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«La révolte est arrivée!» a lancé la grande cheffe de Kahnawake, Kahsennenhawe Sky-Deer, en anglais après avoir entièrement prononcé son discours en langue mohawk.
Ce sont deux peuples qui vont dans la même direction, mais qui ne sont pas rendus au même endroit qui se sont rencontrés, mardi, dans le Vieux-Port de Montréal pour souligner la Journée nationale des peuples autochtones.
«La révolte est arrivée!» a lancé la grande cheffe de Kahnawake, Kahsennenhawe Sky-Deer, en anglais après avoir entièrement prononcé son discours en langue mohawk. Elle a affirmé que toutes les dépouilles d'enfants découvertes dans les pensionnats pour autochtones montrent non seulement ce qu'ont traversé les Autochtones, mais sont aussi une occasion «pour exposer notre résilience, notre force et notre courage face à autant d'adversité et (démontrer) que nos langues et notre culture sont toujours là».
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«Faites des langues autochtones la première langue que vous enseignez à vos enfants, pas le français ou l'anglais. Soyez fiers de qui vous êtes», a-t-elle dit à un auditoire tout de même restreint, composé davantage de Blancs que d'Autochtones.
La cheffe Sky-Deer avait ainsi un message pour ses concitoyens autochtones, à qui elle a promis un meilleur avenir alors que les Premières Nations prennent «finalement la place qui nous revient de droit dans la société ».
Elle avait aussi un message pour ses «frères et soeurs non autochtones, alliés et supporters», à qui elle n'a pas manqué de souligner qu'il était très important qu'ils entendent sa langue: «Ceci est ma langue et celle de mes ancêtres et je suis tellement heureuse et fière de pouvoir me tenir ici aujourd'hui et parler dans ma langue.»
«Vous savez que les Autochtones représentent une richesse de savoir écologique et ont été les gardiens de ce territoire depuis des temps immémoriaux, une réalité qui a été délibérément négligée durant plusieurs années mais qui devient enfin plus acceptable socialement.»
Elle a averti que «nous évoluons à une vitesse beaucoup plus grande que celle des gouvernements. Nous devons continuer à sensibiliser les gouvernements extérieurs à l'effet qu'ils doivent faire mieux ». Elle a noté avec espoir que les rencontres entre les peuples autochtones et colonisateurs permettent de développer une compréhension mutuelle et que « c'est en vertu de cette compréhension que nous allons bâtir et renforcer notre alliance pour les générations futures».
Juste avant elle, la mairesse de Montréal, Valérie Plante, avait pris le micro pour «souligner la présence autochtone» et «reconnaître l'histoire millénaire des premiers peuples».
Mme Plante a beaucoup parlé de réconciliation et de la démarche requise pour y arriver. «Cette réconciliation est absolument nécessaire. Elle va prendre du temps, mais on va la mettre en place, un morceau à la fois.»
«Quand on parle de nation à nation, il faut pouvoir décider ensemble et jeter les bases d'une réconciliation qui est partagée et ça, ce travail-là, se fait ensemble. Il ne faut pas imposer des visées. On est rendus ailleurs», a-t-elle affirmé.
La mairesse n'a d'ailleurs pas hésité à utiliser une expression qui hérisse les détenteurs des clés du pouvoir à Québec: «C'est important pour nous à la Ville de Montréal, le moment où l'on reconnaît, oui, qu'il y a du racisme et des discriminations systémiques à même les structures existantes, à même des organisations ou même dans la société en général.»
Montréal continuera de développer des relations solides, de gouvernement à gouvernement, avec les communautés autochtones.
— Valérie Plante (@Val_Plante) June 21, 2022
Parce que la réconciliation nous concerne toutes et tous. #polmtl #MoisHistoireAutochtone pic.twitter.com/To6vxD5JJi
«C'est important, parce que ça nous permet d'aller plus loin et ça nous permet d'avancer, de reconnaître ce qui se passe et de poser des gestes concrets».
«Quand on se parle, quand on se connaît, c'est là qu'on avance le plus vite», a-t-elle avancé.
Le gouvernement du Québec brillait par son absence, le ministre responsable des Affaires autochtones, Ian Lafrenière, souffrant de la COVID-19.
Les discours ont été suivis par une cérémonie du feu où les participants ont brûlé du tabac. L'un des organisateurs de ces festivités et fondateur de l'organisme Terres en vues, André Dudemaine, a évoqué une page de la mythologie autochtone où, constatant que le soleil brûlait la Terre, les peuples autochtones avaient conclu une entente avec celui-ci pour qu'il apparaisse et disparaisse de façon cyclique pour entretenir la vie.
Plusieurs prestations d'artistes autochtones étaient prévues durant toute la journée, non seulement à Montréal, mais partout à travers le Québec et le Canada.
La Journée nationale des peuples autochtones a été proclamée en 1996 par le gouverneur général Roméo Leblanc. Elle a lieu au solstice d'été, le 21 juin, jour le plus long de l'année qui revêt une grande symbolique pour les peuples autochtones.