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«Aucune ordonnance, aucun système ni aucun homme ne peut fermer la bouche à une Afghane.»
Une femme qui a publié une vidéo d’elle-même en train de chanter à l'extérieur de chez elle en Afghanistan pour protester contre les lois talibanes sur la «moralité», qui interdisent notamment aux femmes de s’exprimer en public, a déclaré jeudi qu’elle ne se laisserait pas museler.
La diplômée de 23 ans est originaire de la province du Badakhchan, dans le nord-est du pays, et n’a donné que son nom de famille, Efat, pour éviter les représailles.
Les talibans ont publié la semaine dernière la première série de lois du pays visant à «prévenir le vice et promouvoir la vertu». Elles obligent notamment les femmes à dissimuler leur visage, leur corps et leur voix lorsqu'elles sont à l'extérieur de chez elles.
Ces lois, qui accordent de larges pouvoirs aux agents du ministère du Vice et de la Vertu, ont déclenché une condamnation généralisée dans le monde. Les talibans se défendent de vouloir éliminer les femmes de l'espace public.
Pour protester contre ces nouvelles lois, des Afghanes à l’intérieur et à l’extérieur du pays ont depuis publié des vidéos d’elles-mêmes en train de chanter hors de chez elles.
Le visage d’Efat est à peine visible dans la vidéo de 39 secondes, enregistrée par sa sœur aînée et publiée sur les réseaux sociaux mardi. Elle chante en plein air, un acte interdit par les nouvelles lois talibanes.
«Pendant que je chantais, j’avais la même peur: si quelqu’un m’entendait, ce serait la dernière fois que je chanterais.»
Elle avait choisi sa chanson en raison de son message de défi, de protestation et de force: «Je ne suis pas ce saule faible qui tremble à chaque coup de vent/Je viens d’Afghanistan/Je me souviens de ce jour où j’ai ouvert la cage/J’ai sorti ma tête de la cage et j’ai chanté comme si j’étais ivre». À la fin de la vidéo, elle proclame: «Nous resterons plus fortes qu’avant».
Efat avait manifesté dans sa ville et au marché lorsque le voile intégral, ou burqa, est devenu obligatoire. Elle parle ouvertement et critique les talibans sur ses pages de réseaux sociaux. Les talibans locaux ont prévenu sa famille qu’elle ne devrait pas faire cela.
«Il y a évidemment de la peur. Mais nous, les femmes afghanes, nous portons la même peur dans nos vies pour la liberté de notre voix», a-t-elle déclaré.