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L'art et la science battent à l'unisson dans le nouveau spectacle de la chorégraphe montréalaise Rhodnie Désir.
L'art et la science battent à l'unisson dans le nouveau spectacle de la chorégraphe montréalaise Rhodnie Désir. Elle a entrepris une démarche documentaire afin de mettre sur pied une œuvre qui explore les failles du cœur et du système cardiovasculaire.
Après avoir rencontré plusieurs experts dans le domaine de la cardiologie ainsi que des personnes vivant avec des maladies du cœur, Mme Désir a travaillé en collaboration avec la compositrice Jorane et le concepteur sonore Engone Endong pour concevoir le spectacle «Symphonie de cœurs» auquel près de 150 artistes participent.
On y retrouve notamment onze danseurs ainsi que les musiciens de l’Orchestre métropolitain à Montréal qui sera dirigé pour l'occasion par Naomi Woo, l’Orchestre du Centre national des Arts d’Ottawa et l’Orchestra della Svizzera italiana à Lugano, en Suisse.
Dans sa recherche, Mme Désir a bénéficié de la collaboration de l’Institut de cardiologie de Montréal et de l’Istituto Cardiocentro Ticino de Lugano, en Suisse. D'ailleurs, après ses représentations à Montréal, le spectacle sera de passage à Ottawa et à Lugano.
L'œuvre aborde également les relations amoureuses, les déséquilibres et les fractures émotionnelles qui peuvent en découler. Les pulsations du cœur, ses tumultes, la cage thoracique sont d'autres aspects qui sont exploités.
«Mon but, ce n’est pas de faire entrer les gens dans quelque chose qui fait peur parce qu’en même temps je veux ouvrir le cœur des gens pour être en mesure d’aborder des sujets qui bien souvent, on veut faire demi-tour. (…) C’est ma façon d’utiliser l’art pour parler de la science», a déclaré en entrevue Mme Désir.
Les maladies cardiovasculaires sont la deuxième cause de mortalité au Canada, après le cancer. Parmi les principales maladies cardiaques, il y a les maladies des vaisseaux, les infarctus, les maladies du réseau électrique comme l'arythmie et les insuffisances cardiaques, énumère Dre Judith Brouillette,cheffe du département de psychiatrie de l'Institut de cardiologie de Montréal.
«Quand on m’a approchée pour collaborer, le thème des failles et du déséquilibre m’a interpellée parce que la maladie cardiaque qui frappe, ça amène un déséquilibre au niveau du patient et de sa famille. Le cœur, c’est le symbole de la vie et la mort donc c’est comme si ça crée tout un moment de déséquilibre», a-t-elle déclaré.
Pour la plupart des gens qui reçoivent un diagnostic de maladie du cœur, au début c'est un choc, mais chacun va le vivre différemment, explique la psychiatre.
Certaines scènes font part de la mort, mais il n'y a pas de sang dans le spectacle. Mme Désir voit plutôt son œuvre comme une grande célébration de la vie. «C’est de considérer qu’on a la capacité de s’asseoir dans la salle et d’avoir tout le monde un cœur», dit-elle.
Les témoignages que la chorégraphe a recueillis sont transposés à travers différents types de gestes. «Quand on parle de geste, ce n’est pas juste la chorégraphie, ça peut être la lumière, l’éclairage, la scénographie, la musique», précise-t-elle.
Pour sa documentation, Mme Désir a notamment assisté à quatre opérations à cœur ouvert à Montréal et en Suisse, une expérience qui l'a bouleversée, mais qui a été enrichissante dans sa quête d'informations et d'inspirations.
«L’opération à cœur ouvert, ç'a été phénoménal. Je pensais m’évanouir, se souvient-elle. Je m’étais préparée mentalement à voir le cœur, au fait qu’il allait y avoir beaucoup de sang, mais je ne m'étais pas préparée à ce que ça sente le jus de tomate brûlé et qu’il y ait autant de son de machines. Le son du métal m’a marquée au point que ça fait partie de l’œuvre maintenant.»
L'art et la science se nourrissent mutuellement, selon Mme Désir et Dre Brouillette.
«Nous, on apprend par la science et les livres et on se rend vers l’individu, mais parfois il y a des morceaux que la tête n’arrive pas à résoudre, des questions, des phénomènes, affirme Dre Brouillette. Quand on est bloqué avec la tête, il faut penser avec d’autres systèmes, avec ses (tripes), avec son cœur».
Mme Désir croit que l'art peut aider à vulgariser et partager la science pour certaines personnes qui estiment que ce domaine n'est pas pour elles. «L’art, c’est accessible, c’est universel, au même titre que les sciences c’est aussi universel», résume la chorégraphe.
«Symphonie de cœurs» sera présenté par Danse Danse du 4 au 6 avril à la Salle Wilfrid-Pelletier de la Place des Arts, à Montréal.