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Le rapport de la coroner décrit sa mort comme le symbole de l'échec du système de placement en famille d'accueil pour les enfants autochtones dans le nord du Québec.
Une coroner québécoise a publié un rapport faisant état d'un nombre «choquant» de fois où une adolescente inuite a été déplacée d'un foyer d'accueil à un autre avant de se suicider en 2019.
Ce texte est une traduction d'un article de CTV News.
Depuis son enfance, Maggie Kimattuuti Padlayat a été déplacée plus de 78 fois dans six communautés différentes du nord du Québec. Au total, elle a vécu avec 18 familles d'accueil différentes depuis l'âge de sept ans, des déménagements qui ont contribué à son mauvais état émotionnel, selon la coroner Pascale Boulay.
Maggie Kimattuuti Padlayat, qui s'est suicidée à l'âge de 18 ans le 10 août 2019, a lutté contre la dépendance à l'alcool dans les années précédant sa mort. Après une récente rupture, elle a publié des messages sur les réseaux sociaux et envoyé des textos à des proches suggérant qu'elle se ferait du mal après avoir passé une nuit chez son ami.
Le rapport de la coroner décrit sa mort comme le symbole de l'échec du système de placement en famille d'accueil pour les enfants autochtones dans le nord du Québec et indique que ses nombreux déplacements ont contribué à son manque de confiance, à sa difficulté à s'intégrer aux familles et à ses sentiments de rejet.
Maggie Kimattuuti Padlayat a été retrouvée inconsciente le 2 août 2019 dans un abri derrière un foyer d'accueil à Inukjuak, un petit village sur la baie d'Hudson dans la région du Nord-du-Québec. Elle a ensuite été transportée par hélicoptère, intubée, à l'Hôpital général de Montréal, où elle a été admise en soins intensifs. Elle est restée dans un état neuro-végétatif, et malgré les efforts de l'équipe médicale, elle a été déclarée décédée huit jours plus tard.
La coroner a conclu à un suicide comme cause de son décès.
Face à une pénurie de familles d'accueil dans le nord, aggravée par une pénurie de logements, le coroner a noté que les multiples déménagements pour un enfant sont parfois le seul recours, mais constituent néanmoins un facteur préjudiciable à la santé physique et psychologique des enfants inuits.
«Pouvons-nous vraiment être surpris qu'elle ait développé des problèmes de comportement avec des difficultés d'intégration et de respect des règles liées à un trouble de l'attachement sévère avec des sentiments profonds de rejet ? La rupture a probablement été la goutte d'eau qui a fait déborder le vase et qui a été le déclencheur de son geste de mettre fin à sa propre vie», a-t-elle ajouté.
La coroner a inclus deux recommandations clés dans son rapport, visant à prévenir des décès similaires.
Mme Boulay a déclaré que le ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec devrait «assouplir» les normes d'emploi pour le système de protection de la jeunesse de la province, la Direction de la protection de la jeunesse (DPJ), afin de permettre à davantage de travailleurs inuits de la protection de la jeunesse de rejoindre le réseau. «Les personnes travaillant avec des enfants en famille d'accueil doivent être plus sensibilisées aux besoins des enfants inuits dans le nord», a souligné la coroner.
Elle a également recommandé au gouvernement et aux autres parties prenantes «d'identifier des solutions possibles pour éviter les déplacements multiples», et que le sentiment d'appartenance et les enjeux culturels soient «pris en considération de manière plus sérieuse pour les enfants inuits lorsqu'ils sont confrontés à des situations donnant lieu à des déplacements répétitifs».
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Les membres de la communauté affirment qu'il est «urgent d'agir» pour construire davantage de logements au Nunavik, ce qui relève de la responsabilité de la Société de l'Habitation du Québec, selon le rapport. Environ 640 logements devaient être construits entre 2018 et 2019 et entre 2022 et 2023, mais les parties prenantes sur le terrain estiment que cela n'est pas suffisant.
Le coroner a appelé le gouvernement à «agir rapidement pour garantir l'accès à des logements sains et adéquats pour les familles et les parties prenantes.»