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«Je ne souhaite pas simplement aller me battre et tirer sur des gens, explique-t-il, mais il se passe quelque chose en ce moment, et je peux contribuer d'une manière ou d'une autre.»
Bryson Woolsey est prêt à troquer son tablier pour une arme.
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Le chef cuisinier de 33 ans, de Powell River, en Colombie-Britannique, veut répondre à l'appel du président ukrainien, Volodymyr Zelensky, qui demandait aux étrangers de se joindre à
une «brigade internationale» pour combattre l'armée russe de Vladimir Poutine.
«Je ne souhaite pas simplement aller me battre et tirer sur des gens, explique-t-il, mais il se passe quelque chose en ce moment, et je peux contribuer d'une manière ou d'une autre.»
Alors que les États du monde élaborent des sanctions économiques et commerciales pour ralentir et stopper l'invasion russe de l'Ukraine, des personnes de tous horizons répondent à l'appel aux armes de Kyïv, quels que soient leur formation et les risques qu'ils prennent.
Ottawa a largement adopté une approche non interventionniste, affirmant que la décision de se battre appartenait à chacun. Et certains s'inquiètent des questions juridiques et de sécurité nationale potentielles liées au fait qu'un grand nombre de Canadiens aillent combattre en Ukraine.
L'auteur et historien Tyler Wentzell, qui a étudié l'implication des Canadiens dans des conflits étrangers, notamment dans la guerre d'Espagne, estime qu'il sera intéressant de voir comment les citoyens répondront à cet appel, étant donné que le Canada abrite la troisième plus importante diaspora ukrainienne dans le monde. Il croit en tout cas que la participation de ces volontaires, qui transmettraient par exemple régulièrement des images, pourrait changer fondamentalement la façon dont les Canadiens perçoivent ce conflit éloigné.
Le professeur Wentzell prévient toutefois que certaines unités paramilitaires en Ukraine, et même certains segments de l'armée ukrainienne, ont été liées à l'extrême droite et à la haine, et même accusées de crimes de guerre dans le passé.
La Loi canadienne sur l’enrôlement à l’étranger restreint en fait la participation de Canadiens dans une guerre qui n'implique pas directement le Canada. Adoptée en 1937, la loi visait alors à maintenir la neutralité du Canada pendant la guerre civile espagnole; elle interdisait essentiellement aux Canadiens de rejoindre une armée étrangère pour combattre un pays que le Canada considère comme «ami».
Le professeur Wentzell ne croit pas que ceux qui vont se battre pour l'Ukraine violeront la loi canadienne. On pourrait ne pas en dire autant de ceux qui pourraient rejoindre l'armée russe, même si le Canada et la Russie ne sont pas en guerre.
Par contre, les volontaires devraient être prudents avant de se joindre à des unités paramilitaires ukrainiennes, car leur conduite et leurs affiliations avec certains groupes pourraient les mettre alors en infraction avec la loi canadienne.
Kyïv a d'ailleurs demandé à ceux qui souhaitent rejoindre la brigade internationale de contacter leur ambassade d'Ukraine. Lorsqu'on a demandé plus d'information à l'ambassade à Ottawa, on nous a d'ailleurs interrogés sur notre expérience militaire et médicale.
Le gouvernement fédéral n'a pas abordé directement la légalité des Canadiens qui iront combattre en Ukraine, ni si Ottawa soutenait ceux qui veulent le faire. Les ministres fédéraux ont plutôt présenté la question comme une affaire de risque personnel.
L'appel à des volontaires internationaux pour combattre en Ukraine a soulevé d'autres questions et préoccupations chez Stephanie Carvin, une ancienne analyste de la sécurité nationale qui enseigne maintenant à l'Université Carleton.
Mme Carvin a souligné que les groupes extrémistes au Canada et ailleurs dans le monde sont toujours à la recherche de façons d'acquérir une formation, une expérience et une crédibilité militaires: se porter volontaire pour combattre en Ukraine pourrait leur offrir les trois. Et ces expériences acquises pourraient avoir plus tard «des répercussions sur la sécurité nationale» au Canada, dit-elle.
Au Royaume-Uni, le premier ministre Boris Johnson a mis en garde ses concitoyens, lundi, contre la tentation d'aller se battre en Ukraine. Le premier ministre australien, Scott Morrison, a également déconseillé aux gens de se rendre en Ukraine pour se battre, citant la logistique légale et les milices informelles qui pourraient proliférer dans de telles situations.
À Washington, l'administration du président Joe Biden a adopté une approche similaire à celle du Canada. «Notre conseil aux voyageurs reste que les citoyens américains ne devraient pas se rendre en Ukraine», a rappelé mercredi la porte-parole adjointe de la Maison-Blanche, Karine Jean-Pierre.
Mais la professeure Carvin craint que le gouvernement canadien n'ait pas été assez clair dans sa position — ou sur les risques d'une telle implication volontaire.
Joshua Robertson, de Barriere, en Colombie-Britannique, dont le grand-père ukrainien est arrivé au Canada dans les années 1930, a déclaré que son lien avec ce pays est «si profond» qu'il ne peut être expliqué. «Je dois aller aider.»
Le Canadien de 31 ans, qui dit n'avoir aucune expérience militaire, espère se rendre en Ukraine d'ici la mi-mars. Il admet qu'il a plutôt peur, mais qu'il se doit de le faire. «Nous sommes prêts à nous battre. Nous donnerons notre vie.»