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Une école québécoise spécialisée en création de contenus sur Youtube ambitionne d'offrir un cours à l'échelle du continent d'ici un an.
Une école québécoise spécialisée en création de contenus sur Youtube ambitionne d'offrir un cours à l'échelle du continent d'ici un an, le tout pour répondre aux intérêts des jeunes et pour lutter contre le décrochage scolaire.
À la rentrée scolaire 2022, l'Académie A-B. Foster et l'école secondaire Wilfrid-Léger, toutes deux situées à Waterloo, en Estrie, annonçaient la toute première cohorte de la concentration en création de contenus numériques pour les élèves de troisième et quatrième secondaire. En plus de réaliser des vidéos destinées aux plateformes Youtube ou Tik Tok, les adolescents sont initiés à l'art de la baladodiffusion.
«Quand on pense aux réseaux sociaux et aux jeunes, on imagine qu'ils sont tout le temps sur leur cellulaire, à regarder des danses sur Tik Tok, mais ils ont des opinions très profondes et très diversifiées», nuance le président-directeur général de l'Académie A-B. Foster, Dominic Sicotte.
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Dans le cadre du cours, les élèves choisissent eux-mêmes les sujets qu'ils abordent dans leurs contenus, ajoute-t-il. «Depuis le début de l'année, on a parlé de la place des femmes dans la société, du droit à l'avortement, de la culture du viol dans le hockey au Canada, de l'école aujourd'hui, comment ils se sentent dans le système scolaire. On parle d'un paquet de sujets. Et les opinions que ces jeunes-là ont, c'est incroyable», affirme le directeur.
Le tout est actuellement offert dans les locaux de son organisme, situé en face de l'école secondaire, à raison de deux demi-journées par cycle de 10 jours. Le programme vise à outiller les élèves désireux de démarrer une carrière de Youtubeur ou de créateur de contenu sur les réseaux sociaux.
«Je pense que ça répond à un besoin. Il y a 75 % des jeunes qui rêvent d'être Youtubeur, qui rêvent de créativité, qui rêvent de bâtir quelque chose pour eux autres», mentionne M. Sicotte.
Celui-ci estime par ailleurs que son initiative, si elle était implantée dans bon nombre d'écoles secondaires, pourrait renforcer la lutte au décrochage scolaire.
«Mon but, ce n'est pas de les faire décrocher pour qu'ils deviennent Youtubeur, au contraire, c'est de trouver une façon de leur redonner le goût à l'école, poursuit le créateur de contenu. Le but de tout ça, c'est aussi de travailler l'estime de soi et le développement personnel du jeune. C'est quelque chose que tu fais à travers la création et quelque chose qu'il aime.»
Malgré des outils d'apprentissage en classe peu orthodoxes, l'importance accordée à la matière est la même, soutient M. Sicotte.
«Avec moi, les jeunes savent à quel point l'anglais est important, qu'ils ne doivent pas faire de fautes d'orthographe dans leurs publications, parce que le français est important, illustre-t-il. On regarde les données analytiques de nos contenus, alors les maths, c'est important aussi.»
L'Académie A.B. Foster vient de conclure un partenariat avec l'école de cinéma Youtube Creator Now, de Santa Monica en Californie, pour étendre son programme de Youtubeurs non seulement à d'autres écoles secondaires du Québec et du Canada, mais aussi à celles des États-Unis.
En entrevue avec La Presse Canadienne, Kate Ward, une ancienne enseignante ayant cofondé Creator Now, a mentionné partager la vision de M. Sicotte sur l'importance que jouera la création de contenus numériques dans les prochaines décennies.
«Hormis savoir coder, il s'agira d'une compétence de plus en plus déterminante dans le monde professionnel, estime l'entrepreneure. Les réseaux sociaux, puisqu'ils sont omniprésents, servent aussi aux jeunes d'aujourd'hui et de demain pour trouver leur place dans le monde, et c'est le rôle de l'école d'éduquer les jeunes à bien les utiliser et de créer des espaces sécuritaires pour les explorer.
«Nous pensons que faire des vidéos n'est qu'un moyen pour nous tous d'apprendre à mieux nous exprimer et à mieux exprimer nos points de vue. L'apprentissage précoce des compétences numériques nous aide à devenir des contributeurs dans le monde, pas seulement des consommateurs», a-t-elle ajouté.
Le programme implanté à l'école secondaire Wilfrid-Léger servira de projet-pilote pour établir les bases du partenariat avec Creator Now. Celui-ci reposerait sur l'implication de milliers de producteurs de contenus répartis à travers le Canada et les États-Unis.
«On se donne 12 mois pour voir comment mettre ça en place à l'échelle de l'Amérique du Nord», mentionne M. Sicotte.