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Des chercheurs tenteront de mieux comprendre l’effet de la stimulation cérébrale sur les facultés cognitives et le rôle que joue un neurotransmetteur, l’acétylcholine, dont on sait déjà qu'il est crucial au fonctionnement cérébral.
La popularité des programmes d'entraînement cérébral explose en même temps que le vieillissement de la population, mais les études scientifiques concernant leur efficacité réelle demeurent rares.
Le docteur Étienne de Villers-Sidani, du Neuro, essaiera d'y voir un peu plus clair dans le cadre d'une étude qui a jusqu'à présent recruté environ la moitié de la centaine de participants souhaités.
Ses collègues et lui tenteront de mieux comprendre l’effet de la stimulation cérébrale sur les facultés cognitives et le rôle que joue un neurotransmetteur, l’acétylcholine, dont on sait déjà qu'il est crucial au fonctionnement cérébral.
Le cerveau produit notamment de l’acétylcholine pour accomplir des tâches qui demandent une grande concentration. Le Neuro serait l’un des seuls centres au monde à disposer de l’équipement nécessaire ― la tomographie par émission de positrons (TEP) ― pour mesurer l’acétylcholine dans le cerveau.
Les chercheurs comptent donc évaluer les performances cognitives et les taux d’acétylcholine des participants qui suivent un entraînement cérébral pour les comparer à ceux d'un groupe contrôle.
Le but ultime de l'étude, a dit le docteur de Villers-Sidani, est de «fournir des preuves concrètes aux cliniciens, pour qu'ils puissent éclairer leurs patients, leur donner des suggestions qui sont basées sur des preuves scientifiques».
«C'est clair qu'on peut apprendre de nouvelles choses (même en vieillissant), mais la question est vraiment de savoir si on peut faire un entraînement qui va avoir un effet qu'on appelle de transfert, a-t-il expliqué. C'est-à-dire, est-ce que ça peut se transférer à d'autres tâches qui sont importantes pour notre quotidien, comme par exemple mieux fonctionner et avoir moins d'oublis, ou même potentiellement protéger contre une maladie comme la maladie d'Alzheimer?»
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Il y a plusieurs années, une étude appelée ACTIVE avait recruté environ 2800 participants âgés de 65 ans et plus. Ses responsables avaient proposé à leurs sujets un entraînement similaire à celui utilisé par les chercheurs du Neuro.
Conclusion: sans que les résultats soient «magiques», a dit le docteur de Villers-Sidani, dix semaines d'entraînement avaient été suffisantes pour qu'on mesure une différence entre les participants qui s'étaient entraînés et les autres ― des différences qui demeuraient mesurables cinq et même dix ans après la fin de l'étude.
L'étude ACTIVE n'avait toutefois pas élucidé les mécanismes responsables de cette amélioration, et c'est ce à quoi le docteur de Villers-Sidani et ses collègues s'attaquent maintenant.
Les participants à la nouvelle étude INHANCE effectueront, pendant dix semaines, trente minutes par jour d'entraînement cérébral sur une tablette électronique qui leur sera fournie. Le programme d'entraînement est constitué de jeux, comme par exemple l'identification d'un oiseau particulier parmi plusieurs oiseaux qui volent à l'écran.
Les sujets seront soumis à une première TEP au début de l'étude, puis à deux autres examens pour mesurer les changements subis par leur cerveau pendant le programme d'entraînement.
«On sait que le vieillissement normal entraîne une diminution de la production (de l’acétylcholine), et que cette diminution-là est grandement accélérée dans le contexte de la maladie, comme la maladie d'Alzheimer par exemple, ou dans d'autres types de démences également, a expliqué le docteur de Villers-Sidani.
«Et les médicaments qu'on utilise maintenant, (...) ce sont des médicaments qui augmentent la fonction de cette substance-là, ils 'boostent' ce système-là qui augmente la fonction du système cholinergique, donc on sait qu'il y a un effet de ce côté-là.»
L'idée de la nouvelle étude, poursuit-il, est de vérifier si un entraînement cognitif basé sur l'augmentation des capacités attentionnelles peut renverser le déficit qu'on constate dans ce neurotransmetteur et qui est lié au vieillissement cognitif, mais aussi au déficit cognitif que l'on voit dans des maladies comme l'alzheimer.
Si on détermine qu'un entraînement peut rehausser le système cholinergique un peu de la même façon que les médicaments peuvent le faire, dit-il, cela démontrerait qu'un certain déconditionnement du cerveau est aussi en jeu.
«C'est un petit peu naïf de penser que c'est la même stratégie qui va fonctionner pour toutes les personnes, donc il faut vraiment qu'on comprenne qu'est-ce qui fonctionne pour qui, quel genre d'effets ces entraînements-là ont, a-t-conclu. À la fin de l'étude, on veut pouvoir dire ce qui fonctionne, exactement.»
Les premiers résultats de l'étude, qui profite d'un rare financement pour une étude canadienne des National Institute on Aging des États-Unis, sont attendus dans environ dix-huit mois.