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«Je pense que la détection des microplastiques et des nanoplastiques est très utile.»
Lorsque Tianxi Yang, chercheuse en sécurité alimentaire, est devenue mère, elle s’est demandée quelle quantité de microplastique son fils ingérerait en buvant du lait vendu dans des contenants en plastique.
Selon elle, l’exposition aux microplastiques et les effets de ces minuscules particules sur la santé humaine sont sur le radar des chercheurs depuis au moins une décennie.
Mais les tests de détection des microplastiques nécessitent un équipement coûteux et encombrant. Mme Yang a donc décidé de créer un appareil portable qui pourrait être utilisé à domicile par des personnes non formées.
«Je pense que la détection des microplastiques et des nanoplastiques est très utile, car elle permet aux gens de se rendre compte de la quantité importante de ces substances à laquelle ils sont exposés, même s’ils ne le remarquent pas», a indiqué la professeure adjointe à la Faculté des systèmes terrestres et alimentaires de l’Université de Colombie-Britannique.
L’appareil est désormais une réalité, dévoilé mardi par Mme Yang et l’étudiant à la maîtrise Peter Yang à l’université de Vancouver.
Le dispositif utilise une boîte imprimée en 3D en matériau biodégradable, équipée d’un microscope numérique sans fil disponible dans le commerce, d’une lumière LED verte et d’un «filtre d’excitation» qui fait briller les microplastiques des échantillons liquides plus petits qu’une goutte.
Les images sont ensuite analysées par un algorithme pour calculer la quantité de microplastique dans un échantillon.
Lors de la démonstration, des images de microplastiques ont été envoyées du microscope de l’appareil aux téléphones des chercheurs.
«Nous avons été plus que surpris de constater qu’il y avait autant de microplastiques libérés, a indiqué Tianxi Yang. Mon objectif en tant que scientifique alimentaire serait d'utiliser mes connaissances et mes recherches pour protéger la santé publique, donc je pense que l’appareil que nous avons développé n’est qu’un point de départ.»
Mme Yang a ajouté qu’elle pensait que les microplastiques constituaient une «menace importante» pour la sécurité alimentaire, la santé et l’environnement, et qu’une détection abordable du matériau pourrait aider à réduire leur danger.
Des particules de microplastique peuvent être créées lorsque des objets tels que des gobelets ou des ustensiles en plastique se dégradent, libérant le matériau dans les aliments ou les boissons qui pourraient ensuite être ingérés ou absorbés par le corps.
Dans une étude publiée ce mois-ci dans la revue à comité de lecture ACS Sensors, le dispositif a été testé sur de l’eau distillée bouillie qui avait été placée dans des gobelets en polystyrène jetables pendant 30 minutes.
Les tests ont montré que les gobelets libéraient des centaines de millions de particules de polystyrène dans l’eau, chacune mesurant environ un centième de la largeur d’un cheveu humain ou moins.
Chaque test, selon les chercheurs, coûte environ 1,5 cent à produire.
L’étudiant Peter Yang a affimé qu’il y avait de nombreux problèmes de sécurité alimentaire dans sa Chine natale et qu’il voulait «protéger les gens de ces problèmes». Il a ajouté que la transition vers l’abandon du plastique «prend encore du temps».
«Le plastique est très pratique, léger et économique, c’est pourquoi la plupart des fabricants utilisent encore du plastique, a-t-il expliqué. Mais lorsque nous pensons à une situation plus respectueuse de l’environnement, nous devrions toujours remplacer ces plastiques par des produits biodégradables et respectueux de l’environnement».
Il a avancé que c’était «une très bonne stratégie» de passer des plastiques à usage unique à des matériaux biodégradables comme les pailles en papier ou des produits «à usage longue durée» comme le verre ou l’acier inoxydable.
L’appareil est actuellement calibré pour détecter le polystyrène, mais pourrait également mesurer différents types de plastiques, notamment le polyéthylène ou le polypropylène.
Selon un communiqué de l’université, les résultats sont faciles à comprendre «que ce soit par un technicien dans un laboratoire de transformation alimentaire ou simplement par une personne curieuse de sa tasse de café du matin, et les chercheurs espèrent commercialiser l’appareil pour analyser les particules de plastique dans des «applications du monde réel».