable à leur développement.
De plus en plus de familles se partagent les prestations parentales, après les modifications apportées au Régime québécois d’assurance parentale (RQAP). «C’est une bonne nouvelle. Que les deux parents puissent s’impliquer tôt dans la vie de l’enfant, ça permet d’avoir un meilleur engagement par la suite aussi.»
La concentration de plomb dans le sang des enfants a également chuté de 40 % entre 2009-2013 et 2016-2019. Là encore, des mesures de la Santé publique ont été prises pour diminuer le taux de plomb dans les objets de consommation qu’utilisaient les plus jeunes.
Mme Cailliau voit donc du positif dans cet exercice, qui démontre que lorsque le gouvernement met en place des actions pour favoriser le développement adéquat des tout-petits, cela fonctionne et des changements sont possibles.
«Quand on met en place des politiques publiques qui sont pensées en fonction des besoins des familles, on obtient des résultats vraiment intéressants pour le développement des tout-petits. Moi, c’est ce que je retiens. Maintenant, c’est à nous de nous servir de ces indicateurs-là pour orienter nos actions.»
L’Observatoire aimerait d’ailleurs voir être bonifiées les mesures de soutien financier aux familles et la création de logements sociaux et abordables.