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Christian Tein, un leader autochtone kanak du parti indépendantiste a été transporté vers la France métropolitaine
Un leader indépendantiste du territoire français de Nouvelle-Calédonie, dans le Pacifique, a été transféré dans un établissement pénitentiaire en France métropolitaine en attendant son procès pour des accusations liées à deux semaines de troubles en mai qui ont fait neuf morts, a annoncé dimanche le procureur du territoire.
Christian Tein, un leader autochtone kanak du parti indépendantiste connu sous le nom de Cellule de coordination des actions de terrain, a été transporté par avion vers la France métropolitaine dans la nuit de samedi, avec six autres militants, a indiqué le procureur Yves Dupas dans un communiqué.
Les sept militants kanaks ont été transférés en détention provisoire sur «d’un avion spécialement affrété à cette mission» en raison de «la sensibilité de la procédure», a expliqué M. Dupas. Déplacer les militants arrêtés en détention à 17 000 kilomètres de leur territoire d'origine permettrait à l'enquête sur leurs actes répréhensibles présumés de se poursuivre «de manière calme et sans aucune pression», a-t-il déclaré.
Le peuple kanak cherche depuis des décennies à se libérer de la France, qui a pris pour la première fois la Nouvelle-Calédonie en 1853.
La violence a éclaté le 13 mai en réponse aux tentatives du gouvernement du président français Emmanuel Macron d’amender la Constitution et de modifier les listes électorales en Nouvelle-Calédonie. La France a déclaré l'état d'urgence deux jours plus tard, envoyant des centaines de renforts pour aider la police à réprimer la révolte qui s'est accompagnée de fusillades, d'affrontements, de pillages et d'incendies criminels.
Le procureur n'a pas nommé les six autres militants détenus qui ont été transférés en France métropolitaine. Des informations parues dans les médias français suggèrent que la directrice de la communication du groupe indépendantiste, Brenda Wanabo, et Frédérique Muliava, chef de cabinet du président du Congrès de Nouvelle-Calédonie, en feraient partie.
Les violences ont fait neuf morts et provoqué une destruction massive de magasins, d'entreprises et d'habitations.
Mercredi, 11 militants kanaks ont été arrêtés lors d'une vaste descente de police visant l'Unité de coordination de l'action sur le terrain. Ces détentions faisaient partie d'une enquête policière en cours lancée le 17 mai, quelques jours seulement après que les manifestations contre la réforme électorale poussée par Paris soient devenues violentes.
Samedi, les militants ont comparu devant le juge d'instruction. Ils font face à une longue liste d'accusations, notamment complicité de tentative de meurtre, vol organisé avec arme, destruction organisée de biens privés avec mise en danger d'autrui et participation à un groupe criminel dans l'intention de planifier un crime.
Au cours des sept derniers mois, la Cellule de coordination des actions de terrain de Christian Tein a organisé d’importantes marches pacifiques en Nouvelle-Calédonie contre les autorités françaises et la réforme électorale soutenue par Paris, dont les Kanaks craignent qu’elle ne les marginalise davantage.
Alors que la France est désormais plongée dans une campagne frénétique pour des élections législatives anticipées, le président Macron a suspendu les modifications apportées au droit de vote en Nouvelle-Calédonie.
M. Tein et neuf autres dirigeants indépendantistes ont été assignés à résidence lorsque les violences ont commencé. Le ministre français de l'Intérieur et des Outre-mer, Gérald Darmanin, a déclaré le mois dernier que le parti de M. Tein était un «petit groupe qui se dit indépendantiste, mais qui commet plutôt des pillages, des meurtres et des violences».
Le Conseil national des chefs du peuple autochtone kanak a rejeté les allégations selon lesquelles le groupe serait impliqué dans ces violences meurtrières. Le grand chef Hippolyte Sinewami-Htamumu a exprimé son plein soutien au groupe indépendantiste, qui a mobilisé plus de 100 000 personnes «de tous âges et de tous horizons» lors de manifestations pacifiques ces derniers mois dans la capitale, Nouméa, et dans toute l’île.
Christian Tein faisait partie des dirigeants indépendantistes qui ont rencontré Emmanuel Macron lors de son voyage éclair en Nouvelle-Calédonie le mois dernier pour calmer les troubles. À l'issue de la réunion, le leader kanak a appelé les manifestants à «rester mobilisés (et) maintenir toutes (les formes) de résistance» pour atteindre leur objectif principal qui, selon lui, est «la pleine indépendance».