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À quelques jours de la nouvelle année, M. O’Toole fait face à des divisions au sein de son caucus et du mouvement conservateur au sens large.
Si le Parti conservateur du Canada était une personne, il pourrait maintenant voter et entrer dans un bar, dans certaines provinces.
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Le parti de Stephen Harper, qui a uni en 2003 les progressistes-conservateurs et l’Alliance canadienne pour ne plus diviser la droite canadienne aux urnes, a franchi une étape ce mois-ci: passer de l’adolescence à l’âge adulte. Et comme beaucoup de jeunes de 18 ans, le parti songe à son avenir, se cherche une identité, et se rebelle parfois contre l’autorité.
Trois mois après avoir subi la défaite électorale aux mains des libéraux, et alors que des membres du caucus et des militants le pressent de déclencher un vote de confiance anticipé, Erin O’Toole est toujours à la tête du Parti conservateur.
À quelques jours de la nouvelle année, M. O’Toole fait face à des divisions au sein de son caucus et du mouvement conservateur au sens large. La dernière en date étant sa position ambivalente face à la Loi sur la laïcité de l’État au Québec. De l’autre côté de la rivière des Outaouais, une enseignante musulmane a été mutée à une autre tâche dans son école de Chelsea parce qu’elle porte un hijab. Cette affaire a déclenché les passions au Canada, et aussi à Ottawa.
Le député de la Colombie-Britannique Mark Strahl a récemment déclaré que lui et « beaucoup, beaucoup » d’autres collègues estimaient que les conservateurs devaient être prêts à combattre la loi devant les tribunaux, ce qui contraste avec la position du chef, qui veut laisser aux Québécois le soin de décider. M. O’Toole a aussitôt répliqué en précisant que les conservateurs devraient parler d’une seule voix.
Ensuite, il y a eu une publication sur Facebook du député albertain et « conservateur social » Arnold Viersen, qui s’est excusé de ne pas s’être prononcé contre une décision de son caucus d’accélérer un projet de loi du gouvernement interdisant la thérapie dite « de conversion » pour les Canadiens LGBTQ. Il a déclaré que lui et d’autres députés conservateurs avaient contesté le libellé du projet de loi, mais qu’ils avaient été pris au dépourvu par une motion conservatrice visant à l’acheminer rapidement, sans vote, dans le processus législatif aux Communes.
Et maintenant, l’émergence du variant Omicron a ramené les projecteurs sur une pandémie qui a souvent divisé les conservateurs. En prévision du retour du Parlement le 22 novembre dernier, les députés conservateurs ont passé des semaines à se diviser sur la vaccination obligatoire et sur la position de leur parti sur cette directive du Parlement.
Pour le président du parti, Rob Batherson, ces tiraillements ne sont pas nouveaux au sein d’une vaste coalition. « Pour les membres du Parti conservateur, la construction d’une coalition et son évolution pour s’assurer qu’il existe un bon ensemble d’idées conservatrices qui attireront le soutien des Canadiens au cours de la prochaine décennie nécessite du travail, un peu de patience, de la discipline, de l’unité », dit-il.
Quant aux appels à larguer M. O’Toole, comme les conservateurs l’avaient fait avec l’ancien chef Andrew Scheer après la défaite électorale de 2019, M. Batherson attribue une partie de cette grogne à l’impatience dans les rangs après six ans dans l’opposition.
« Tous les partis doivent évoluer s’ils veulent réussir, dit-il. On ne peut pas gagner aujourd’hui en menant une campagne comme celle de Brian Mulroney en 1984 (...) ou celle de Stephen Harper en 2006. »
La direction qu’imprime M. O’Toole au parti continue d’être une source de consternation au sein de sa base conservatrice. Plus récemment, certains militants ont été atterrés de voir leur chef montrer la porte du caucus à la sénatrice conservatrice Denise Batters, une vétérane, qui demandait un vote de confiance anticipé pour juger M. O’Toole.
Les « conservateurs sociaux » et les propriétaires d’armes à feu ont également exprimé leur frustration face aux promesses que M. O’Toole leur avait faites et sur lesquelles il est revenu plus tard.
Peu importe ce qui se passera ensuite, les conservateurs savent une chose: ils doivent prendre de l’expansion, en particulier dans et autour de la ceinture de banlieues, riche en votes, autour de Toronto, que l’on identifie par le code régional « 905 ».
Pour ce faire, un ancien candidat à Toronto pense que le Parti conservateur doit continuer à progresser vers le centre. Geoffrey Turner estime que l’opposition du parti à la vaccination obligatoire a été l’une des raisons pour lesquelles des gens ont hésité à voter conservateur en septembre dernier. La position du parti sur le contrôle des armes à feu a aussi créé un autre problème, dit-il.
M. Batherson, lui, s’attend à des pistes de réflexion pour la suite des choses lorsque l’ex-député conservateur James Cumming aura terminé le « post-mortem » de la défaite électorale du parti, dans un rapport attendu d’ici la fin janvier.