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Les gouvernements et les analystes occidentaux voient le conflit plus large se transformer en une guerre d'usure, la Russie continuant de bombarder les villes.
Les responsables ukrainiens ont rejeté lundi avec défi une demande russe que leurs forces à Marioupol déposent les armes et agitent des drapeaux blancs, en échange d'un passage sûr hors de cette ville portuaire stratégique assiégée.
Alors même que la Russie intensifiait son bombardement de Marioupol pour obtenir sa reddition, son offensive dans d'autres parties de l'Ukraine piétinait. Les gouvernements et les analystes occidentaux voient le conflit plus large se transformer en une guerre d'usure, la Russie continuant de bombarder les villes.
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Dans la capitale de Kyiv, des bombardements russes ont dévasté un centre commercial près du centre-ville, tuant au moins huit personnes et laissant une mer de décombres au milieu de gratte-ciel cicatrisés. Les autorités ukrainiennes ont également affirmé que la Russie avait bombardé une usine chimique dans le nord-est du pays, provoquant une fuite d'ammoniac, et avait frappé une base d'entraînement militaire à l'ouest avec des missiles de croisière.
«Je suis allé ce matin parce que toutes les nuits à Kyiv, il y a un couvre-feu. On ne peut pas sortir. C’est un gros centre d’achat qui ressemble à ceux qu’on a au Québec. Il a été frappé à l’arrière, probablement par au moins un missile russe. Et ce centre commercial a été complètement dévasté y compris un immeuble en construction en arrière. Toute la surface environnante a été pulvérisée », explique Fabrice De Pierrebourg, envoyé spécial du 98.5 et de L'Actualité en Ukraine sur les ondes de Noovo Info.
Des pompiers ukrainiens éteignent la fumée après le bombardement d'un centre commercial, à Kiev, en Ukraine, le lundi 21 mars 2022. Huit personnes ont été tuées dans l'attaque. (AP Photo/ (AP Photo/Efrem Lukatsky)
«Quand on est allés ce matin, il y avait encore une explosion qui est survenue. Ce qu’on nous dit : il y a des explications contradictoires. Les Russes disent qu’il y avait un dépôt d’armes des Ukrainiens et c’est ça qu’ils ont frappé à l’arrière. Les Ukrainiens disent que c’était certains obus russes qui n’avaient pas complètement explosé», raconte le journaliste indépendant sur le terrain.
Au milieu des bombardements continus, le maire de Kyiv, Vitali Klitschko, a annoncé un couvre-feu s'étendant du lundi soir au mercredi matin.
La ville méridionale encerclée de Marioupol, sur la mer d'Azov, a connu certaines des pires horreurs de la guerre, alors qu'elle est pilonnée par la Russie depuis plus de trois semaines. Des frappes ont touché une école d'art abritant quelque 400 personnes quelques heures seulement avant l'offre de la Russie d'ouvrir deux couloirs hors de la ville en échange de la capitulation de ses défenseurs, selon des responsables ukrainiens.
Les responsables ukrainiens ont rejeté la proposition russe de sortir en toute sécurité de Marioupol avant même l'heure limite russe de 5 heures du matin, heure de Moscou (0200 GMT).
«Il ne peut être question d'aucune reddition, de déposer les armes, a déclaré la vice-première ministre ukrainienne Irina Vereshchuk au journal ukrainien Pravda. Nous avons déjà informé la partie russe à ce sujet.»
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Le maire de Marioupol, Piotr Andryushchenko, a également rapidement rejeté l'offre, affirmant dans un message sur Facebook qu'il n'avait pas besoin d'attendre la date limite pour répondre et maudissant les Russes, selon l'agence de presse Interfax Ukraine.
Le colonel général russe Mikhail Mizintsev avait proposé deux couloirs – l'un vers l'est vers la Russie et l'autre vers l'ouest vers d'autres parties de l'Ukraine. Il n'a pas dit ce que la Russie prévoyait faire si l'offre était rejetée.
Le ministère russe de la Défense a déclaré que les autorités de Marioupol pourraient faire face à un tribunal militaire si elles se rangeaient du côté de ce qu'il a qualifié de «bandits», a rapporté l'agence de presse russe RIA Novosti.
Sur cette photo satellite de Planet Labs PBC, plusieurs bâtiments civils brûlent au milieu des frappes russes sur le district de Livoberezhnyi à Marioupol, en Ukraine, le dimanche 20 mars 2022. (Planet Labs PBC via AP)
Les multiples tentatives d'évacuation des habitants de Marioupol et d'autres villes ukrainiennes n'ont que partiellement réussi, les bombardements se poursuivant alors que les civils tentaient de fuir. Les responsables de Marioupol ont déclaré qu'au moins 2300 personnes étaient mortes pendant le siège, dont certaines qui ont été enterrées dans des fosses communes.
Avant l'offre de reddition rejetée, une frappe aérienne russe a touché une école où quelque 400 civils se réfugiaient et le nombre de victimes n'était pas clair, a déclaré lundi le président ukrainien Volodymyr Zelensky dans une allocution vidéo.
«Ils sont sous les décombres, et nous ne savons pas combien d'entre eux ont survécu», a-t-il déclaré. Il a dit que l'Ukraine «abattrait le pilote qui a largué cette bombe».
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La frappe contre l'école d'art était la deuxième fois en moins d'une semaine que des responsables signalaient une attaque contre un bâtiment public où des habitants de Marioupol s'étaient réfugiés. Mercredi, une bombe a détruit un théâtre où plus de 1000 personnes auraient trouvé refuge. On rapporte aux dernières nouvelles environ 130 survivants.
Dans les deux cas, on avait clairement indiqué autour des édifices que des enfants se trouvaient à l'intérieur, afin de prévenir les forces russes de leur présence.
