Début du contenu principal.
La doxycycline est aujourd'hui utilisée pour soigner des problèmes de santé comme l'acné. Mais il y a cinquante ans, elle était prescrite aux marins américains qui débarquaient dans un port en prévision des rencontres qu'ils y feraient.
La prise d'un antibiotique connu de longue date dans les heures qui suivent une relation sexuelle non protégée pourrait aider à freiner la propagation de certaines infections bactériennes transmissibles sexuellement (ITS), démontrent de nouvelles études.
La doxycycline est aujourd'hui utilisée pour soigner des problèmes de santé comme l'acné. Mais il y a cinquante ans, elle était prescrite aux marins américains qui débarquaient dans un port en prévision des rencontres qu'ils y feraient.
La pratique a été abandonnée au profit de la promotion du port du condom quand les ITS ont commencé à décliner et que le sida est apparu.
«Le problème avec l'idée de porter un condom, c'est que les gens ne le portent pas, a dit le docteur Jean-Pierre Routy, le directeur clinique du Service des maladies virales chroniques au CUSM. Donc, c'est comme accepter que certaines stratégies ne marchent pas, malgré des années d'information et d'éducation.»
À lire également:
De nouvelles recherches montrent maintenant qu'une seule dose de doxycycline prise dans les 72 heures qui suivent une relation sexuelle non protégée peut réduire le risque d'ITS jusqu'à 80 % dans certains cas.
La stratégie semble particulièrement efficace contre la chlamydia et la syphilis, et un peu moins contre la gonorrhée. Elle s'est révélée efficace parmi les femmes trans et parmi les hommes qui ont des relations sexuelles avec d'autres hommes, mais aucun bienfait n'a été constaté chez les femmes cisgenres.
Certaines ITS, comme la chlamydia, sont de plus en plus résistantes aux antibiotiques, mais la doxycycline ne semble pas pour le moment contribuer au problème. Le médicament ne semble pas non plus interférer avec la flore intestinale des patients.
On constate depuis quelques années une recrudescence des cas d'ITS, a dit le docteur Routy, particulièrement au sein d'un sous-groupe de la population qui désire vivre sa sexualité sans la contrainte du condom.
«Ce qui est difficile pour nous, le personnel soignant, c'est que malgré toute l'éducation et toute la formation, ils viennent tous les deux ou trois mois, puis voilà vite, nettoie ça et hop, on recommence», a-t-il déploré.
Malgré l'information sur le risque, sur la possibilité de résistance et sur la possibilité d'infecter d'autres personnes, poursuit-il, ce sous-groupe a une «revendication très émotive» de pouvoir vivre sa sexualité comme bon lui semble. «C'est comme ça que ça se passe aujourd'hui, qu'on le veuille ou non», a-t-il dit.
À VOIR | Pilule abortive : pendant que les États-Unis reculent, le Québec avance
La présentation de la doxycycline comme une sorte de «pilule du lendemain» après une relation sexuelle non protégée risque bien évidemment de banaliser encore davantage la perception qu'ont déjà certains de problèmes comme la syphilis, la gonorrhée ou la chlamydia.
L'épisode récent de la variole du singe nous rappelle toutefois que circulent aussi des virus transmissibles sexuellement contre lesquels les antibiotiques ne peuvent rien, a rappelé le docteur Routy. On ne peut pas écarter la possibilité de voir de nouveaux virus commencer à se transmettre et provoquer une nouvelle épidémie.
«Donc, toujours on recommande l'utilisation du condom, même s'il est très peu utilisé et que les gens en ont marre», a dit le docteur Routy.