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Un juge ordonne la protection contre ses créanciers de Red Lobster au Canada
Un juge ontarien a rendu mardi une ordonnance reconnaissant et appliquant la procédure américaine de protection contre la faillite de Red Lobster au Canada.
Un juge ontarien a rendu mardi une ordonnance reconnaissant et appliquant la procédure américaine de protection contre la faillite de Red Lobster au Canada.
L'ordonnance du juge Michael Penny a été demandée par les avocats de la branche canadienne de la chaîne de restaurants de fruits de mer en difficulté, qui ont déclaré au tribunal que leur client s'efforçait de stabiliser ses opérations.
«Tout ce que nous essayons de faire aujourd'hui est de stabiliser l'entreprise», a déclaré Linc Rogers, avocat représentant Red Lobster Canada.
L'avenir de la chaîne, surtout connue pour son large choix de produits de la mer, ses biscuits Cheddar Bay et son atmosphère familiale, a été remis en question au début du mois, lorsque sa société mère établie en Floride a déposé le bilan (chapitre 11) aux États-Unis et a fermé des dizaines de restaurants.
La semaine dernière, le juge Penny a accordé à Red Lobster Canada un sursis qui empêche ses créanciers de prendre des mesures contre elle. Son ordonnance de mardi reconnaissant les procédures américaines donnera à l'entreprise plus de répit alors que l'affaire au sud de la frontière progresse devant les tribunaux et que la chaîne réfléchit à son avenir.
Cet avenir pourrait impliquer la vente d'une partie ou de la totalité des actifs canadiens de l'entreprise, selon une déclaration sous serment du 20 mai du directeur général de Red Lobster Management.
«Avec une crise de liquidité imminente et aucune capacité significative à lever de nouveaux capitaux, le conseil d'administration du groupe RL (...) a déterminé qu'une vente maximisant la valeur serait la meilleure alternative possible», indique le dossier de Jonathan Tibus.
Red Lobster, qui s'est implantée au Canada en 1983, compte 2000 employés canadiens, pour la plupart à temps partiel et non syndiqués. La chaîne compte 27 emplacements en Ontario, en Alberta, au Manitoba et en Saskatchewan.
L'entreprise loue la plupart de ses propriétés dans le pays et en possède deux en Ontario, dont un restaurant à Brantford et un restaurant à Etobicoke sur le Queensway, où elle possède un bâtiment, mais pas le terrain.
Stuart Brotman, un avocat représentant le responsable de l'information FTI Consulting, a déclaré mardi au tribunal que Red Lobster Canada «a eu et devrait continuer d'avoir un flux de trésorerie positif». Cependant, M. Tibus a affirmé dans son affidavit que l'ensemble de l'entreprise a été confronté à «des défis importants».
Ces défis comprennent «des perturbations dans sa chaîne d'approvisionnement, une hyperinflation affectant les coûts des aliments, de la main-d'œuvre et de la livraison, des augmentations substantielles du coût du capital et des baux immobiliers, et des changements dans les tendances en matière de restauration décontractée pendant et après la pandémie de COVID-19».
Un autre document de l'entreprise montre que son nombre annuel de clients a chuté de 30 % depuis 2019 et ne s'est que «légèrement amélioré par rapport aux niveaux pandémiques».
Les crevettes à volonté
Même sa promotion «Ultimate Endless Shrimp», qui a été à un certain moment une offre permanente, a nui aux performances financières de l'entreprise.
M. Tibus a qualifié cette offre de «fuite de trésorerie importante» qui, selon les documents déposés, a coûté à Red Lobster 11 millions $ US.
L'entreprise enquête actuellement pour savoir si son ancien directeur général, Paul Kenny, et Thai Union, un conglomérat de fruits de mer actionnaire de Red Lobster, ont encouragé une commercialisation de la promotion qui était si «excessive» qu'elle a déclenché «d'importantes pénuries de crevettes dans les restaurants qui duraient souvent plusieurs jours ou des semaines».
Le conglomérat Thai Union a affirmé qu'il était un fournisseur de Red Lobster depuis plus de 30 ans et qu'il avait l'intention de poursuivre cette relation.
«Nous sommes conscients des allégations sans fondement contenues dans les plaidoiries du tribunal des faillites et attendons avec impatience une présentation complète des faits», a affirmé Thai Union dans un communiqué.
En juin 2023, M. Tibus a déclaré que l'entreprise avait commencé à travailler sur un plan visant à réduire les dépenses et le gaspillage tout en rétablissant la croissance de l'entreprise. Des documents judiciaires montrent que le plan visait à «simplifier» le menu et à «mettre en œuvre un calendrier promotionnel judicieux avec moins d'offres à durée limitée».
Cependant, M. Tibus a affirmé que la marque est toujours confrontée à «d'importants problèmes de liquidité et d'exploitation, qui ont été exacerbés et accélérés par des baux supérieurs aux marchés et sous-performants et par de mauvaises décisions opérationnelles et marketing de la direction précédente».
Red Lobster n'a pas répondu à une demande de commentaires sur le dépôt ou l'avenir de ses actifs canadiens.
La chaîne a été fondée aux États-Unis en 1968, mais a depuis rassemblé 551 restaurants aux États-Unis et plusieurs au Mexique, en Équateur, au Japon et en Thaïlande.
Ses documents judiciaires indiquent qu'elle compte plus de 64 millions de clients par an et qu'elle est responsable de 20 % de toutes les queues de homard en Amérique du Nord et de 16 % de toutes les langoustes vendues dans le monde.
Elle a commencé comme une entreprise privée, mais a été rachetée par le fabricant de produits alimentaires General Mills, qui a finalement transformé sa division de restauration en une société cotée en bourse.
General Mills a vendu la marque en 2014 à Golden Gate Capital et en 2016, Thai Union Group a acheté une participation dans la chaîne, mais se serait désinvesti de Red Lobster.