Les responsables de la ville et les groupes d'aide affirment que la nourriture, l'eau et l'électricité sont épuisées à Marioupol et que les combats ont empêché les convois humanitaires d'entrer. Les communications sont coupées.
Des réfugiés attendent que la police ukrainienne vérifie des papiers et des biens à Brovary, en Ukraine, dimanche 20 mars 2022, après que 1600 personnes dont 843 enfants, selon les autorités, ont été évacuées du village de Bobrik, qui serait sous contrôle militaire russe. (AP Photo/Vadim Ghirda)
La chute de Marioupol permettrait aux forces russes du sud et de l'est de l'Ukraine de s'unir. Mais les analystes militaires occidentaux disent que même si la ville est prise, les troupes qui combattent un coin de rue à la fois pour la contrôler pourraient être trop épuisées pour aider à sécuriser les percées russes sur d'autres fronts.
Plus de trois semaines après le début de l'invasion, les deux parties semblent maintenant essayer de s'épuiser mutuellement, selon les experts. Les forces russes embourbées lancent des missiles à longue portée sur les villes et les bases militaires, alors que les forces ukrainiennes effectuent des attaques-éclairs et cherchent à couper les lignes de ravitaillement russes.
Le secrétaire américain à la Défense, Lloyd Austin, a indiqué que la résistance ukrainienne signifie que «les forces sur le terrain du président russe Vladimir Poutine sont essentiellement au point mort».
Les pourparlers entre la Russie et l'Ukraine se sont poursuivis, mais n'ont pas réussi à combler le fossé entre les deux parties, la Russie exigeant le désarmement de l'Ukraine et l'Ukraine déclarant que les forces russes doivent se retirer de tout le pays.
Un militaire ukrainien se tient devant un bunker à la périphérie de Kiev, en Ukraine, le dimanche 20 mars 2022. (AP Photo/Vadim Ghirda)
Le président américain Joe Biden devait s'entretenir plus tard lundi avec les dirigeants français, allemand, italien et britannique pour discuter de la guerre, avant de se rendre plus tard dans la semaine à Bruxelles, puis en Pologne pour des entretiens en personne.
Dans les grandes villes ukrainiennes, des centaines d'hommes, de femmes et d'enfants ont été tués dans des attaques russes.
Le procureur général d'Ukraine a déclaré qu'un obus russe avait frappé une usine chimique à l'extérieur de la ville orientale de Soumy juste après 3 heures du matin lundi, provoquant dans un réservoir d'ammoniac de 50 tonnes une fuite qui a pris des heures à contenir.
Le porte-parole militaire russe Igor Konashenkov a affirmé que la fuite était une «provocation planifiée» par les forces ukrainiennes pour accuser à tort la Russie d'une attaque chimique.
M. Konashenkov a également déclaré qu'une frappe nocturne de missiles de croisière avait touché un centre d'entraînement militaire dans la région de Rivne, dans l'ouest de l'Ukraine. Il a affirmé que 80 soldats étrangers et ukrainiens avaient été tués, bien que le chiffre n'ait pas pu être confirmé de manière indépendante. Vitaliy Koval, le chef de l'administration militaire régionale de Rivne, a confirmé lundi matin une double frappe de missiles russes sur un centre d'entraînement, mais n'a donné aucun détail sur les blessures ou les décès.
Dans la ville portuaire d'Odessa, sur la mer Noire, les autorités ont déclaré que les forces russes avaient endommagé des maisons civiles lors d'une frappe lundi. Le conseil municipal a déclaré que personne n'avait été tué.
Les troupes russes bombardent Kyiv depuis maintenant près d'un mois et tentent d'encercler la capitale, qui comptait quelque trois millions d'habitants avant la guerre.
Un homme réagit debout près de sa maison en ruine après un bombardement russe à Kiev, en Ukraine, le lundi 21 mars 2022. Au moins huit personnes ont été tuées dans l'attaque. (AP Photo/ (AP Photo/Efrem Lukatsky)
Le ministère britannique de la Défense a déclaré lundi que la résistance ukrainienne avait maintenu le gros des forces russes à plus de 25 kilomètres du centre-ville, mais que Kyiv «reste le principal objectif militaire de la Russie».
Le ministère russe des Affaires étrangères a averti que les relations avec les États-Unis étaient «au bord de la rupture», citant des «déclarations inacceptables» du président américain Joe Biden à propos de Vladimir Poutine. M. Biden a qualifié la semaine dernière le dirigeant russe de criminel de guerre.
Dans un autre développement inquiétant, l'agence ukrainienne de réglementation nucléaire a déclaré que les moniteurs de rayonnement autour de l'ancienne centrale de Tchernobyl, le site de la pire catastrophe nucléaire au monde, en 1986, ont cessé de fonctionner.
L'agence a déclaré que ce problème, et le manque de pompiers pour protéger les forêts contaminées par les radiations de la région alors que le temps se réchauffe, pourraient signifier une «détérioration significative» de la capacité à contrôler la propagation des radiations en Ukraine et au-delà.
L'ONU a confirmé la mort de 902 civils pendant la guerre, mais admet que le bilan réel est probablement beaucoup plus élevé. Elle indique que près de 3,4 millions de personnes ont fui l'Ukraine. Les estimations des décès russes varient, mais même les chiffres conservateurs se situent dans les milliers.
Le bureau du procureur général ukrainien a déclaré qu'au moins 115 enfants avaient été tués et 148 blessés.
Certains Russes ont également fui leur pays au milieu d'une répression généralisée contre la dissidence. La Russie a arrêté des milliers de manifestants antiguerre, muselé les médias indépendants et coupé l'accès aux sites de médias sociaux comme Facebook et Twitter.